L’Ukraine envisage d’acquérir et de produire 48 drones tactiques turcs Bayraktar TB2
En mars 2019, l’armée ukranienne mettait en service leurs premiers drones tactiques Bayraktar TB2, précédemment commandés à 12 exemplaires auprès de la Turquie. « Aujourd’hui, nous avons une arme complètement nouvelle : des drones d’attaque », s’était félicité, à l’époque, le désormais ex-président Petro Porochenko.
Depuis, pouvant emporter deux missiles antichar UMTAS développés par Roketsan ou des « micro-munitions » MAM-C et MAM-L, le Bayraktar TB2 a été intensivement utilisé par les forces turques, non sans efficacité, comme dans le nord de la Syrie et… en Libye, où il est considéré que cet appareil a modifié le rapport de force entre les milices loyales au gouvernement d’union nationale [GNA], soutenu par Ankara, et l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar.
Sans doute que cela a donné des idées à l’état-major ukrainien pour le conflit du Donbass, où ses troupes font faces à des séparatistes pro-russes. En effet, dans un entretien donné le 5 octobre au site d’informations lb.ua, le directeur général de la société publique d’exportation et d’importation de produits militaires et spéciaux « UkrSpetsEksport », Vadim Nozdrya, a déclaré que l’Ukraine va commander un nouveau lot de drones Bayraktar TB2, lesquels seraient a priori produits sous licence par son industrie.
« Nous sommes intéressés par le développement de la production de drones Bayraktar TB2, car selon la Vision des forces armées du ministère de la Défense de l’Ukraine, il est prévu d’acheter 6 à 12 systèmes dans un proche avenir. Chaque système comprend quatre drones et une station de contrôle », a affirmé M. Nozdrya.
« Il s’agira d’une production conjointe, d’un assemblage à grande échelle sur le territoire ukrainien », ce qui « fera baisser le coût de chaque système de 35%, y compris en tenant compte des composants importés, que la Turquie elle-même achète », a continué le responsable ukrainien.
En outre, a-t-il continué, les Bayraktar TB2 ukrainiens pourraient « légèrement » du modèle turc. Ce qui ouvrirait la voie à de possibles exportations. Selon M. Nozdrya, la Turquie ne s’y opposerait pas, à la condition de ne pas marcher sur ses plate-bandes. « Il y a déjà un accord avec la partie turque selon lequel nous n’en vendrons pas à des pays qui en sont déjà dotés », a-t-il dit.
Le fabricant du Bayraktar TB2, Baykar Makina, serait ainsi prêt à « investir » en Ukraine. « Ils [les dirigeants] sont intéressés par des développements communs, y compris avec la participation de spécialistes ukrainiens. Ce n’est un secret pour personne que l’Ukraine fournit des composants pour divers produits turcs », a expliqué le directeur d’UkrSpetsEksport.
Les propos de ce dernier ont été diffusé alors que le Canada venait d’annoncer sa décision de suspendre ses ventes de matériels militaires à la Turquie, en lien avec le conflit au Haut-Karabakh. Et cela en raison de l’intégration de caméras MX-15, commercialisées par par le groupe canadien L3Harris Wescam, à bord des Bayraktar TB2 utilisés au profit des forces azerbaïdjanaises.
