Haut-Karabakh : La Russie appelle au retrait immédiat des mercenaires venus de Syrie et de Libye

Même si la Turquie s’en défend, les preuves d’une implication auprès des forces azerbaïdjanaises de mercenaires recrutés par ses soins en Syrie parmi les groupes qui lui sont acquis s’accumulent. Et plusieurs médias, dont l’Express en France et The Guardian au Royaume-Uni, ont produits des témoignages ne laissant guère de place au doute.

Ainsi, le quotidien britannique a rapporté, le 30 septembre, qu’il avait été proposé des salaires de 10.000 livres turques par mois [1.100 euros environ] à des membres de groupes armés syriens implantés dans la région d’Idleb pour tenir des postes d’observation et surveiller des installations pétrolières et gazières en Azerbaïdjan. Mais, visiblement, certains vont au-delà de ces tâches puisque plusieurs d’entre-eux ont perdu la vie dans les combats qui opposent, depuis le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises à celles du Haut-Karabakh, ces dernières étant soutenues par l’Arménie.

En effet, The Guardian a publié le témoignage d’un certain Omar Abdo, lequel a affirmé que son cousin, Mohammed Shaalan, originaire de la localité d’al-Atarib, venait d’être tué en Azerbaïdjan, où il était arrivé le 20 septembre. « Nous ne connaissons pas les circonstances de sa mort et on nous a dit qu’il était difficile de ramener son cadavre pour le moment, mais ils essaieront », a-t-il dit. Deux autres cas ont été documentés par le journal, dont ceux de Sadam Aziz Azkor et de Hussein Talha.

D’après l’Express, depuis la mi-septembre, plus d’un milliers de combattants recrutés en Syrie par la Turquie auraient été acheminés en Azerbaïdjan. Ce qui suggère que Bakou préparait une opérations militaire en direction du Haut Karabakh depuis un certain temps. Et cela remet en cause son affirmation selon laquelle ses forces armées auraient réagi à une attaque lancés par des troupes soutenues par l’Arménie.

Cela étant, l’ampleur de ce déploiement reste à préciser. Si l’Express a évoqué l’envoi d’un millier de combattants syriens, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH] parle de 320 mercenaires, recrutés principalement parmi les Tukmènes. « Ils se sont rendus en Azerbaïdjan sous prétexte de ‘défendre la cause nationale’ tandis que les factions arabes soutenues par la Turquie ont refusé d’envoyer des combattants », affirme l’organisation.

La Russie, qui dispose d’une base militaire en Arménie, doit surveiller de près les mouvements d’avions affrétés par des société privées de sécurité turques pour acheminer ces mercenaires en Azerbaïdjan. D’où l’appel lancé par le ministère russe des Affaires étrangères, le 30 septembre.

« Selon des informations reçues, des combattants de groupes armés illégaux sont déplacés vers la zone de conflit du Haut-Karabakh depuis la Syrie et la Libye pour prendre directement part aux hostilités », a d’abord affirmé la diplomatie russe, en référence aux organisations rebelles syriennes, qualifiées généralement de « terroristes » par Moscou et Damas.

Pour rappel, la Turquie a également envoyé en Libye des combattants recrutés dans les rangs des groupes syriens qui lui sont affiliés. Si l’on en croit Moscou, ces derniers auraient donc été redéployés vers l’Azerbaïdjan.

« Nous sommes gravement préoccupés par cette évolution qui non seulement aggrave les tensions dans la zone de conflit, mais crée également des menaces à long terme pour la sécurité de tous les pays de la région », a ensuite continué le ministère russe des Affaires étrangères. « Nous exhortons les dirigeants des États intéressés à prendre des mesures efficaces pour empêcher l’utilisation de terroristes et de mercenaires étrangers dans le conflit, et nous appelons à leur retrait immédiat de la région », a-t-il conclu.

Dans cette affaire, la Turquie est la seule puissance à ne pas appeler à un cessez-le-feu entre les belligérants. Au contraire même : elle ne cesse d’affirmer qu’elle se tiendra toujours aux côtés de l’Azerbaïdjan, qu’elle encourage à reprendre « ses terres occupées », en faisant référence au Haut-Karabakh. Ce territoire, dont la population est majoritairement arménienne, avait été confié à Bakou par Staline dans les années 1920.

Mais cette position fait qu’elle est isolée. Après le Conseil des Nations unies, le groupe de Minsk, formé par la France, la Russie et les États-Unis, a condamné « dans les termes les plus forts l’escalade de la violence récente sur la ligne de contact dans la zone de conflit du Haut-Karabakh », dans un communiqué publié conjointement par les président Macron, Poutine et Trump, lesquels ont rarement été d’accord ces derniers temps.

« Nous appelons à la cessation immédiate des hostilités entre les forces militaires concernées. Nous appelons également les dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à s’engager sans délai à reprendre les négociations de fond, de bonne foi et sans conditions préalables, sous l’égide des co-présidents du Groupe de Minsk de l’OSCE », ont indiqué ces derniers.

Photo : Archive

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