La Marine nationale a envoyé un avion de patrouille maritime Atlantique 2 en Crète

Jusqu’à présent, la Marine nationale n’avait engagé qu’un avion de surveillance maritime Falcon 50 dans l’opération navale européenne Irini, laquelle vise à surveiller l’embargo sur les armes décrété par les Nations unies à l’égard de la Libye.

Pour rappel, équipé notamment d’un radar Ocean Master 100 et d’une tourelle FLIR Chlio, cet appareil de la Flotille 24F avait été sollicité pour la première fois en juillet dernier, depuis la base aéronavale de Hyères [Var], pour assurer une mission de 8 heures ayant consisté à observer et à rendre compte auprès de l’état-major d’Irini de tous les mouvements de navires au large des côtes libyennes.

Mais depuis le 1er novembre, la Marine nationale a un autre type d’appareil à la disposition d’Irini. En effet, le dernier compte-rendu des opérations publié par l’État-major des armées indique qu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2 a été déployé sur la base navale de la Sude, en Crète, pour « environ » deux semaines. « De ce fait, il effectuera des vols de patrouille maritime en soutien direct de l’opération », explique-t-il.

Ce n’est pas la première fois qu’un Atlantique 2 opère depuis la Crète. Cela fut en effet le cas en 2011, au moment de l’opération Harmattan, conduite en Libye. À l’époque, l’avion de patrouille maritime y avait rejoint les Mirage 2000 de l’armée de l’Air, lesquels avaient été envoyés à La Sude afin de réduire le temps de vol pour rejoindre le territoire libyen. Cette co-localisation devait alors permettre de rendre « plus fluide » le travail en commun, « notamment en termes de préparation de mission ».

Pour les missions effectuées au titre de l’opération Irini, la Crète est idéalement située pour surveiller les mouvements maritimes en direction de la Libye étant donné qu’elle se trouve quasiment à équidistance de la Turquie et de la Cyrénaïque [est libyen] et presque en face du Canal de Suez.

Par ailleurs, la présence de cet Atlantique 2 à la Suda peut également donner à l’état-major des renseignements sur la région de la Méditerranée orientale, où la Turquie a une nouvelle fois prolongé la mission de son navire de recherche sismique Oruç Reis dans un secteur coincé entre Crète et Chypre. La frégate légère furtive [FLF] La Fayette y est d’ailleurs en mission depuis trois mois.

« On n’a jamais autant surveillé les Turcs. On les a croisés tellement de fois qu’on sait quels navires les protègent. Mais on n’intervient pas, ce n’est pas notre rôle », a ainsi confié un officier marinier du navire français à l’occasion d’un reportage réalisé à son bord par l’AFP. « On vient apporter un coup d’éclairage sur une zone où il faut plus que jamais avoir les faits exacts pour pouvoir juger, éviter la méprise, et ne pas dépendre des rumeurs, des réseaux sociaux, ou même des informations de nos alliés », a confirmé son « pacha », le capitaine de vaisseau Sébastien Martinot.

Pour cette disposition la frégate « La Fayette » peut compter sur son hélicoptère Panther, dont les capteurs permettent de collecter toute information utile afin de les partager avec la coalition anti-jihadiste Inherent Resolve ou bien… l’opération Irini.

À noter que la frégate « Jean Bart » était également en mission dans cette région. Après avoir mené des opérations conjointes avec la FLF « La Fayette », intégré un groupe amphibie britannique constitué du HMS Albion et du RFA Lyme Bay au large de Chypre et pris part à un exercice avec la marine égyptienne, elle a désormais mis le cap vers l’océan Indien, où elle doit relever la FREMM Languedoc au sein de l’opération Agenor.

Quoi qu’il en soit, la mission Irini dispose actuellement de la frégate française « Latouche Tréville » [mais qui est privée d’hélicoptère Lynx] ainsi que des frégates HS Adrias [Grèce], ITS Cigala Fulgosi [Italie] et FGS Hamburg [Allemagne]. S’agissant des moyens aériens, elle s’appuie sur un EMB-145 grec, un drone Predator italien, un Merlin III fourni par le Luxembourg et un An-28B1R Bryza polonais. Pour le moment, l’Atlantique 2 envoyé en Crète n’est pas mentionné dans son ordre de bataille.

Doté d’une grande autonomie, l’Atlantique 2 est équipé d’une suite de capteurs, dont un radar Iguane pouvant repérer, sur 360° et même dans les mers agitées, des embarcations aux dimensions réduites, des caméras thermiques Tango, une boule optronique MX20D et un détecteur d’anomalies magnétiques.

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