Un responsable du gouvernement grec confirme l’intention d’Athènes de se procurer des Rafale

« Rumor publicus non omnino frustra est’, dit le proverbe latin, qui se traduit par la formule « un bruit public n’est pas tout à fait sans fondement. » En effet, ces derniers jours, la presse grecque s’est fait l’écho d’un éventuel achat, par Athènes, d’avions de combat Rafale auprès de la France. Et d’avancer que cette question pourrait être réglée à l’occasion du sommet EuroMed, qui doit réunir les sept pays méditerranéen membres de l’Union européenne à Ajaccio, le 10 septembre prochain.

Les médias grecs ne s’accordent pas sur les modalités de cette possible acquisition. Certains ont évoqué 18 Rafale, dont 8 seraient prélevés sur la dotation des forces françaises quand d’autres, plus prudents, ont parlé d’un achat de 10 à 12 avions de « dernière génération » [donc appartenant au standard F3R], avec quelques exemplaires d’occasion en plus [il est question d’au moins deux unités]. Ce qui paraît être la solution la plus cohérente.

Quoi qu’il en soit, ce 1er septembre, un responsable du gouvernement grec a confirmé, auprès de l’agence Reuters, des discussions entre Athènes et Paris au sujet du Rafale, un avion qui aurait déjà pu équiper les forces aériennes grecques s’il n’y avait pas eu la crise de l’euro en 2010, la Grèce ayant fait partie des clients potentiels à la fin des années 2000.

« Nous sommes en pourparlers avec la France, et pas seulement avec elle, afin d’augmenter le potentiel de défense de notre pays », a en effet déclaré ce responsable grec. « Dans ce cadre, il y a une discussion qui inclut l’achat d’avions », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’aucune « décision finale » n’avait été encore prise.

Une source gouvernementale française a également évoqué ces discussions. « Il n’y a pas d’accord comme cela a pu être écrit dans certains médias. Cependant, il y a des discussions sur un certain nombre de sujets », a-t-elle confié à Reuters, sans donner plus de détails.

La veille, le ministre grec des Finances, Christos Staikouras, avait affirmé à la chaîne de télévision Alpha TV, que la Grèce était prête à puiser dans ses réserves de liquidités pour renforcer ses forces armées, alors que les tensions avec la Turquie en Méditerranée orientale ne cessent de s’amplifier.

Pour rappel, Ankara a envoyé, sous escorte militaire, des navires de recheche sismique prospecter des gisements d’hydocarbures dans des domaines maritimes revendiqués par la Grèce et la République de Chypre. Dans cette affaire, ces deux pays, membres de l’UE, ont reçu le soutien appuyé de la France.

« Au ministère des Finances, nous ferons tout notre possible pour soutenir les décisions du gouvernement dans ce domaine », a insisté M. Staikouras.

La Grèce disposerait actuellement d’un « coussin de trésorerie » de 34 milliards d’euros, constitué de fonds non utilisé du Mécanisme européen de stabilité [MES] dont elle a bénéficié et d’argent levé sur les marchés financiers. Seulement, la pandémie de covid-19 a affecté, comme ailleurs, son activité économique, ce qui fait que son Produit intérieur brut [PIB] pourrait se contracter de 10% cette année. Mais « nécessité fait loi », dit-on.

Par ailleurs, lors de l’émission « Le Grand Rendez-vous » d’Europe1, CNEWS et les Échos, le 30 août, la ministre française des Armées, Florence Parly, a évoqué le plan de charge des chaînes d’assemblage du Rafale chez Dassault Aviation, lesquelles doivent impérativement « sortir » 11 avions par an. Et cela alors que le secteur de l’aéronautique est particulièrement éprouvé par la crise économique provoquée par la pandémie de covid-19.

Ainsi, Mme Parly a parlé d’un possible « ajustement de calendrier » pour la commande de 30 Rafale, initialement prévue en 2023. « Nous allons voir comment nous pouvons adapter le mieux possible le calendrier de ces commandes afin que les chaînes de production de Dassault Aviation soient préservées », a-t-elle dit.

Pour le moment, a-t-elle continué, ces « chaînes tournent pour l’exportation » [sans nouveau contrat, le dernier appareil à l’export sera livré en 2024, ndlr]. « En lien avec l’entreprise Dassault, nous sommes en train d’étudier le meilleur moment pour lancer ces commandes, pour assurer non seulement la continuité de ses activités mais aussi celle de tous ses sous-traitants », a expliqué la ministre. À moins qu’un contrat grec ne vienne changer la donne.

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