Mme Parly donne des nouvelles sur les futurs patrouilleurs océaniques ainsi que sur le prochain porte-avions

Le programme BATSIMAR [Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime] aurait dû être lancé dès la fin des années 2000 afin de remplacer à la fois les patrouilleurs P400 et les avisos [ou patrouilleurs de haute-mer, PHM] de la classe d’Estiennes d’Orves. Mais les contraintes budgétaires en retardèrent l’exécution, ce qui, aujourd’hui, fait craindre des ruptures temporaires de capacité [RTC].

Cela étant, il a finalement été decidé de scinder en deux le programme BATSIMAR. Ainsi, les P400, affectés outre-Mer, ont depuis été partiellement remplacés par trois Patrouilleurs Antilles-Guyane [PAG], entrés en service entre 2017 et 2020. Ces navires seront complétés par six « Patrouilleurs outre-mer » [POM], commandés en décembre 2019 auprès du constructeur naval Socarenam. Leur livraison commencera à partir de la fin 2022, au rythme de deux unités par an. Ce qui fera que le renouvellement de cette composante sera terminé d’ici la fin de l’actuelle Loi de programmation militaire [LPM].

Quant aux patrouilleurs de haute-mer, la situation est plus délicate, ces navires, qui affichent 40 années de service au compteur, n’étant plus « flambants », comme l’a souligné la ministre des Armées, Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 6 octobre. En réalité, comme ces navires donnent « d’inquiétants signes de vieillissement, ce qui laisse entrevoir une réduction temporaire de capacité plus grave que prévu », avait prévenu, l’an passé, un rapport parlementaire.

Au total, dix unités doivent être commandées, ce qui permettra de remplacer également les trois patrouilleurs de service public [PSP] du type Flamant [ou classe OPV 54] affectés à Cherbourg, Brest et Toulon. Le programme a officiellement été lancé en juin dernier.

Jusqu’à présent, peu de détails ont été donnés au sujet de ces futurs patrouilleurs océaniques [PO], si ce n’est que leurs capacités devront au moins égales à celles des navires qu’ils remplaceront.

Lors de son audition, Mme Parly en a dit un peu plus. En premier lieu, elle a précisé que des « mesures d’accélération » ont été prises afin que les deux premiers nouveaux patrouilleurs puissent être livrés « avant 2025 ». S’agissant de ces navires, « nous avons fait des choix structurants puisque [leurs] capacités opérationnelles seront beaucoup plus conséquentes que celles dont nous disposons actuellement »; a-t-elle ajouté.

Ainsi, ces dix navires seront « dans la gamme des 2.000 tonnes », ce qui les classerait plus dans la catégorie des corvettes que dans celle des patrouilleurs. Pour rappel, les actuels PHM, qui n’ont pas la capacité d’accueillir un hélicoptère à leur bord, affichent un déplacement de 1.100 tonnes.

Ces futurs patrouilleurs océaniques seront ainsi en mesure, a souligné Mme Parly, de mettre en oeuvre un hélicoptère. Et donc des drones aériens embarqués, comme le futur SDAM [Système de drone aérien de la Marine], en cours de développement sur la base d’un VSR700 par Airbus Helicopters et Naval Group.

La ministre a également rappelé qu’ils seront dotés de sonars, comme, du reste, les PHM. En revanche, du côté des systèmes d’armes,, elle n’a pas donné beaucoup de précision… si ce n’est que ces navires seront chacun dotés d’un « armement de 40 mm ».

Cette hypothèse, avancée par le site Mer&Marine, n’avait pas encore été rendue officielle. Le système pourrait donc être le RapidFire 40 CTA [Cased Telescoped Ammunition], fruit d’une coopération entre Thales et Nexter.

« Le système 40 antiaérien RapidFire, conçu en partenariat entre Nexter et Thales, remplit des missions de défense à courte portée. Grâce à sa précision et l’efficacité du canon et des munitions de 40mm de CTAI [joint-venture entre Nexter et BAE], le système T40AA Rapidfire est capable d’intercepter des hélicoptères, des drones ou des embarcations légères jusqu’à une distance de 4.000 mètres. Ces performances sont obtenues grâce à un viseur doté de caméras jour/nuit électro-optiques et à une fonction de suivi de cible en mouvement », explique Nexter.

Pour le reste des spécifications techniques de ces futurs patrouilleurs océaniques, il faudra encore attendre un peu pour les connnaître.

Par ailleurs, lors de son audition, Mme Parly a donné des nouvelles du porte-avions de nouvelle génération, qui joue au bateau fantôme depuis l’été. En effet, lors du 14-Juillet, le président Macron devait donné des détails sur les choix technologiques le concernant. Puis, remaniement oblige, cela ne s’est pas fait. On espérait en apprendre davantage à la faveur de l’annonce du plan gouvernemental de relance de l’économie… Mais, une fois encore, il n’en a pas été question.

« Pour ce qui concerne le porte-avions de nouvelle génération, en 2021, nous avons prévu d’engager 261 millions d’euros pour poursuivre les études. Des décisions devaient être prise à l’été. Elles ne l’ont pas encore été. Elles le seront d’ici la fin de cette année. Donc, nous aurons la capacité d’engager les crédits comme prévu, je pense, sans difficulté », a affirmé Mme Parly.

Pour rappel, des études visant à préparer le lancement du programme relatif à ce futur porte-avions ont été conduites durant 18 mois, pour un montant de 36 millions d’euros. Elles ont notamment porté sur les besoins opérationnels et capacitaires ainsi que sur les caractéristiques techniques de ce navire de nouvelle génération, en tenant compte des menaces émergents et, détail intéressant, d’une « éventuelle permanence du groupe aéronaval ». Selon le Sénat, le dossier était « entre les mains du président de la République » en juin dernier.

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