Le Premier ministre grec confirme l’intention d’Athènes d’acquérir 18 avions Rafale

Alors que la déclaration finale de la réunion des sept pays membres méditerranéen de l’Union européenne a exhorté la Turquie à mettre un terme à ses actions unilatérales dans les zones revendiquées par la Grèce et la République de Chypre, conformément à la Convention du droit maritime des Nations unies, Ankara a remis une pièce dans la machine.

« Pour réduire les tensions, la Grèce doit retirer tous ses navires de guerre autour de notre navire Oruc Reis, soutenir l’initiative de l’Oran [en vue d’une désescalade, ndlr], abandonner la militarisation des îles de la mer Égée, y compris [pour l’île de] Kastelorizo, et mettre fin la pression récemment accrue sur la minorité turque de Thrace orientale », a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangère.

Et, ce 12 septembre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’en est personnellement pris à son homologue français, Emmanuel Macron.
« Macron, vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi », a-t-il ainsi menacé. Pour rappel, le président français, a dénoncé le « comportement inadmissible » de la Turquie et les « provocations qui ne sont pas dignes d’un grand État » en Méditerranée orientale.

« Ceux qui conspirent contre la Turquie, comme par le passé, seront dévastés. Pour réduire les tension,s il suffit que certaines personnes se taisent », a par ailleurs déclaré Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense. Et pour joindre les actes à la parole, Ankara a publié un nouveau Navtex [notice maritime] pour annoncer la tenue d’exercies militaires à tirs réels au nord de Chypre, entre les 12 et 14 septembre.

Depuis le 10 août, Ankara a envoyé, sous escorte militaire, des navires de recherche sismique dans les zones économiques exclusives de la Grèce et de la République de Chypre afin d’y prospecter des gisements d’hydrocarbures. D’où les tensions actuelles en Méditerranée orientale et le soutien de Paris à Athènes et Nicosie.

Depuis plusieurs jours, il est prêté à la Grèce l’intention de renforcer ses capacités militaires pour faire face aux provocations turques. Et que, à cette fin, elle allait se tourner vers la France. Ce que le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a confirmé lors d’un discours très attendu, prononcé ce 12 septembre à Thessalonique.

« Notre force aérienne va acquérir immédiatement un escadron de 18 avions de chasse Rafale afin de remplacer les anciens Mirage 2000 [ceux qui ne seront pas modernisés, c’est à dire les Mirage 2000 EGM/BGM, ndlr]. Ce sont des avions excellents qui, avec nos F-16 modernisés, renforceront notre capacité de dissuasion », a en effet annoncé le chef du gouvernement grec.

Ce dernier a également annoncé l’acquisition de quatre frégates « multi-rôles », sans donner plus de précision. Selon certaines sources grecques, Athènes pourrait se procurer quatre Frégates de défense et d’intervention [FTI] auprès du français Naval Group. Ces navires seraient fabriqués en Grèce.

L’annonce du M. Mitsotakis a immédiatement été saluée par la ministre française des Armées, Florence Parly, qui s’est « félicitée du choix annoncé » par la Grèce « d’acquérir 18 avions Rafale au profit de l’armée de l’air hellénique. »

« Cette annonce constitue un succès pour l’industrie aéronautique française, en particulier Dassault Aviation ainsi que les autres acteurs industriels français, et notamment les nombreuses PME concernées par la construction du Rafale », a souligné la ministère des Armées. Et d’ajouter : « Ce choix en faveur d’un avion de combat Dassault Aviation, au plus haut niveau de la technologie mondiale, vient renforcer le lien entre les forces armées grecques et françaises, et permettra d’intensifier leur coopération opérationnelle et stratégique. »

La Grèce est ainsi le premier pays européen à souhaiter se doter d’avions Rafale. Reste maintenant à transformer l’essai lors des négocations qui vont s’ouvrir pour finaliser le contrat. Selon le site grec spécialisé DefenceReview, des représentants de Dassault, Thales, Safran et MBDA sont attendus à Athènes le 13 septembre pour entamer les discussions.

Les Rafale que pourrait commander la Grèce seront au standard F3R. Il s’agit d’appareils capables d’emporter des missiles air-air longue portée METEOR qui, associé au radar RBE2 AESA [à antenne active], sont en mesure d’engager des cibles volant à une centaine de kilomètres de distance.

Ce qui donnera à la force aérienne grecque un avantage capacitaire déterminant par rapport à son homologue turque, qui met en oeuvre des F-16, dépourvus d’une telle capacité, ainsi que des F-4 Phantom qui auraient dû être mis à la retraite depuis longtemps. En outre, depuis son exclusion du programme F-35 pour son achat de systèmes russes de défense aérienne S-400, Ankara aura du mal à moderniser son aviation de combat. Sauf, éventuellement, à commander, auprès de Moscou, des Su-35 Flanker E, comme M. Erdogan l’avait suggéré en 2019.

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