Les surcoûts de l’opération Barkhane ont déjà atteint 911 millions d’euros en 2020

En 2019, les surcoûts liés aux opérations extérieures [OPEX] et aux missions intérieures [MISSINT] ont atteint 1,4 milliard d’euros, alors que 950 millions avaient été prévus pour les financer. Si la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoit le recours à solidarité interministérielle pour financer la différence, la solution retenue a consisté à redéployer des crédits qui n’avaient pas été consommés par le ministère de la Défense, notamment ceux du Titre 2 [ressources humaines, ndlr].

Pour cette année, l’enveloppe des surcoûts OPEX et MISSINT a été portée à 1,1 milliard d’euros, un montant auquel il faut ajouter 100 millions pour la masse salariale des missions intérieures. Ce qui fait, au total, 1,2 milliards d’euros de « ressources pré-identifiées. »

Cela étant, avec notamment les renforts envoyés au Sahel [Barkhane], la poursuite de l’engagement au Levant [Chammal], la mission Lynx et la protection de l’espace aérien des pays baltes dans le cadre de l’Otan, l’intervention à Beyrouth [opération Amitié], la mission de surveillance près du détroit d’Ormuz [Agenor], la participation – ponctuelle – à l’opération navale européenne Irini, la présence au sein de la FINUL [Daman] et le lancement de la mission Résilience, il est à craindre que cette somme soit encore insuffisante, ce qui poserait à nouveau – et pour la énième fois – le débat de la prise en charge de ces surcoûts à l’occasion du traditionnel projet de loi de finances rectificative [PLFR] . D’où les questions posées par les parlementaires sur la fin de gestion pour l’exercice en cours à Florence Parly, la ministre des Armées.

« Je ne suis pas en mesure de vous indiquer aujourd’hui le montant définitif des opérations extérieures et des opérations Sentinelle et Résilience, car l’année 2020 n’est pas encore terminée », a répondu la ministre, lors de son audition par le Sénat, le 14 octobre. « Nous devons tenir compte à la fois de facteurs majorants – la hausse des effectifs dédiés à l’opération Barkhane, par exemple – et minorants – la moindre utilisation de munitions dans le cadre de l’opération Chammal, les avions basés en Jordanie effectuant désormais essentiellement des opérations de reconnaissance et de surveillance. La somme de ces effets nous donnera le montant définitif des surcoûts OPEX », a-t-elle expliqué.

Le seul chiffre que Mme Parly a pu donner est celui des surcoûts de l’opération Amitié, lesquels se sont élevés à 8 millions d’euros. Une somme qui couvre la mission du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et le déploiement de 750 militaires dans le cadre d’une mission de secours et de reconstruction lancée après l’explosion ayant ravagé une partie de Beyrouth, le 4 août dernier.

Cela étant, lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], a donné quelques éléments, en particulier sur les surcoûts induits par l’opération Barkhane, dont les moyens humains et matériels ont été renforcés en janvier, après le sommet ayant réuni les pays du G5 Sahel à Pau.

Ainsi, au moment de son audition, soit le 15 octobre, les surcoûts générés par l’opération Barkhane ont déjà atteint 911 millions d’euros, « du fait du surge de 600 hommes », a indiqué le CEMA. « Je pense nous avons augmenté de 10% le surcoût de Barkhane, avec en particulier une hausse importante qui a porté sur l’Entretien programmé des matériels [EPM], à hauteur d’une trentaine de millions d’euros », a-t-il précisé.

En clair, les surcoûts de l’opération Barkhane représentent, sur les dix premiers mois de l’année,  76% des crédits initialement alloués aux opérations extérieures et aux missions intérieures… Ce qu’il ne resterait que 289 millions [281 millions avec l’opération Amitié] pour financer les autres OPEX et MISSINT.

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