La France affiche « ostensiblemement » sa présence en Méditerranée orientale avec trois frégates

Si elles ont été mises en sourdine pendant un temps, après le tremblement de terre en mer Égée qui, le 30 octobre, a endeuillé la province turque d’Izmir, les tensions entre Athènes et Ankara n’ont pas pour autant disparu, le navire de recherche sismique turc Oruç Reis ayant poursuivi ses activités dans une zone maritime revendiquée par la Grèce.

Déjà, durant l’été, la présence de ce bateau turc, sous escorte militaire, entre la Crète et Chypre avait donné lieu à une crise diplomatique entre les deux pays. Pendant que la France apportait son soutien à la Grèce, l’Allemagne, alors à tête de l’Union européenne [UE], tenta une médiation. Même chose du côté de l’Otan, pour qui il importait de mettre en place un méncanisme de « désesacalade » afin d’éviter une erreur de calcul entre deux de ses membres.

Le retrait de l’Oruç Reis, à la mi-septembre, permit de faire baisser la tension… Mais cette accalmie fut donc de courte durée, malgré la menace de sanctions émise par l’Union européenne à l’égard de la Turquie.

Le 8 novembre, dans un entretien publié par le quotidien Die Welt, le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a d’ailleurs critiqué l’attitude de Berlin dans cette affaire. « Malheureusement, l’approche douce de l’Allemagne envers la Turquie a échoué. […] Les Allemands ont essayé d’apaiser les Turcs mais cela n’a pas marché. Ceci est clairement démontré par le retour de l’Oruç Reis », a-t-il dit. Et d’ajouter : « C’est pourquoi nous avons proposé au Conseil européen de faire comprendre à la Turquie que ses violations du droit international auront des conséquences. »

Par ailleurs, le chef de la diplomatie grecque est allé encore plus loin en demandant à Berlin de dénoncer le contrat qui, signé par ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS], prévoit la livraison à la marine turque de six sous-marins de Type 214T construits sous licence par un chantier naval turc. Si ces navires sont livrés, alors « la Turquie aura à nouveau un avantage sur la Grèce », a-t-il fait valoir.

« La Grèce est menacée par les armes allemandes aux mains de la Turquie », a insisté M. Dendias. « Ne donnez pas à la Turquie ce qui lui permettrait de déstabiliser toute la Méditerranée orientale », a-t-il insisté.

En attendant, et alors que les relations entre Paris et Ankara sont au plus bas, surtout après les dernières déclarations du président turc, Recep Tayyip Erdogan, les forces françaises continuent d’afficher leur présence « ostensiblement » en Méditerranée orientale. Et la Marine nationale y met les moyens, avec le déploiement de trois frégates [sur les 15 dont elle dispose parmi celles dites de « premier rang »] et d’un avion de patrouille maritime Atlantique 2, basé à La Sude, en Crète. L’armée de l’Air & de l’Espace [aAE] n’est pas en reste, avec l’envoi ponctuel d’un avion radar E3F AWACS.

« Depuis 6 novembre 2020, plusieurs bâtiments de la Marine nationale se sont rejoints en Méditerranée orientale [MEDOR] pour constituer un Surface action group [SAG] », avec la mission « d’améliorer l’appréciation autonome de situation, de manifester de façon ostensible la présence de la France dans la zone, son attachement au respect de la liberté de navigation et sa capacité à intervenir de manière effective en cas de violation du droit international », explique l’État-major des armées [EMA].

Dans le détail, cette flottille est constituée par la frégate légère furtive [FLF] La Fayette, la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville, qui vient d’être désengagée de l’opération européenne Irini, et de la frégate de défense aérienne [FDA] Forbin.

« Ce détachement, navigant de conserve sous le commandement du Forbin, permet dans un premier temps d’établir la situation tactique aéromaritime sur ce théâtre vaste et revêtant une importance stratégique certaine », souligne l’EMA.

Quant à l’Atlantique 2 et à l’E3F AWACS, ils ont permis d’étendre la portée des capteurs et de consolider ainsi la « caractérisation des activités dans la zone. » Leur action est complémentaire des hélicoptères embarqués à bord du « La Fayette » [Panther de la 36F] et du Forbin [NH-90 de la 31F]. »

Photo : © Marine nationale / EMA

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