L’hypothèse d’un achat d’avions Rafale par la Grèce refait surface

En 2008, le groupement d’intérêt économique [GIE] composé de Dassault Aviation, Safran Aircraft Engines [ex-SNECMA] et Thales, avait ouvert un bureau à Athènes afin de promouvoir l’avion de combat Rafale auprès des forces aériennes grecques. Dans le même temps, il était aussi question d’un achat de frégates multimissions [FREMM] auprès de la France.

Mais le crise de l’euro passa par là… ce qui s’était traduit, pour la Grèce, par d’énormes difficultés budgétaires et économiques. L’affaire n’alla donc pas plus loin, même si le pays avait maintenu ses dépenses militaires à un niveau relativement important.

En 2018, le ministère grec de la Défense lança deux chantiers majeurs : la mise à niveau de 85 F-16 au standard « Block V » [ou Viper] pour environ 1,3 milliard de dollars et la modernisation de ses Mirage 2000. Il n’était donc pas question d’acquérir de nouveaux avions de combat.

Quant aux FREMM, le sujet n’est plus d’actualité. Cependant, en octobre 2019, la Grèce signa une lettre d’intention pour se procurer, auprès de Naval Group, deux Frégates de défense et d’intervention [FDI, Belh@ra] ayant la capacité d’emporter des missiles de croisière navals [MdCN], ce qui n’était initalement pas prévu pour les navires de ce type destinés à la marine française.

Depuis, ce dossier n’a pas avancé, si ce n’est que l’américain Lockheed-Martin a fait une contre-offre en proposant quatre frégates de type MMSC [multi-mission surface combatants] à des prix défiant toute concurrence. Et Londres aurait proposé de céder à Athènes des frégate de Type 23 d’occasion.

A priori, et selon les rumeurs relayées par la presse grecque, l’achat de deux FDI ne serait plus privilégié par Athènes, en raison du délai de livraison de ces navires [il question de 2025, ndlr], alors que la situation en Méditerranée orientale exigerait un renforcement rapide de la marine de guerre hellénique.

Cela étant, lors de la visite, à Paris, du ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, le 10 octobre 2019, son homologue française, Florence Parly, lui aurait glissé quelques mots sur une éventuelle vente de Rafale. C’est, du moins, ce qu’avait avancé le quotidien Hellas Journal.

Mais depuis quelques jours, l’hypothèse d’un achat de Rafale par Athènes revient en force. Et elle fait même la « une » de l’hebdomadaire Parapolitika, ce 30 août. Ce dernier affirme que la France aurait proposé à la Grèce de lui céder « gratuitement » 8 appareils d’occasion [au standard F1 et F2] prélevés sur la dotation de l’armée de l’Air, et de lui en vendre 10 autres, au standard F3R.

Et d’ajouter qu’un accord de principe aurait même été conclu lors d’un échange entre le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, et le président Macron, en juillet dernier. Mais c’est aller vite en besogne… d’autant plus que, sauf erreur, l’armée de l’Air et la Marine nationale n’ont plus de Rafale aux standards F1 et F2, étant donné que tous ont été portés au standard F3 ou F3R.

Quoi qu’il en soit, d’autres sources grecques ont avancé des éléments plus cohérents, comme le journaliste Nedos Vassilis du quotidien Kathimerini, qui a évoqué un achat de 12 Rafale F3 par la Grèce. Ce qui a été partiellement confirmé par le site grec spécialisé DefenceReview.gr.

Ainsi, selon ce dernier, qui dit avoir recoupé les informations de diverses sources, la Direction générale de l’armement [DGA] préparerait une offre portant sur 10 avions Rafale de « dernière génération » [donc, on comprend qu’il s’agit de Rafale F3R], complétée par un « petit nombre » d’appareils prélevés sur la dotation de l’armée de l’Air.

Un tel scénario paraît plausible. Dans leur rapport sur l’avenir de la Base industrielle et technologique de Défense [BITD], publié en juin, les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot ont rapporté que la DGA avait proposé des Rafale de seconde main à la Croatie ainsi qu’à d’autres « prospects ».

Ces appareils, ont-ils indiqué, seraient « prélevés au sein de la flotte française », ce qui nécessiterait « par ricochet des commandes de remplacement », l’enjeu étant de pouvoir assurer un plan de charge suffisant aux chaînes d’assemblage de Rafale.

« L’enjeu d’une commande supplémentaire de Rafale revêt davantage d’enjeux industriels qu’opérationnels. En effet, comme celle de 2013, la LPM [Loi de programmation militaire] de 2018 fait le ‘pari de l’export’, misant sur des commandes étrangères pour combler un ‘trou’ de deux ans et demi sans crédits programmés pour des livraisons françaises, entre mi-2024 et 2027. Pour livrer un avion à l’export mi-2024, il faut que la commande afférente soit passée avant fin 2020. Or une prise de commande avant cette échéance est loin d’être certaine », ont en effet expliqué les deux députés.

Pour DefenceReview.gr, l’achat de Rafale par Athènes irait dans la « bonne direction » et satisferair « les exigences opérationnelles constantes » de l’état-major grec pour un « chasseur moderne, avec une longue portée d’action, emportant des armes, des capteurs et des composants électroniques de pointe qui en font un véritable ‘game changer’ dans le conflit gréco-turc. »

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