Le ministère des Armées va commander 500 missiles MHT auprès de MBDA pour les hélicoptères Tigre

Pour remplacer les missiles air-sol Hellfire de facture américaine, le missilier européen MBDA propose deux options : le Brimstone qui, équipé d’un guidage laser et d’un radar millimétrique, avait été initialement développé pour les forces britanniques, et le MHT [Missile Haut de Trame], une déclinaison de son Missile Moyenne Portée [MMP] susceptible d’atteindre une cible à 8 ou 10 km de distance.

Ce 13 novembre, dans le cadre de la modernisation des hélicoptères d’attaque et de reconnaissance Tigre mis en oeuvre par l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé qu’un contrat portant sur le développement et la livaison de 500 MHT serait notifié à MBDA d’ici la fin de cette année. Il est question d’un montant de 700 millions d’euros.

« Pour se maintenir au meilleur niveau opérationnel, le Tigre doit pouvoir être engagé dans les conditions les plus dures, frapper plus loin, et ce en toutes circonstances, que la cible soit visible ou non, immobile ou en mouvement. Un missile quasi-infaillible, c’est ce que nous voulons pour la rénovation du Tigre », a justifié la ministre, lors d’une allocution prononcée à l’usine MBDA de Bourges.

Il est vrai que le MHT ne manque pas d’atouts : pouvant être tiré de jour comme de nuit sur des cibles directes ou hors de la vue du tireur, il dispose d’un meilleur autodirecteur. Comme le MMP, l’homme est toujours dans la boucle, c’est à dire qu’il garde le contrôle du missile jusqu’à l’impact. Par ailleurs, la masse de ce système MHT est un élément déterminant puisqu’elle n’est que 200 kg pour le lanceur et quatre missiles.

« Une masse embarquée beaucoup moins importante qui permettra au Tigre de consommer moins de carburant et donc d’accomplir des missions plus longues. Alors que le ministère s’attache à porter une stratégie énergétique de défense, c’est un atout important et la preuve que consommer moins peut se traduire par un engagement opérationnel plus performant », a souligné la ministre.

En outre, le Tigre porté au standard Mk3 sera non seulement relié au Système d’information et de communication [SICS] du programme Scorpion [ce qui n’est pas surprenant] mais aussi la capacité à communiquer directement avec des drones grâce au système de gestion aéroporté MUM-T. En clair, cet appareil pourra ainsi disposer d’un « capteur déporté » lui permettant de reconnaître une zone inaccessible ou dangereuse sans avoir à s’exposer. Voire à « traiter » des cibles.

En effet, selon Mme Parly, le MHT est un missile « taillé pour le combat collaboratif » car il pourra être tiré sur une cible « par un autre système, par un drone par exemple. » Et d’insister : « C’est aujourd’hui indispensable de préparer nos hélicoptères à l’ère du combat connecté. »

« Nous avons bénéficié de tous les développements et les retours d’expérience du MMP pour faire naître le MHT. Il s’agit de penser sur le long terme, et de tirer avantage de la continuité capacitaire, technique et industrielle », a par ailleurs fait valoir la ministre. « Nous avons fait plus que choisir une capacité d’exception pour nos armées. Nous avons aussi fait le choix de notre souveraineté et de notre liberté d’action. Pour construire ce missile et pour l’utiliser, nous n’aurons besoin de personne. Avec le MHT, plus que jamais, nous faisons le choix de consolider et de développer les compétences de notre base industrielle et technologique de défense », a-t-elle insisté.

Ce contrat concernant le MHT va non seulement soutenir le plan de charge de MBDA mais aussi celui de ses sous-traintants, des plus importants, comme Thales [liaison de données du missile] ou Safran [autodirecteur] que les plus modestes. Au total, 600 emplois seront ainsi pérennisés, dont 350 emplois à temps plein dès l’année prochaine, puis 250 dès 2024 pour la phase de production. Et cela, sans compter sur d’éventuelles commandes à l’exportation, lesquelles seront d’autant plus facilitées que ce missile ne contient aucun composant soumis à la législation américaine [on di qu’il est « ITAR Free »]

Le MHT est « un missile qui pourra être proposé sur les hélicoptères, les drones et les véhicules terrestres. Vous avez une pépite entre les mains, une capacité qui, j’en suis certaine, fera rayonner la France en Europe et au-delà de ses frontières », a assuré Mme Parly en s’adressant aux salariés de MBDA.

D’après le calendrier avancé par la ministre, l’objectif est d’obtenir la qualification du MHT en 2026 et de commencer les livraisons des 500 exemplaires commandés à partir de 2028. Enfin, outre les hélicoptères Tigre, on peut envisager que ce nouveau missile armera également les drones MALE de l’armée de l’Air & de l’Espace.

Photo : Hélicoptère Tigre  © armée de Terre / Archive

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