Les États-Unis vont vendre 18 drones MALE MQ-9B aux Émirats arabes unis

Mis en place en 1987 par les pays membres du G7, le « Régime de contrôle de la technologie des missiles » [RCTM] impose aux États parties des règles juridiques non contraignantes visant à limiter l’exportation de de missiles et de « véhicules aériens non pilotés » [comprendre : sans équipage à bord] ayant la capacité de transporter une charge d’au moins 500 kg sur une distance minimale de 300 km. Plus tard, l’Arrangement de Wassenaar imposera d’autres règles pour améliorer le contrôle des exporations d’armes conventionnelles et de technologies duales [à usage civil et militaire, ndlr].

N’étant pas liée au RCTM, la Chine a donc eu le champ libre pour exporter ses drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] armés, aux dépens des constructeurs américains.

Ainsi, les Émirats arabes unis durent se contenter de Predator XP non armés du construteur General Atomics, avant de se tourner vers la China Aviation Industry Corporation [CAIC], qui leur proposait alors le Wing Loong II, un drone qui ressemble fortement au MQ-9 Reaper américain.

Certains de ces appareils vendus par la Chine se retrouvèrent par la suite en Libye, justifiant ainsi les réticences qui avaient été avancées par l’admnistration Obama sur la vente potentielle de Reaper aux Émirats.

Cela étant, nettement moins chers que leurs homologues américains, les drones MALE chinois ont profité de la prudence de Washington, avec des ventes ayant progressé, selon des chiffres publiés en 2019 par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [Sipri], de 1.430% entre 2014 et 2018. Ce que fait la Chine est le premier pays exportateur de ce type d’aéronefs, avec des clients au Moyen-Orient [Émirats, Arabie Saoudite, Irak, Jordanie, etc], en Afrique [Algérie, Nigéria] et en Asie.

Cette situation a donc conduit l’administration Trump à interpréter différemment les règles du RCTM relatives l’exportation des drones, jusqu’alors essentiellement réservée aux pays membres de l’Otan. Ainsi, les demandes d’achat de drones ne font plus désormais l’objet d’une « forte présomption de refus » mais d’un examen au cas par cas.

Depuis que cette approche est entrée en vigueur, en 2018, l’administration américaine a autorisé, le 3 novembre dernier, la vente à Taïwan de quatre drones MQ-9B SeaGuardian non armés [mais pouvant potentiellement l’être ultérieurement].

Et, sur fond de contestation du résultat de l’élection présidentielle, laquelle a tourné à l’avantage de Joe Biden, le rival de Donald Trump, un autre feu vert a été donné à la vente de 18 drones MQ-9B SeaGuardian [ou SkyGuardian] armés aux Émirats arabes unis, pour un montant estimé à 2,97 milliards de dollars. Outre les appareils, cette somme englobe également la livraison de 515 missiles AGM-114R Hellfire et de kits pour la guerre anti-sous-marine comprenant des bouées AN/SSQ-36B [thermométriques], AN/ SSQ-53G [passives] et AN-SSQ-62F [actives].

Pour rappel, dernier né de la gamme MQ-9 produite par General Atomics, le MQ-9B SeaGuardian est équipé d’un radar à ouverture synthétique Lynx ou d’un radar de surveillance maritme SeaVue conçu par Raytheon, d’une boule optronique Wescam MX-20 et d’une nacelle Sage 750 qui permet d’identifier et de suivre les émissions radars provenant de sites terrestres et de navires.

Cette décision a été publiée en même temps qu’un avis favorable de la Defense Security Cooperation Agency [DSCA] à la vente à Abu Dhabi de 50 avions de combat F-35A pour une facture estimée à 10,4 milliards de dollars. La voie à un tel contrat a été ouverte après que les Émirats arabes unis et Israël ont normalisé leurs relations.

S’agissant de la vente des MQ-9B SeaGuardian, la DSCA admet qu’elle « modifiera l’équilibre militaire dans la région du golfe Persique » mais qu’elle soutiendra aussi « la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en contribuant à améliorer la sécurité d’un partenaire régional important. »

Les mêmes arguments ont été avancés par la DSCA pour justifier la vente de 50 F-35A aux Émirats. Mais elle a également insisté sur le fait qu’elle permettra d’améliorer « l’interopérabilité avec les forces améicaines. »

Étant donné que les ֤États-Unis ont pris l’engagement de maintenir la « supériorité militaire qualitative » d’Israël, il reste à voir les compensations qu’obtiendra ce dernier. Ce qui a récemment donné lieu à quelques hypothèses invraisemblables, comme la vente de F-22 Raptor, alors que la production de cet avion a été arrêtée et que l’US Air Force veille jalousement sur les exemplaires qui lui restent.

Photo : MQ-9B SeaGuardian © General Atomics

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