L’administration américaine est décidée à autoriser la vente d’avions F-35A aux Émirats arabes unis

Si, pendant longtemps, ils ont fait miroiter à la France la perspective d’une commande de 60 avions Rafale [en échange d’une reprise de leurs Mirage 2000-9], les Émirats arabes unis avaient surtout l’idée en tête de se procurer des F-35. Cette inclinaison vers l’appareil de 5e génération du constructeur américain Lockheed-Martin, fut confirmé en novembre 2017 par un responsable du Pentagone.

« Avec le F-35, nous regardons nos pays partenaires et nous examinons leurs besoins. Ici, dans le Golfe [arabo persique], beaucoup partagent les mêmes adversaires et les mêmes défis. Donc des discussions sont en cours au sein de l’administration sur les nations partenaires qui peuvent en avoir besoin », avait en effet déclaré le général Stephen Wilson, alors numéro deux de l’US Air Force. Et de préciser que, justement, les Émirats arabes unis avaient entamé un tel processus.

Seulement, un tel achat n’était alors pas possible. Du moins, pas tant que les Émirats n’auraient pas officiellement normalisé leurs relations avec Israël, les États-Unis ayant pris l’engagement de ne jamais remettre en cause la supériorité militaire israélienne dans le région, dans le cadre du « Qualitative Military Edge » [QME].

Cela étant, en août, sous l’égide de Washington, Israël et les Émirats ont annoncé qu’ils établiraient des relations diplomatiques, ce qui n’était pas vraiment une suprise étant donné les liens officieux qu’ils entretenaient jusqu’alors pour faire front commun face à l’Iran.

Cependant, selon la presse israélienne, les autorités émiraties auraient été convaincues de signer un tel accord par la promesse du président Trump de leur vendre des F-35 ainsi que des drones. Malgré les démentis opposés par les autorités de l’État hébreu, certains responsables ne rejetèrent pas une telle perspective.

« Tout F-35 qui finira par se retrouver aux Émirats arabes unis – même si nous n’en serons pas particulièrement heureux cas nous voulons toujours être les seuls à disposer de telles armes dans la région – menacera l’Iran bien plus que nous pouvons le faire », fit ainsi valoir Yuval Steinitz, le ministre israélien de l’Énergie.

Quoi qu’il en soit, pour Israël, l’important était alors d’avoir la garantie du maintien de son avantage militaire qualitatif. Ce qu’il a obtenu, le 22 octobre dernier, à l’issue d’une rencontre avec Mark Esper, le chef du Pentagone, et Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense.

En effet, les deux responsables ont profité de l’occasion pour signer un accord confirmant « l’engagement stratégique des États-Unis envers la supériorité militaire qualitative de l’Etat hébreu pendant les années à venir ». Sans plus de détails. « Il était important pour moi de réaffirmer une fois de plus la relation spéciale entre nos deux pays. […] Nous sommes déterminés à maintenir la supériorité militaire qualitative d’Israël lors des ventes d’armement et réaffirmer notre engagement envers la sécurité d’Israël, qui dure depuis longtemps, qui est garantie et qui est inébranlable », a commenté M. Esper.

« Puisque les États-Unis améliorent la capacité militaire d’Israël et maintiennent l’avantage militaire qualitatif d’Israël, Israël ne s’opposera pas à la vente de ces systèmes aux Émirats arabes unis », ont ensuite assuré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et M. Gantz, dans un communiqué conjoint cité par l’agence Reuters.

Reste à voir ce qu’Israël a obtenu des États-Unis. En septembre, le magazine Forbes avait publié une liste d’équipements que souhaitaient alors se procurer les forces israéliennes auprs de l’industrie américaine. D’un montant total de 8 milliards de dollars, cette liste comprenait notamment un escadron de F-35 supplémentaires [des F-35B?], des F-15EX, des V-22 Osprey, le remplacement de leurs hélicoptères d’attaque AH-64 et des munitions diverses et variées.

La voie étant désormais libre, l’administration Trump n’entend pas perdre de temps, à quelques jours de l’élection présidentielle. En effet, alors que l’avis n’a pas encore été publié par la Defense Security Cooperation Agency, l’agence chargée des exportations d’armes américaines, Eliot Engel, élu démocrate de la Chambre des représentants, a fait savoir que le Congrès venait d’avoir été informé d’une vente potentielle d’avions F-35 aux Émirats arabes unis.

L’acquisition par les Émirats de « cette technologie modifiera de façon significative l’équilibre des forces dans le Golfe et affectera l’avantage militaire d’Israël », s’est inquiété M. Engel, qui n’a sans doute pas suivi le dossier… « Se précipiter pour vendre [ces avions] n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il estimé, soulignant le risque de voir d’autres pays de la région vouloir se doter à leur tour de F-35. « Le prix de la normalisation avec Israël sera-t-il une prolifération d’armement avancé? Est-ce bien raisonnable? », a-t-il demandé.

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