L’imagerie satellitaire confirme que des F-16 turcs sont basés en Azerbaïdjan, à 80 km du Haut-Karabakh

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 7 octobre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a évoqué une « implication militaire turque » au Haut-Karabakh, théâtre d’une offensive lancée dix jours plus tôt par les forces azerbaïdjanaises. Implication qui, a-t-il dit, « risque d’alimenter l’internationalisation du conflit ».

Jusqu’alors, Paris avait surtout dénoncé l’envoi en Azerbaidjan de « combattants jihadistes » recrutés en Syrie par la Turquie. Cela étant, l’Arménie, concernée par ce conflit étant donné que la population du Haut-Karabakh est essentiellement arménienne, accuse les forces turques d’être impliquée directement dans les combats. Ce que la déclaration de M. Le Drian tend à accréditer.

Le 29 septembre, le ministère arménien de la Défense a ainsi affirmé que l’un de ses avions d’attaque au sol de type Su-25 « Frogfoot » avait été abattu par un F-16 turc. Puis, sa porte-parole a diffusé, plus tard, via les réseaux sociaux, une carte censée montrer les mouvements aériens de l’aviation militaire turque en Azerbaïdjan. Cependant, rien, jusqu’à présent, ne pouvait confirmer de telles allégations.

Seulement, sur des photographies prises le 3 octobre, et fournies par la société Planet Labs, on peut voir deux F-16 , ainsi qu’un avion de transport dont la silhouette rappelle celle d’un CASA CN-235 sur un tarmac de la base azerbaïdjanaise de Ganja, située à environ 80 km du Haut-Karabakh.

L’Azerbaïdjan ne disposant pas d’appareils de ce type, tout porte à croire qu’ils sont turcs. Et il est probable que ces avions soient restés à Ganja après l’exercice « TurAz Qartali-2020 », conjointement organisé en juillet par les forces turques et azerbaïdjanaises, après de sérieux incidents entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Ces manoeuvres ont pris fin le 10 août.

Si la présence de F-16 turcs est avérée, rien ne permet toutefois d’affirmer qu’ils ont pris part aux combats opposant l’armée azerbaïdjanaise à celle du Haut-Karabakh. En outre, si un satellite d’observation civil a permis de constater ce déploiement à Ganja, alors d’autres puissances, aux moyens encore plus élaborés, ne peuvent qu’en être informées.

Par ailleurs, l’utilisation dans le conflit de drones tactiques Bayraktar TB2, de facture turque, par les forces azerbaïdjanaises, a de quoi également interroger. Ce n’est qu’à la fin juin de cette année que le ministère azerbaïdjanais de la Défense a fait part de l’intention de Bakou de s’en procurer des « dizaines » d’exemplaires.

Ce qui veut dire qu’il aurait fallu trois mois pour les construire et former les opérateurs azerbaïdjanais à s’en servir… avec l’efficacité redoutable que l’on sait. Ce qui semble être un délai extrêmement court. D’où la question sur leur origine [sachant que l’armée turque en compte 75 exemplaires] et l’identité de ceux qui les mettent en oeuvre.

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