Pékin met en garde Paris après l’annonce de l’ouverture d’un second bureau diplomatique taïwanais en France

Alors que, ce 28 août, le chef de la diplomatie de la République populaire de Chine, Wang Yi, doit rencontrer son homologue français, Jean-Yves Le Drian, et être reçu à l’Élysée par le président Macron, dans le cadre d’une tournée européenne, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a annoncé l’ouverture prochaine d’une seconde représentation diplomatique en France [soit l’équivalent d’un consulat], plus précisément à Aix-en-Provence.

« La France est un membre central de l’Union européenne, la première destination des Taïwanais en Europe et un partenaire économique et commercial important », a ainsi souligné le ministère taïwanais, évoquant de « larges perspectives de coopérations économiques et commerciales » dans les domaines de l’aérospatial, de la biomédecine et des technologies. Il est aussi question de renforcer les liens culturels ainsi que d’établir des échanges en matière d’éducation.

« De 2016 à 2019, le nombre de Taïwanais se rendant en France a augmenté de 62%, et le nombre de Français venant à Taiwan a également augmenté de près de 30%. Les échanges entre Taiwan et la France ayant augmenté de manière significative, l’ouverture du Bureau de Taipei en Provence permettra d’approfondir l’amitié et la coopération » entre les deux pays, a-t-il conclu. « Je me réjouis des progrès continus des relations franco-taïwanaises! », a, pour sa part, commenté Tsai Ing-wen, la présidente de Taïwan, via Twitter.

Lors de sa visite à Paris, M. Wang abordera-t-il ce projet d’ouverture d’un second bureau diplomatique taïwanais en France parmi les autres sujets épineux du moment [répression des Ouïghours, statut de Hong Kong, Huawei avec la 5G, revendications territoriales en mer de Chine méridionale, tensions avec l’Inde, gestion de l’épidémie de covid-19, etc…] En tout cas, elle a été sévèrement commentée par Zhao Lijian, le porte-parole de la diplomatie chinoise.

« Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde et Taiwan est une partie inaliénable de la Chine. La Chine s’oppose fermement à tout pays qui, ayant des relations diplomatiques avec Pékin, établit toute forme de contact officiel et d’échanges avec Taiwan », a réagi M. Zhao, le 26 août. « La France doit respecter le principe d’une seule Chine et traiter avec prudence et correctement les questions liées à Taiwan », a-t-il ensuite prévenu. Et d’insister : « Les tentatives des responsables du Parti démocrate progressiste [PDP, actuellement au pouvoir à Taipei, ndlr] de mener des activités séparatistes sur la scène internationale ne réussiront pas. »

Plus tôt, cette année, Pékin a déjà formulé des reproches à Paris, après la notification par Taipei d’un contrat de 24 millions d’euros à l’entreprise française DCI-DESCO pour la fourniture de nouveaux lance-leurres destinés à remplacer les systèmes AMGL-1C Dagaie Mk2 des six frégates légères furtives [acquises auprès de la France].

« Nous sommes opposés à toute vente d’armes ou échange militaire ou sécuritaire avec la région de Taïwan » et « nous exhortons la France […] à annuler son projet de vente d’armes à Taïwan, afin d’éviter de nuire aux relations sino-françaises », avait réagi la diplomatie chinoise, à l’époque. Et le Quai d’Orsay avait opposé une fin de non-recevoir.

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