La Suède annonce une hausse de ses dépenses militaires de 40% lors des cinq prochaines années

Alors chef d’état-major des forces armées suédoises, le général Sverker Göranson lança un pavé dans la mare en affirment, en décembre 2012, que la Suède, pays neutre membre de l’Union européenne, ne résisterait pas plus d’une semaine en cas « d’attaque limitée ». Les responsables politiques s’empressèrent de démentir une telle affirmation, alors que l’effort de défense du pays avait été fortement réduit depuis plus d’une quinzaine d’années.

Seulement, la simulation du bombardement de deux bases suédoises par l’aviation russe lors du congé pascal de 2013, puis l’annexion de la Crimée, l’année suivante, associée à une intensification des activités militaires de la Russie dans la région de la Baltique provoquèrent une prise de conscience. Dès lors, le gouvernement suédois s’attacha à restaurer des capacités militaires qu’il avait précédemment démantelées, allant jusqu’à reprendre en main l’industrie de défense, en particulier le secteur de la construction navale.

Le concept de « défense totale » fut dépoussiéré et remis au goût du jour, tout comme le service militaire, qui avait été supprimée en 2010. L’île de Götland, surnommé le « porte-avions de la Baltique », qui avait été démilitarisée en 2005, retrouva son régiment treize ans plus tard. D’ailleurs, c’était la première fois depuis 70 ans qu’une telle unité était réactivée… Et outre les investissements capacitaires, notamment en matière de défense aérienne, dont elles bénéficièrent alors, les forces armées suédoises renouèrent avec les manoeuvres de grande ampleur.

Évidemment, cette remontée en puissance n’aurait pas été possible sans une augmentation des dépenses militaires suédoises. Et ces dernières vont encore augmenter très significativement. En effet, et comme il l’avait déjà évoqué en juin dernier, le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist a annoncé que le budget militaire du pays augmenterait de 40% au cours de la période 2021-2025. « C’est en pourcentage la plus forte hausse des dépenses militaires depuis les années 1950 », a-t-il souligné.

Alors que, en France, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées, doute qu’il soit possible d’opérer une remontée en puissance « brutale », cet effort substantiel permettra de porter l’effectif des forces suédoises à 90.000 militaires [contre 60.000 actuellement] et de former une nouvelle brigade mécanisée, avec des moyens d’artillerie modernisés. Cinq régiment vont donc être réactivés, de même que la base aérienne d’Uppsala, qui avait été fermée en 2003. Des investissements sont également prévus pour renforcer les capacités en matière de cyberdéfense et de renseignement.

« Nous sommes dans une situation où la partie russe est prête à utiliser des moyens militaires pour atteindre des objectifs politiques », a justifié M. Hultqvist devant la presse. « Sur cette base, nous devons faire face à une nouvelle situation de sécurité géopolitique », a-t-il ajouté, estimant que l’éventualité d’une attaque visant la Suède « ne saurait être écartée ».

Cela étant, si cet effort vise avant à tout répondre à une éventuelle menace russe, la Suède n’est pas absente du combat contre le terrorisme. En effet, les forces spéciales suédoises seront engagées au sein de la Task Force Takuba, créée à l’initiative de la France pour accompagner les forces armées locales au combat contre les groupes armés terroristes.

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