Le mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban a été prolongé, avec des ajustements capacitaires

Ces dernières semaines, de nouveaux incidents se sont produits entre les forces israéliennes et le Hezbollah, la milice chiite libanaise soutenue par l’Iran, alors que la Force intérimaire des Nations unies [FINUL] a justement vu son mandat renforcé en 2006 afin de les éviter.

Fin juillet, Israël a ainsi fait état d’une tentative d’infiltration de combattants du Hezbollah sur son territoire. Ce qui a été démenti par la milice libanaise qui, le 22 août, a affirmé avoir abattu un drone israélien près de la ville frontalière d’Aita al-Chaad. Puis, quatre jours plus tard, Tsahal a frappé des positions occupées de l’autre côté de la Ligne bleue par l’organisation chiite, après des tirs depuis le Liban ayant visé ses soldats.

« Il y a eu des tirs depuis le Liban vers des soldats israéliens […]. Les soldats ont répliqué à l’aide de fusées éclairantes et de tirs. Puis, au cours de la nuit, des hélicoptères de combat et des avions ont frappé des postes du Hezbollah », a en effet indiqué l’état-major israélien.

Ces tensions se sont produites alors que la prolongation du mandat de la FINUL pour un an de plus devait faire l’objet d’un vote au Conseil de sécurité des Nations unies. Vote alors sous la menace éventuelle d’un veto de Washington.

En effet, se faisant l’avocat d’Israël, la diplomatie américaine souhaitait alors ramener le mandat de la FINUL d’un an à six mois, permettre aux Casques bleus d’accéder aux secteurs tenus par le Hezbollah et réduire le format de cette force, de 13.000 à 11.000 soldats [alors que, actuellement, 10.500 sont effectivement présents sur le terrain].

Cela étant, le dernier rapport relatif au Liban publié par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait admis les difficultés de la FINUL à avoir accès à certaines zones proches de la Ligne bleue, évoquant un « rétrécissement de l’espace dans lequel » la force peut opérer.

« Depuis 2017, elle a connu un nombre d’incidents qui va croissant, qui entravent la liberté de mouvement de ses patrouilles. Des habitants clôturent parfois de nouvelles zones à des fins agricoles, ce qui empêche la FINUL de se rendre dans des espaces publics accessibles par le passé, dont ceux proches de la Ligne bleue. Les habitants s’opposent également parfois à l’entrée des patrouilles dans leurs villages, au motif que l’utilisation de véhicules lourds dans des rues étroites est gênante et endommage les voies publiques et les infrastructures », avait expliqué M. Guterres.

Sur ce point, ce dernier avait d’ailleurs encouragé les pays contributeurs de la FINUL à « déployer des véhicules de combat plus petits tels que les véhicules tactiques légers à haute mobilité et les véhicules de reconnaissance dans les lieux appropriés, en tenant compte des questions de sécurité. » En outre, il avait également estimé que la « structure des bataillons d’infanterie » devait être « être adaptée aux différents terrains dans la zone d’opérations de la FINUL. »

Quant à l’efficacité opérationnelle, le secrétaire général des Nations unies avait également plaidé en faveur d’une « force plus agile et plus mobile, avec une capacité de surveillance améliorée, en remplaçant les fonctions d’infanterie lourde, qui servent aux activités quotidiennes, par des fonctions de reconnaissance. » Et d’ajouter : « Le changement pourrait avoir pour résultat une force suffisamment protégée, mais avec une empreinte plus légère, à même d’avoir une meilleure perception de la situation. »

Aussi, le projet de résolution, défendu par la France, a-t-il pris en compte les observations faites M. Guterres. Observations qui allaient dans le sens souhaité par les États-Unis. Ce qui a donc facilité son adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité, le 28 août.

« Reconnaissant que la Finul a appliqué avec succès son mandat depuis 2006, permettant un maintien de la paix et de la sécurité depuis lors », le Conseil « décide une réduction du plafond des effectifs de 15.000 militaires à 13.000 », indique le texte, qui appelle également le gouvernement libanais à « faciliter un accès rapide et complet de la Finul aux sites sur lesquels la force veut enquêter, y compris tous les endroits au nord de la Ligne bleue liés à la découverte de tunnels » qui permettent les infiltrations armées en territoire israélien.

Condamnant « toutes les violations de la Ligne bleue, par air ou sur terre » et appelle « toutes les parties à respecter la cessation des hostilités », la résolution demande au secrétaire général de l’ONU d’élaborer, d’ici 60 jours et en concertation avec les autorités libanaises et les pays contributeurs, un « plan détaillé, avec des échéances et des modalités spécifiques » pour mettre en oeuvre les recommandations qu’il avait formulées dans son rapport publié en juin.

Outre la question du déploiement de véhicules blindés plus légers que ceux utilisés actuellement, M. Guterres avait aussi préconisé la construction de miradors et l’installation de moyens électroniques de surveillance [caméras thermiques, jumelle de vision nocturne, etc…] le long de la Ligne bleue.

La France est particulièrement concernée étant donné que sa participation à la FINUL [opération Daman] se traduit par le déploiement de 700 militaires au sein de la « Force Commander Reserve », qui constitue une capacité d’intervention rapide au profit de tous les autres contingents de la force des Nations unies.

Par ailleurs, et alors que le Liban traverse une crise politique, sociale et économique, qui plus est amplifiée par la terrible explosion qui, le 4 août, a ravagé une partie de Beyrouth [et qui a motivé le lancement de l’opération française « Amitié », avec le déploiement du groupement de génie « Ventoux », ndlr] le président Macron a prévenu qu’il ne fallait pas « lâcher » le pays du Cèdre, à l’occasion d’une rencontre avec l’Association de la presse présidentielle.

« Si nous lâchons le Liban dans la région, si en quelque sorte nous le laissons aux mains des turpitudes des puissances régionales, ce sera la guerre civile » et « la défaite de ce qui est l’identité même du Liban », a estimé le président français, le 28 août, évoquant les « contraintes d’un système confessionnel » qui, « ajoutées […] aux intérêts liés », ont conduit « à une situation où il n’y a quasiment plus de renouvellement [politique] et où il y a quasiment une impossibilité de mener des réformes. »

Défendant une ligne se résumant par la formule « exigence sans ingérence », M. Macron a soutenu la nécessite de conduire plusieurs réformes, notamment dans les domaines de la lutte contre la corruption, des marchés publics, de l’énergie et du système bancaire. « Si on ne fait pas cela, l’économie libanaise va s’effondrer » et « la seule victime sera le peuple libanais […] qui ne peut pas s’exiler », a-t-il mis en garde. Or le Liban « est peut-être l’une des dernières formes existantes de ce dans quoi nous croyons dans cette région: c’est-à-dire la coexistence la plus pacifique possible des religions […], d’un modèle pluraliste qui repose sur l’éducation, la culture, la capacité à commercer en paix », a-t-il dit.

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