L’Azerbaïdjan utiliserait de vieux biplans « sans pilotes » pour appâter la défense aérienne du Haut-Karabakh

Le 1er octobre, un avion AN-2 « Colt » des forces azerbaïdjanaises a été abattu par une batterie de défense aérienne installée dans le Haut-Karabakh. Or, selon les autorités du territoire séparatiste et de l’Arménie, le corps du pilote n’a pas été retrouvé à proximité de l’épave de l’appareil, un biplan produit à plus de 18.000 exemplaires, à partir de 1948, par le constructeur Antonov. D’où l’hypothèse que l’aéronef n’avait tout simplement pas d’équipage à son bord, d’autant plus que ce cas ne serait pas isolé.

Par ailleurs, et d’après l’imagerie satellitaire, les forces azerbaïdjanaises ont concentré une soixantaine d’avions AN-2 à l’aéroport d’Evlakh, non loin de la zone des combats. Et, dans le même temps, Bakou a assuré avoir détruit, au 4 octobre, pas moins de 33 batteries de défense aérienne au Haut-Karabakh, dont un système S-300 mis en oeuvre par les forces arméniennes dans le secteur de Chuchakend.

L’Antonov AN-2 étant un avion rudimentaire et désormais ancien, qui plus est conçu pour des missions de liaison et d’observation, son apparition dans les combats du Haut-Karabakh paraît anachronique. D’où une seconde hypothèse, suite logique de la première : ces appareils seraient utilisés pour appâter la défense aérienne adverse, laquelle, en cherchant à les abattre, dévoile ses positions.

Ainsi, il ne reste ensuite plus qu’aux drones [ou à l’artillerie] azerbaïdjanais de viser les endroits d’où sont partis les tirs des forces du Haut-Karabakh ayant visé « l’appât ». Une autre mission possible de ces AN-2 serait de servir de bombes volantes. Mais cela ne serait pas forcément le plus pertinent à faire…

Quoi qu’il en soit, l’hypothèse selon laquelle ces AN-2 seraient des leurres a été avancée par le site russe Topcor.ru [la Russie soutient l’Arménie, ndlr]. Selon ce dernier, les biplans décolleraient avec un pilote à bord. Puis, arrivé dans la zone des opérations, il sauterait en parachute après calé les commandes avec des… ceintures. D’autres sources, comme Defence Blog, affirment que les avions sont « dronisés » grâce à l’installation d’un « kit qui ne prend que peu de temps à installer ».

Cela étant, si utiliser de vieux avions consommant 200 litres de pétrole par heure [sans parler des 10 à 12 litres d’huile…] pour appâter la défense aérienne adverse a l’air d’être efficace et économique [nul besoin de capacités de guerre électronique et de moyens SEAD, pour Suppression of Enemy Air Defences, nldr], le mode opératoire décrit par Topcor.ru paraît bien rudimentaire, alors que l’on sait diriger des avions à distance depuis la Première Guerre Mondiale [on parlait, à l’époque, d’avion « télémécanique », avec le bombardier Voisin LBP n°1712].

Par ailleurs, la Chine a développé le Feihong-98, décrit comme étant le plus imposant drone de transport au monde. Or, il a été conçu sur la base d’un Shifei Y5B, qui n’est autre que la copie chinoise de l’Antonov An-2 et dont la production fut lancée en 1957. D’où une autre hypothèse : Bakou, qui entretient de très bonnes relations avec Pékin, aurait pu s’en procurer quelques exemplaires…

Photo : TimVickers – Historic Aircraft Restoration Museum

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