Airbus dévoile un projet d’avion d’entraînement pour la formation des pilotes de combat

En février dernier, la force aérienne espagnole [Ejército del aire] a fait savoir qu’elle venait de commander 24 avions d’entraînement Pilatus PC-21 afin de remplacer partiellement ses Casa C-101 Aviojet actuellement utilisés pour l’instruction de ses pilotes.

Pour autant, et contrairement à son homologue française, l’Ejército del aire n’entend pas utiliser le seul PC-21 pour former ses aspirants pilotes, ces derniers devant terminer leur cursus par une phase de transition opérationnelle effectuée avec des F-5M Tiger. Seulement, ces avions sont désormais anciens. Et la question de leur remplacement se pose.

D’où le projet AFJT [Airbus Future Jet Trainer] qu’a présenté Airbus Defence & Space à la presse espagnole, le 16 octobre. Ce programme est « bien plus qu’un avion et va au-delà du simple remplacement des F-5 », a commenté Fernando Peces, responsable du programme Eurofighter en Espagne. Cet avion sera « conçu par et pour l’Espagne » et il permettra « au pays de maintenir sa position d’acteur de premier plan dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense », a-t-il fait valoir.

Selon les estimations d’Airbus, les besoins seraient de l’ordre de 50 à 55 appareils. En effet, outre le remplacement des F-5M, cet AFJT pourrait assurer des missions qui relèvent d’une partie des C-101 Aviojet ainsi que la transformation des jeunes pilotes sur F-18 Hornet et Eurofighter EF-2000. En outre, cet avion pourrait tenir le rôle d' »agresseur », comme le font les Alphajet de l’escadron 3/8 Côte d’Or en France.

Mais l’industriel voit des perspectives intéressantes à l’exportation, même si la concurrence est rude, avec le T-7 Red Hawk [Boeing et Saab], le M-346de Leonardo, le T-50 Golden Eagle du sud-coréen KAI, voire le F/A-259 Striker du tchèque Aero Vodochody.

Cet AFJT a quelques ressemblances avec l’EADS Mako HEAT [High Energy Advanced Trainer], un projet d’avion d’entraînement avancé, qui, lancé durant les années 1990 avec Aermacchi [Leonardo], Saab et Dassault Aviation en tant que sous-traitants, n’a jamais vu le jour.

Monomoteur et de conception « modulaire », l’AFJT serait un appareil supersonique [c’est à dire que sa vitesse dépasserait les 380 m/s], pouvait se décliner en avion léger d’attaque.

Détail susceptible d’intéresser l’armée de l’Air & de l’Espace à l’avenir : cet AFJT serait susceptible de contribuer à la transformation et à l’entraînement des pilotes sur le SCAF [Système de combat aérien du futur], programme initialement franco-allemand que l’Espagne a rejoint.

« Le programme AFJT serait un moteur important de l’économie et un générateur d’emplois hautement qualifiés et de qualité, qui plus stables et de grande valeur à fort impact. Les connaissances générées dans l’ingénierie et la conception serviraient également de générateur de nouvelles opportunités pour l’avenir de l’industrie nationale », a par ailleurs souligné Fernando Peces.

Et pour cause : Airbus estime que pour 100 millions d’euros investis dans le programme, entre 2.100 et 2.500 emplois pourraient être crées en Espagne, générant 36 millions d’euros en impôts et cotisations sociales. Et cela, sans prendre en compte les possibles exportations.

D’ailleurs, plusieurs entreprises espagnoles ont d’ores et déjà été identifiées pour prendre part à ce projet, dont GMV [logiciels et systèmes de vol], Heroux Devtek Espagne, Indra [systèmes embarqués et simulateurs], ITP Aero [moteur] et Tecnobit [systèmes de communication et interface homme-machine]. D’autres sont suceptibles de rejoindre cette liste.

Pour le moment, seule l’Espagne a exprimé un intérêt pour ce programme, conçu en relation avec le ministère espagnol de la Défense. Mais la France et l’Allemagne font partie des « partenaires potentiels », justement en raison du programme SCAF. « La participation des trois pays signifierait une division des coûts de développement, en plus d’un éventuel accès à un financement de l’Union européenne » via le Fonds européen de défense [FEDef] et de la coopération structurée permanente [PESCO], explique le site spécialisé espagnol FlyNews.

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