Marine nationale : Spécialistes de la lutte anti-sous-marine, les hélicoptères Lynx ont tiré leur révérence

Depuis plus de quarante ans, il a assuré des missions de lutte anti-sous-marine à bord des frégates de la Force d’action navale. Mais c’est désormais terminé : l’hélicoptère Lynx, fruit d’une coopération franco-britannique, avec l’Aérospatiale et Westland à la manoeuvre, a été officiellement retiré du service, le 4 septembre, à l’issue d’une cérémonie présidée par l’amiral Pierre Vandier, le nouveau chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], à Lanvéoc-Poulmic. Le retrait de ces appareils coïncide avec la mise en sommeil de la Flottille 34F.

Conçu à la fin des années 1960, le Lynx effectua son vol inaugural en 1971. Et, durant ses essais il décrocha plusieurs records de vitesse pour un hélicoptère [sur 15 et 25 kilomètres, en atteignant 321,74 km/h, ainsi que sur circuit fermé de 100 km, avec une vitesse moyenne de 318,5 km/h, ndlr]. Deux versions furent développées : terrestre pour l’Army Air Corps britannique et naval pour l’Aéronautique navale française et la Fleet Air Arm de la Royal Navy.

Au moment de son entrée en service au sein de la Marine nationale, en 1978, le Lynx a permis de réaliser un saut capacitaire et technologique pour l’époque. Par exemple, a confié un ancien pilote à Ouest France, lors d’un exercice de l’Otan et « après un contact sonar très lointain, deux Lynx se sont relayés pendant 24 heures pour traquer un sous-marin nucléaire russe non-invité qui a fini par faire surface. Les Américains étaient bluffés. À tel point qu’ils ont invité les deux équipages à boire le champagne sur leur porte-avions! »

Mis en oeuvre par un équipage de trois marins [deux pilotes et un opérateur HELAE, c’est à dire spécialisé dans la lutte anti-sous-marine et antisurface sur hélicoptère], le Lynx était propulsé par deux turbines Rolls Royce BS 360 développant chacune 1.130 ch. Ayant subi plusieurs modernisations [la dernière en date fut réalisée en 2015], il était équipé d’un sonar DUAV-4, du système de transmission des données acoustiques RHESEDA, du radar ORB-31 et d’une caméra infrarouge Chlio. Enfin, il était armé de deux torpilles Mk 46 ou MU 90.

Au 1er juillet 2019, il restait encore 14 exemplaires en service, en particulier au sein de la Flottille 34F. Mais, à en juger par les derniers chiffres connus, leur taux de disponibilité était tombé à seulement 15,8% en 2018, pour un coût d’entretien programmé du matériel [EPM] de 17,7 millions d’euros. En outre, l’arrivée progressive du couple constitué par la Frégate multimissions [FREMM] et l’hélicoptère NH-90 NFH a sonné le glas des frégates F-70 et des Lynx.

Quant à la Flottille 34F, elle ne devrait pas rester longtemps dans les limbes. Il est en effet question qu’elle soit recréée en janvier 2021 pour absorber l’École de Spécialisation sur Hélicoptères Embarqués [ESHE], actuellement adossée à l’escadrille 22S [qui, par conséquent, disparaîtra]. L’unité sera alors dotée d’hélicoptères Dauphin N3.

Photo : Marine nationale

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