La Turquie défie l’Otan et les États-Unis en tirant des missiles du système russe de défense aérienne S-400

Comme l’on pouvait s’y attendre, après les mouvements observés ces derniers jours dans la région de Sinop, sur les bords de la mer Noire, et la publication d’un avis y interdisant tous les vols à proximité, les forces turques ont utilisé le système russe de défense aérienne S-400 « Triumph » en tirant des missiles contre des drones cibles de type Banshee, ce 16 octobre.

Des images montrant le départ d’un de ces missiles intercpeteurs ont été diffusées via les réseaux sociaux. La chaîne de télévision Haber 7, proche du gouverment, a confirmé l’information, de même que d’autres médias turcs et Reuters. Citant une source militaire, l’agence de presse russe Tass a évoqué le tir de trois missiles. « Tous ont réussi à atteindre les cibles désignées », a-t-elle indiqué.

Cela étant, la Turquie avait déjà commencé à éprouver le système S-400 en testant ses radars avec des F-16 appartenant à ses forces aériennes, en novembre 2019.

« C’est inquiétant. Nous restons confiants et parlons encore aux Turcs pour essayer de trouver une voie de sortie. Je ne veux pas m’avancer sur ce que le président peut faire ou pas. Mais nous avons clairement exprimé au gouvernement turc notre volonté de les voir s’éloigner de la mise en opération complète » des S-400, avait alors réagi Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine.

Pour Washington, l’utilisation d’un tel système de facture russe est incompatible avec la mise en oeuvre d’avions F-35. Ce qui valut à la Turquie d’être exclue de ce programme conduit par Lockheed-Martin, alors qu’elle avait commandé 100 exemplaires de cet appareil et que les premiers venaient de lui être livrés aux États-Unis.

Au début du mois, lors d’une visite à Ankara, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a une nouvelle fois rappelé aux responsables turcs, qu’il a pourtant caressé dans le sens du poil, que le système S-400 ne pouvait pas être intégré au système de défense aérienne et antimissile de l’Alliance. Mais rien n’y a fait. Tout comme la menace de sanctions lancée par Washington en cas d’activation des systèmes russes. D’ailleurs, la réaction du département d’État n’a pas traîné.

« Les États-Unis ont exprimé au gouvernement turc que le fait d’acquérir des systèmes militaires russes tels que le S-400 était inacceptable. […] S’il est confirmé, alors nous condamnerons dans les termes les plus forts le lancement d’un missile d’essai S-400, qui est incompatible avec les responsabilités de la Turquie en tant qu’allié de l’Otan et partenaire stratégique des États-Unis », a réagi Morgan Ortagus, la porte-parole du département d’État. Et de mettre en garde Ankara contre des « conséquences potentielles graves » pour ses relations en matière de sécurité avec Washington.

Pour rappel, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déjà menacé les États-Unis de leur interdire l’accès à la base aérienne d’Incirlik [où est situé un dépôt de bombes nucléaires tactiques B61 mises à la disposition de l’Otan] et de fermer la base de Kurecik, qui abrite un radar clé pour le boucler antimissile de l’Alliance.

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