Une étude est en cours pour déterminer si le futur porte-avions français devra accueillir des F-35B

Dans son rapport pour avis sur les crédits de la Marine nationale pour 2021, le député [LREM] Didier Le Gac a choisi d’aborder le sujet du porte-avions de nouvelle génération [PA-NG], comme le firent, cet été, les sénateurs Olivier Cigolotti et Gilbert Roger.

Pour rappel, les conclusions des études commandées en octobre 2018 par Florence Parly, la ministre des Armées, sont désormais entre les mains du président Macron. Ce dernier devait préciser les choix retenus pour ce futur navire à l’occasion du 14-Juillet. Mais le remaniement gouvernemental et les annonces relatives au plan de relance de l’économie ont retardé cette communication.

« Pour ce qui concerne le porte-avions de nouvelle génération, en 2021, nous avons prévu d’engager 261 millions d’euros pour poursuivre les études. Des décisions devaient être prises à l’été. Elles ne l’ont pas encore été. Elles le seront d’ici la fin de cette année. Donc, nous aurons la capacité d’engager les crédits comme prévu, je pense, sans difficulté », a d’ailleurs indiqué Mme Parly, lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale.

Cela étant, même si les choix définitifs n’ont pas encore été confirmés et/ou rendus publics, quelques éléments paraissent d’ores et déjà acquis. Ce porte-avions de nouvelle génération devrait ainsi être plus imposant [de l’ordre de 70.000 tonnes pour 300 mètres de long [contre 42.000 tonnes et 261 mètres de long pour l’actuel « Charles de Gaulle »], en raison notamment de la masse importante qu’aura le New Generation Fighter [NGF], pierre angulaire du Système de combat aérien du futur [SCAF].

En outre, ce PA-NG devrait être doté de catapultes électromagnétiques [EMALS], voire des même brins d’arrêt de nouvelle génération [Advanced Arrested Gear] que le porte-avions américain de la classe Ford. C’est, en tout cas, ce qu’estime Didier Le Gac, au nom de l’interopérabilité avec la marine américaine.

« Sur le PA-NG, l’interopérabilité avec l’US Navy reposera notamment sur l’installation de catapultes électromagnétiques et de brins d’arrêt identiques à ceux qui équipent l’USS Ford », avance-t-il dans son avis budgétaire.

« Le porte-avions doit également être pensé de manière à permettre l’interopérabilité avec nos alliés – notamment les États-Unis – comme c’est le cas avec le ‘Charles de Gaulle’. Dans ce sens, le système de catapultes électromagnétiques [EMALS] apparaît comme la solution technologique la plus adaptée, préférable à la catapulte à vapeur dont la technologie est vouée à disparaître d’ici la mise à l’eau du prochain porte-avions », insiste, plus loin, le député.

Seulement, l’industrie française n’a pas le savoir-faire requis pour doter le PA-NG de catapultes électromagnétiques [fournies par General Atomics, outre-Atlantique]. Or, explique M. Le Gac, « si une filière souveraine serait certes préférable, elle ne peut être envisagée » car « le développement d’une filière française de catapultes électromagnétiques est presque impossible pour deux raisons : le manque de compétences adéquates et la rentabilité économique difficile à atteindre. » Aussi, conclut-il sur ce point, la « France n’a donc d’autre choix que de poursuivre dans la voie de la coopération avec ses alliés. »

Mais l’US Navy n’est pas la seule force navale avec laquelle des coopérations peuvent être envisagées, d’après le rapporteur.

« Pré-requis stratégique, l’interopérabilité représente une pièce maîtresse dans le dialogue militaire, dès le temps de paix. Ainsi, par la place que le porte-avions occupe dans nos contacts avec les forces armées américaines, il constitue un véritable facteur de rééquilibrage dans la relation trilatérale avec les États-Unis et le Royaume-Uni, face au lien spécial qui unit ces derniers », écrit-il.

Cela étant, les coopérations évoquées par le député peuvent être surtout européennes, notamment au niveau de la composition du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions.

« Le GAN détient un très fort potentiel d’opportunité de coopération, notamment au sein de l’escorte du porte-avions. […] Du fait du niveau d’excellence requis pour s’intégrer aux opérations extrêmement complexes que peut mener le GAN, la participation à l’escorte du porte-avions est très recherchée par les marines alliées, notamment les marines européennes. Ces expériences opérationnelles exigeantes et ces opportunités peu fréquentes d’engagement haut du spectre […] tissent des liens très étroits avec nos alliés et les tirent vers un niveau d’excellence précieux pour penser les opérations en coalition de demain », rappelle M. Le Gac.

Par ailleurs, trois autres pays en Europe disposent actuellement de capacités aéronavales : le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Évidemment, en raison de leurs choix technologiques, leurs appareils sont dits STOVL, c’est à dire à décollage court et à atterrissage vertical, comme le sont les F-35B de la Royal Navy et de la Marina Militaire ainsi que les AV-8B Harrier II de la marine espagnole, dont ignore encore les plans pour les remplacer.

Or, d’après M. Le Gac, il est serait question d’aller encore plus loin dans le domaine de l’interopérabilité et de la coopération européenne en permettant à ces pays d’embarquer des avions de combat à bord de ce futur PA-NG.

« Concernant la Royal Navy et les marines équipées de chasseurs F35B à décollage sur piste courte et appontage vertical, des études sont en cours pour analyser les implications d’un spot d’appontages dédié », indique en effet le député.

Si une telle étude est validée, alors cela voudrait dire que le PA-NG devra avoir un pont renforcé pour supporter la chaleur dégagée par la propulsion du F-35B, qui repose sur le turboréacteur F-135 associé au système de sustentation Rolls Royce LiftSystem. Qui plus est, il faudrait aussi prévoir un espace dédié pour assurer la maintenance de ces appareils dans le cas où l’idée serait de pouvoir les mettre en oeuvre depuis le futur porte-avions de la Marine nationale.

Cela étant, et au-delà du programme de porte-avions franco-britannique, une coopération renforcée entre la France et le Royaume-Uni dans le domaine aéronaval avait déjà été envisagée au début des année 2010, notamment au moment des accords de Lancaster House.

En effet, à cette époque, les Britanniques s’interrogeaient sur l’achat éventuel de F-35C [la version « navale » de l’avion de Lockheed-Martin, ndlr] en lieu et place des F-35B pour équiper leurs deux futurs porte-avions, dont il était question de modifier la configuration STOBAR. Finalement, l’état d’avancement de ces derniers fit que ce projet ne put se concrétiser.

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