Mer Noire : L’US Air Force dénonce l’interception dangereuse d’un bombardier B-52H par des Su-27 russes

Le 28 août, six bombardiers américains B-52H Stratofortress ont survolé les trente pays membres de l’Otan dans le cadre de l’exercice « Allied Sky« . Quatre de ces appareils ont décollé de la base aérienne de Fairford [Royaume-Uni] pour la partie européenne de cette manoeuvre. Et, deux d’entre eux ont respectivement pris la direction de la Baltique et de la mer Noire.

Le même jour, le ministère russe de la Défense a fait savoir que deux B-52H Stratofortress avaient été interceptés par des chasseurs Su-27 « Flanker » dans l’espace aérien international de ces deux régions, alors qu’ils semblaient approcher des frontières de la Russie. À noter que les bombardiers américains ont volé avec leur transpondeur allumé étant donné qu’il a été possible de suivre leur parcours via les sites livrant des informations en temps réel sur les mouvements des aéronefs.

« Le 28 août, les systèmes de défense antiaérienne russes ont détecté au-dessus des eaux neutres de la mer Baltique une cible aérienne qui s’approchait de la frontière de la Fédération de Russie. Pour identifier la cible aérienne et empêcher la violation de la frontière de la Fédération de Russie, deux chasseurs Su-27 des forces de défense antiaérienne de la flotte de la Baltique ont décollé », a ainsi indiqué le ministère russe de la Défense, insistant sur le fait que l’interception s’est faite « en stricte conformité avec les règles internationales d’utilisation de l’espace aérien. »

Le même jour, un autre Su-27 Flanker a décollé en alerte pour identifier trois avions de renseignement, dont un RC-135 américain, un Challenger CL-604 de la force aérienne danoise et un Gulfstream S-102 de l’aviation militaire suédoise [la Suède ne fait pas partie de l’Otan, nldr].

Si ces interceptions n’ont pas donné lieu à de commentaires particuliers, cela n’a pas été le cas pour celle du B-52H envoyé en mer Noire [indicatif NATO01/61-0034].

Selon Moscou, des avions Su-27 relevant du District militaire Sud « ont décollé pour […] prévenir une violation de la frontière d’État » et ont identifié un B-52H ainsi que l’un des deux avions de renseignement RC-135 Rivet Joint envoyés en mission, le 28 août, dans la région de la mer Noire. « Les interceptions ont été effectuées en conformité avec les règles internationales de l’utilisation de l’espace aérien », a assuré le ministère russe de la Défense.

Sauf que, à en croire l’US Air Force, qui a produit une vidéo pour appuyer ses affirmations, l’interception du B-52H a visiblement été mouvementée. Ce qui ne serait pas une première, plusieurs « rencontres musclées » entre avions américains et russes ayant été signalées à plusieurs reprises au cours de ces dernières années.

« Vers 11h19, le 28 août 2020, deux Su-27 Flanker ont intercepté un bombardier B-52 […] qui menait une mission de routine au-dessus des eaux internationales de la mer Noire. Les pilotes russes ont volé de manière dangereuse et non professionnelle, en passant plusieurs fois à moins de 100 pieds du nez du B-52 et en allumant la post-combustion, ce qui a provoqué des turbulences et limité la capacité de manoeuvre » du bombardier, a dénoncé l’US Air Force.

« Des actions comme celles-ci augmentent le risque de collision en vol, sont inutiles et incompatibles avec une bonne maîtrise des règles de vol internationales », a fait valoir le général Jeff Harrigian, le commandant des forces aériennes américaines en Europe. « Alors que les avions russes évoluaient dans l’espace aérien international, ils ont mis en péril la sécurité du vol de l’avion impliqué. Nous attendons d’eux qu’ils opèrent selon les normes internationales pour garantir la sécurité et prévenir les accidents », a-t-il ajouté.

En revanche, l’interception du RC-135 Rivet Joint n’a pas fait l’objet de commentaire, signe qu’elle s’est effectuée dans les règles… comme celle effectuée une semaine plus tôt par, cette fois, un Su-30 SM, également dans la même région. Cela étant, la présence de deux appareils de ce type en mer Noire et celle d’un troisième dans la région de la Baltique, à l’occasion d’Allied Sky, ont de quoi interroger.

La mission des RC-135 Rivet Joint est d’intercepter les communications radio ainsi que les signaux émis par les radars adverses, qu’ils ont en outre la capacité de brouiller. A priori, l’exercice Allied Sky n’avait donc pas pour seul objectif d’être une « mission de réassurance » au profit des membres de l’Otan : il a aussi été l’occasion de collecter des données sur les systèmes utilisés par la défense aérienne russe.

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