Les porte-avions Charles de Gaulle et HMS Queen Elizabeth engagés ensemble en 2021?

Dans le cadre des accords de Lancaster House relatifs à leur coopération en matière de défense, la France et le Royaume-Uni affichèrent l’ambition de se donner la « capacité à déployer une force aéronavale d’attaque intégrée franco-britannique composée d’éléments des deux pays », ceci afin de permettre à la Marine nationale et à la Royal Navy de « travailler dans la plus étroite coordination pendant les trente prochaines années ».

Cette ambition s’inscrivait alors dans la lignée de celle qui avait été définie quelques années plus tôt, quand Paris et Londres envisageait de construire trois porte-avions en commun, dont un au bénéfice de la Marine nationale et deux pour les besoins de la Royal Navy. Mais ce projet fit long feu… Et la Cour des comptes affirmera, en 2014, que la France y dépensa plus de 200 millions d’euros en pure perte [.pdf], sauf pour les Britanniques.

Quoi qu’il en soit, dans l’élan des accords de Lancaster House, les Britanniques firent part de leur intention de modifier la configuration de leurs deux futurs porte-avions, à savoir les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, en leur installant des catapultes [CATOBAR] en lieu et place d’un tremplin [STOBAR]. Ce qui aurait ainsi permis d’accroître l’interopérabilité non seulement avec la Marine nationale mais aussi avec l’US Navy. Et cela nécessitait d’acquérir des avions F-35C [version navale de l’appareil développé par Lockheed-Martin, ndlr] et non plus des F-35B [version à décollage court et à atterrissage vertical].

Mais, une fois encore, un tel projet était difficilement soutenable pour les finances publiques britanniques, le coût pour modifier la configuration des deux futurs porte-avions étant trop élevé. Ce qui fit que, par ricochet, les intentions affichées en 2010/2011 durent être revues à la baisse. Et, désormais, la coopération franco-britannique en la matière se situe au niveau de la composition de leurs groupes aéronavals respectifs, un navire de la Royal Navy pouvant intégrer l’escorte du porte-avions français et vice-versa.

Maintenant que le HMS Queen Elizabeth est sur le point de voir sa capacité opérationnelle initiale [IOC] être prononcée, grâce, au passage, à l’apport de F-35B de l’US Marine Corps [USMC], de nouvelles perspectives vont bientôt s’ouvrir. C’est, en tout cas, ce que laissent entendre la déclaration publiée le 2 novembre par Florence Parly, la ministre française des Armées, et Ben Wallace, son homologue britannique, à l’occasion du dixième anniversaire des accords de Lancaster House.

« Nos marines nationales collaborent étroitement, au niveau bilatéral et au sein de l’Otan, afin d’assurer la sécurité maritime en Atlantique Nord et dans le Grand Nord. Dès que cela était possible, nous avons également coordonné et mutuellement soutenu nos déploiements maritimes dans le Golfe et en Indopacifique », ont d’abord rappelé les deux ministre. « Nous nous efforçons de développer encore davantage cette coopération », ont-ils souligné.

« Il y a dix ans, nous fixions également l’objectif de disposer, au début des années 2020, de la capacité de déployer un groupe aéronaval franco-britannique s’appuyant sur des moyens français et britanniques. Depuis, les navires et forces britanniques ont apporté un soutien régulier aux déploiements du ‘Charles de Gaulle’, tandis que la Marine Nationale a soutenu le travail mené par la Royal Navy pour maintenir à niveau les compétences et l’expérience opérationnelle des porte-avions britanniques », ont pousuivi Mme Parly et M. Wallace.

Et, à ce titre, ont-ils annoncé, « nous nous réjouissons que, l’année prochaine et pour la première fois, le Queen Elizabeth puisse coopérer avec le ‘Charles de Gaulle’, et restons déterminés à atteindre dans ce domaine un niveau inédit de soutien et d’engagement mutuel
dans les années à venir. »

Les détails de cette future « coopération » n’ont pas été précisés dans cette déclaration commune. Pour le moment, il est question d’un déploiement du HMS Queen Elizabeth et de son escorte dans la région indo-Pacifique, et plus précisément en extrême-orient. Quant au porte-avions « Charles de Gaulle », le profil de sa future mission n’a pas encore été dévoilé officiellement. Mais il est probable qu’il retourne dans la Pacifique, après s’être concentré, cette année, sur la Méditerranée et l’Atlantique-Nord.

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