Selon le général Rodriguez, la Gendarmerie a des « éléments intéressants » sur les mutilations d’équidés

C’est un phénomène bien mystérieux qui a pris de l’ampleur depuis le déconfinement, et notamment au cours de l’été dernier : les cas d’équidés, mais aussi de bovins, mutilés, parfois mortellement, se sont en effet multipliés partout en France, ce qui met les éleveurs sous pression. Et le mystère s’est encore épaissi en septembre, quand des survols de haras et de fermes par des drones de qualité professionnelle ont été signalés.

Ces faits se produisant en milieu rural, la Gendarmerie nationale est donc en première ligne pour résoudre ces affaires. Plusieurs hypothèses ont été avancées : rituels sectaires, mimétisme, bande organisée échangeant sur les réseaux sociaux, « défi » scabreux lancé via Internet, vengeances dans le milieu équestre, etc.

« Tout le monde voudrait que ça soit une secte satanique organisée, avec des ramifications sur l’Internet clandestin, mais, pour le moment, nous n’avons pas d’éléments probants qui aillent dans ce sens. En regard de l’addition des faits, on s’éloigne de cette hypothèse. Les cas s’empilent mais on ne voit pas forcément de liens », a récemment confié un source proche du dossier à l’hebdomadaire Marianne.

Quoi qu’il en soit, la Gendarmerie a pris cette affaire à bras-le-corps. « Toutes les brigades ont été sensibilisées et nous sommes en lien permanent avec les propriétaires de chevaux et les haras, beaucoup ayant aussi engagé des sociétés privées de sécurité. Nous sommes de plus en plus présents sur le terrain spécifiquement pour cette problématique », témoignait le capitaine Christophe Jacques, le commmandant de la compagnie de Chantilly, dans les colonnes du Parisien, le 27 septembre.

En Bretagne, où plusieurs cas ont été recencés, la gendarmerie a lancé l’opération « War Horse », qui vise à « surveiller, rassurer, surprendre »… mais aussi à dissuader. En Haute-Vienne, les gendarmes mènent des opérations « coup de poing » en déployant ponctuellement des dizaines de patrouilles dans les secteurs choisis en fonction du nombre de chevaux dans les pâturages.

Cela étant, début septembre, le Parisien a produit une note du Service central du renseignement territorial [SCRT] sur ce phénomène. Ainsi, le document évoquait des « traces d’empoisonnement ante mortem […] constatées sur des chevaux découverts morts et mutilés les 23 et 24 août dans le Jura, les Deux-Sèvres et les Yvelines » et estimait que « le mode opératoire augure d’une connaissance particulière des équidés, de l’utilisation d’une arme blanche de taille importante, avec des individus d’une force physique certaine. » Et de s’inquiéter sur des cas « plus sordides » les uns que les autres.

Pour le moment, les interpellations sont rares… Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 7 octobre, le Directeur général de la Gendarmerie natioanle, le général Christian Rodriguez, a donné quelques informations – sans livrer trop de détails – au sujet de cette affaire, qui mobilise même la Garde républicaine. Ou du moins les vétérinaires de son régiment de cavalerie, ces derniers étant sollicités, au même titre que les militaires des brigades territoriales, des brigades de recherche, des PSIG, de l’Institut de recherche criminelle, du Service central de renseignement criminel, de la gendarmerie des transports aériens ou encore de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique.

« Sur les équidés, un gros travail, vraiment de fond, avec un volet technique assez important, est mené avec beaucoup de monde », a ainsi souligné le général Rodriguez.

Le travail des vétérinaires civils et ceux de la Garde répblicaine associé a permis de déterminer que, sur les 400 cas de mutilitions rapportés, 67 sont le faits d’une intervention humaine. Et 88 font actuellement l’objet d’une « levée de doute ». Les autres sont liés à l’animal lui-même [le général Rodriguez a cité l’exemble d’une « jument en chaleur » qui est allée se frotter contre des barbelés »] ou causés par d’autres animaux.

« On a interpellé du monde », a ensuite confié le général Rodriguez. Et, a-t-il glissé, on « est sur un monde de détraqués. On a interpellé trois zoophiles qui ont porté atteinte aux animaux. »

« D’autres pays ont été confrontés [à ce phénomène], il n’y a pas eu beaucoup d’interpellations. Je ne vais pas rentrer dans le détail mais on a des éléments intéressants qui nous permettent d’avancer mais il faut le faire avec beaucoup d’attention. » Et le général Rodriguez d’insister : « En tout cas, on engage beaucoup de monde sur ces sujets là parce que c’est une préoccupation forte dans nos territoires. »

Photo : © Gendarmerie nationale

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