Annoncé en hausse de 5,5%, le budget militaire sud-coréen pourrait atteindre un niveau record en 2021

Comme la plupart des autres pays, la Corée du Sud, dont la gestion de l’épidémie de covid-19 est considérée comme exemplaire par beaucoup, a vu ses indicateurs économiques se dégrader au cours du premier semestre. Pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire, Séoul a annoncé, en avril dernier, un coupe de 625 millions d’euros dans ses dépenses militaires sur les 34,66 milliards d’euros de crédits votés au titre de l’exercice 2020 [soit une baisse de près de 2%, ndlr].

Cela étant, les autorités sud-coréennes n’ayant pas décidé de confiner la population, les conséquences économiques de la pandémie sont, a priori, moins graves en Corée du Sud qu’ailleurs. Ainsi, la Banque de Corée [BOK] estime que le Produit intérieur brut [PIB] reculera que de -1,3% cette année et table sur un rebond de +2,8% en 2021.

Dans le même temps, les menaces sécuritaires n’ont pas faibli. En effet, après avoir connu une embellie [du moins, en apparence], les relations avec la Corée du Nord se sont à nouveau dégradées et le rapport annuel que l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] a diffusé le 2 septembre s’inscrit dans la lignée des précédents puisqu’il affirme que Pyongyang continue de développer son programme d’armement nucléaire, en « violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. »

Ce qui n’est pas une surprise… étant donné que d’autres sources, comme le groupe d’experts de l’ONU chargé du suivi des sanctions prises à l’égard de la Corée du Nord, font le même constat. Qui plus est, en janvier, Pyongyang a annoncé la fin de son moratoire sur ses essais nucléaires. Et cela alors que le programme de missiles balistiques nord-coréens s’est poursuivi…

Aussi, il n’est pas question pour le ministère sud-coréen de la Défense de baisser la garde. D’où le projet de budget qu’il a dévoilé le 31 août, annoncé en hausse de 5,5%, pour s’établir à 52.920 milliards de wons [37,63 milliards d’euros au cours actuel]. Cette somme, qui atteint un niveau record, doit permettre de « renforcer les capacités d’auto-défense du pays dans un contexte d’incertitudes croissantes sur la sécurité et de défis de nature différente comme le nouveau coronavirus », ont expliqué des responsables, cités par l’agence Yonhap.

Dans le détail, 25,49 milliards d’euros [+7,1%] serviront à financer les dépenses de fonctionnement, les soldes des militaires sud-coréens, annoncées en hausse de +12,5%, la formation, l’entrainement et les projets de construction de nouvelles installation.

Dans la limite de cette enveloppe, les crédits alloués au maintien en condition opérationnelle [MCO] sont annoncés en hausse de 7,7% par rapport au précédent exercice.

Et 10,36 milliards d’euros seront affectés aux acquisitions d’équipements, inscrites dans le plan de défense 2021-25, lequel prévoit notamment la construction d’un porte-avions léger et une commande supplémentaire d’avions F-35. Mais il est surtout question de mettre l’accent sur le renforcement des capacités devant permettre de contrer les missiles nucléaires et les autres armes de destruction massive nord-coréennes.

En outre, une effort particulier devrait être fait en faveur de la recherche et du développement [R&D], avec une ligne de crédits de 3 milliards d’euros [+8,5%].

Ce budget prévoit également d’affecter 645 millions d’euros au projet KF-X, l’avion de combat développé par le constructeur sud-coréen KAI, en collaboration avec Lockheed-Martin.

Cet été, l’Administration du programme d’acquisition de défense [DAPA] a dévoilé le prototype du radar AESA [à antenne active] qui équipera cet appareil, censé remplacer les F-5 Tiger de la force aérienne sud-coréenne [RoKAF]. Et KAI a annoncé que l’assemblage final du premier des six prototypes prévus venait de commencer. Au total, Séoul compte investir plus de 6 milliards d’euros dans ce projet.

Enfin, 370 millions d’euros seront affectés au développement d’un sous-marin de nouvelle génération 4.000 tonnes, éventuellement à propulsion nucléaire. Et 220 millions d’euros seront orientés vers la production du char de combat K-2.

Photo : KF-X (c) KAI

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