Aéronavale indienne : Le F/A-18 Super Hornet tente de démontrer sa capacité à décoller avec un tremplin

Il existe deux moyens pour faire décoller un aéronef à voilure fixe depuis le pont d’un porte-avions : soit on utilise une catapulte à vapeur ou électromagnétique [configuration CATOBAR pour Catapult Assisted Take-Off But Arrested Recovery], soit on a recours à un tremplin [STOBAR pour Short Take-Off But Arrested Recovery].

La configuration CATOBAR, qui est celle des porte-avions français et américains, est de loin la plus intéressante dans la mesure où elle permet de faire décoller des avions emportant plus de munitions et de carburant. D’où les plans des forces navales chinoises et indiennes pour s’en doter, alors que, actuellement, elles disposent de navires STOBAR.

En effet, la marine indienne exploite le porte-avions INS Vikramaditya qui, chèrement acquis auprès de la Russie, est en configuration STOBAR. Ce sera aussi le cas pour l’INS Vikrant, de conception locale. En revanche, l’INS Vishal, qui n’existe que la planche à dessin, devrait être en configuration CATOBAR.

Ce qui supposera pour l’Indian Navy de disposer d’avions pouvant être mis en oeuvre dans l’une ou l’autre de ces deux configurations. Et c’est d’ailleurs l’une des exigences du programme Multi Role Carrier Borne Fighters [MRCBF], qui doit aboutir à l’acquisition de 57 chasseurs embarqués multi-rôles.

Les avions de combat susceptibles d’opérer depuis un porte-avions se comptent sur les doigts d’une main, avec le MiG-29K [qui n’a pas toujours donné pleinement satisfaction à l’Indian Navy], le F-35 B/C de Lockheed-Martin, le F/A-18 Super Hornet de Boeing et le Rafale Marine de Dassault Aviation. Le constructeur suédois Saab planche cependant sur un JAS Gripen E/F navalisé, ce qui n’est pas une mince affaire étant donné qu’il ne suffit pas d’ajouter une crosse d’appontage à un appareil existant pour en faire un chasseur embarqué.

Toutefois, il n’est pas acquis qu’un avion de combat conçu pour être catapulté depuis un pont d’envol puisse décoller grâce à un tremplin…

Lors d’essais réalisés en 1993, le Rafale Marine avait décollé du porte-avions Foch grâce à un mini plan incliné. Et, un article publié en 2012 par Mer & Marine avança que des études et des simulations menées par Dassault Aviation avaient déterminé qu’il serait en mesure de prendre les airs depuis un pont doté d’un tremplin, mais sans préciser les capacités d’emport en termes de munitions et de carburant.

Cela étant, en 2018, le quotidien indien « The Economic Times » rapporta que Dassault Aviation avait fourni à l’Indian Navy les résultats de « tests approfondis » démontrant que le Rafale pouvait décoller d’un pont d’envol doté d’un tremplin en « emportant une charge significative ».

Quant à Boeing, qui est le concurrent le plus sérieux pour le programme MRCBF, des essais consistant à faire décoller un F/A-18 Super Hornet depuis un plan incliné avaient été annoncés en février dernier. Et ils viennent d’être réalisés à la Naval Air Station Patuxent River [Maryland]. L’information a été révélée, via Twitter, par le journaliste indien Saurabh Joshi, puis confirmée par l’industriel américain.

« Boeing et l’US Navy en sont aux premières phases d’exploitation d’un F/A-18 Super Hornet [Block III] à partir d’un tremplin à la Naval Air Station Patuxent River pour démontrer qu’il est compatible avec la configuration STOBAR des porte-avions de la marine indienne », a en effet déclaré Justin Gibson, porte-parole du groupe américain.

Selon ce dernier, plus de 150 simulations ont été réalisées. « Bien que notre évalution ait monté que le Super Hornet Block III est capable de décoller avec un tremplin, il s’agit d’en faire la démonstration. Plus de détails seront publiés à l’issue de la campagne de tests », a-t-il ajouté.

Pour rappel, et outre l’exigence relative à la capacité d’opérer depuis un porte-avions CATOBAR ou STOBAR, l’Indian Navy cherch un avion embarqué pouvant assurer des missions de défense aérienne, de frappes, de reconnaissance et de guerre électronique. Ce qui suppose qu’il soit doté de capteurs performants comme un radar AESA [Active Electronically Scanned Array]. Enfin, la possibilité d’assembler ces appareils en Inde, assortie de transferts de technologie, sera un point susceptible de faire pencher la balance.

Photo : archive (c) US Navy

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