L’Arménie affirme que l’un de ses avions d’attaque Su-25 « Frogfoot » a été abattu par un F-16 turc

Alors que, depuis trois jours, les combats gagnent en intensité entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, le président Macron a fait savoir, ce 29 septembre, que la France déclenchera « une coordination du groupe de Minsk sur le Haut-Karabakh » qu’elle co-préside avec les États-Unis et la Russie. Pour rappel, ce fut grâce à la médiation de cette instance que la guerre ayant opposé Bakou à Erevan entre 1988 et 1994 prit fin, alors que les forces arméniennes avaient le dessus.

Si les appels à une cessez-le-feu entre les belligérants se sont multipliés au cours de ces dernières heures, la Turquie, proche alliée de l’Azerbaïdjan, a enchaîné les marques d’hostilité à l’égard de l’Arménie, qu’elle accuse de tous les maux. Ainsi, la présidence turque a une nouvelle fois affirmé sa détermination à aider Bakou à « recouvrer ses terres occupées », en référence au Nagorny-Karabakh [dont la population est majoritairement arménienne, ndlr]. « Le monde ne peut pas se permettre de placer sur un même pied d’égalité l’agresseur et la partie lésée au nom d’un soi-disant principe de neutralité », a-t-elle estimé.

Quant à la Russie, partenaire stratégique de l’Arménie [le pays abrite la seule base russe dans le sud du Caucase, ndlr], elle n’a cessé de demander l’arrêt des combats. « Nous appelons tous les pays, surtout nos pays partenaires comme la Turquie, à faire tout leur possible pour [parvenir à] un cessez-le-feu et un règlement pacifique de ce conflit », a encore déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

En août dernier, les forces turques ont pris part à d’importantes manoeuvres militaires en Azerbaïdjan. Et, selon Erevan, les F-16 qu’elles avaient envoyés à l’occasion ne seraient jamais revenus en Turquie. Et l’un d’eux viendrait d’abattre un avion d’attaque au sol Su-25 « Frogfoot » des forces aériennes arméniennes. C’est, en tout cas, l’accusation qui vient d’être portée à l’endroit d’Ankara par Chuchan Stepanian, la porte-parole du ministère arménien de la Défense.

« Un avion SU-25 arménien a été abattu par un F-16 turc […] qui venait du territoire azerbaïdjanais », a en effet déclaré Mme Stepanian, avant de saluer la mémoire de son pilote, « mort en héros ».

Selon les précisions données par la porte-parole, le F-16 aurai décollé de l’aéroport de Ganja pour soutenir le bombardement par l’aviation azerbaïdjanaises des « villages civils de Vardenis, Mers Masrk et Sotk en Arménie. Et Erevan d’accuser la Turquie d’une « agression directe » contre son territoire.

« L’allégation selon laquelle la Turquie a abattu un chasseur arménien est absolument fausse », a immédiatement réagi la présidence turque. « Cette information est un mensonge de plus de la propagande arménienne », a enchéri le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Pour rappel, la Turquie est déjà soupçonnée d’avoir envoyé en Azerbaïdjan des mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles qu’elle soutient en Syrie. Si elle s’en défend, plusieurs éléments tendent à confirmer cette information.

Quoi qu’il en soit, le Kremlin a fait savoir que l’Organisation du Traité de la Sécurité Collective [OTSC], une alliance politico-militaire qui se veut le pendant de l’Otan et dont l’Arménie est un membre fondateur, est en train d’examiner la situation. « À tous les autres égards, je m’abstiendrai de tout commentaire uniquement parce qu’il s’agit d’une question très délicate nécessitant une précision et une prudence absolues », a dit Dmitri Peskov.

Or, l’article 4 du traité instituant l’OTSC indique que, « en cas d’agression à l’égard de n’importe quel État membre, tous les autres États membres mettent à sa disposition une aide appropriée, y compris militaire, ainsi qu’une assistance avec les moyens dont ils disposent ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]