Pour New Delhi, l’arrivée des Rafale ouvre « une nouvelle ère dans l’histoire militaire de l’Inde »

Partis de Mérignac [Gironde] le 27 juillet et avec le soutien de l’armée de l’Air française, les cinq premiers Rafale destinés à l’India Air Force [force aérienne indienne] sont arrivés deux jours plus tard à Ambala [Inde], où ils serviront sous les couleurs du Squadron n°17 « Golden Arrows ».

Au cours de leur voyage vers l’Inde, et après une escale à la base aérienne française 104 d’Abu Dhabi, ces cinq Rafale, avec le colonel Harkirat Singh comme leader, ont survolé la frégate INS Kolkata, laquelle leur a souhaité la bienvenue dans l’océan Indien. Puis, ils ont été escortés par deux avions Su-30 MKI peu avant leur arrivée à Ambala.

Hélcoptères d’attaque AH-64E Apache, chasseurs Su-30 MKI, avions de patrouille maritime P8 Poseidon, sous-marins de type Scorpène [classe Kalvari, ndlr]… L’Inde a beaucoup investi dans la modernisation de ses forces armées au cours de ces dernières années, malgré des processus d’approvisionnement souvent très longs.

En outre, puissance nucléaire, ce pays développe sa propre base industrielle et technologique de défense [BITD]. S’il s’est retiré du programme d’avion furtif Soukhoï/HAL FGFA, alors conduit dans le cadre d’une coopération avec la Russie, ce pays est par exemple entré dans le club très fermé des possesseurs de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] avec l’INS Arihant. Et il est aussi actif dans le domaine spatial, étant donné qu’il s’est récemment doté d’une arme antisatellite.

Cela étant, à en juger par les déclarations des responsables indiens, l’arrivée des premiers Rafale [sur 36 commandés] à Ambala annonce une « nouvelle ère ». Tel est, en tout cas, ce qu’a affirmé Rajnath Singh, le ministre de la Défense.

« L’atterrissage des avions de combat Rafale en Inde marque le début d’une nouvelle ère de notre histoire militaire. Ces avions multirôles révolutionneront les capacités de l’Indian Air Force », a en effet déclaré M. Singh.

Ce dernier a également remercié Narendra Modi, le Premier ministre indien, pour sa décision de commander 36 Rafale dans le cadre d’un accord intergouvernemental, en 2015.

À l’époque, l’avion de Dassault Aviation avait déjà été retenu pour le programme MMRCA, qui prévoyait l’acquisition de 126 appareils, dont 108 devaient être assemblés en Inde. Mais les difficultés sur le montage industriel et la complexité du dossier firent perdre beaucoup de temps. D’où la décision de M. Modi; qui a d’ailleurs commenté l’arrivée des Rafale dans un message écrit en sanscrit, se terminant par le mot clé #RafaleInIndia et une vidéo montrant leur aterrissage à Ambala.

Par ailleurs, et alors que le contrat attribué à Dassault Aviation a été la cible de critiques de la part de l’opposition indienne [en particulier au moment des dernières élections législatives], M. Singh a une nouvelle fois souligné que les Rafale n’avaient été « achetés qu’après avoir pleinement satisfait aux exigences opérationnelles de l’IAF. »

« Si quelqu’un doit s’inquiéter ou critiquer cette nouvelle capacité de l’armée de l’air indienne, ce devrait être celui qui veut menacer notre intégrité territoriale », a ajouté le ministre indien, en évoquant, sans les nommer, la Chine et le Pakistan.

« Le Rafale est très performant. Ses armes, ses capteurs, ses capacités de guerre électronique sont parmi les meilleurs au monde. Son arrivée en Inde rendra l’IAF beaucoup plus forte pour dissuader toute menace qui pourrait se poser à notre pays », a insisté M. Singh.

Des officiers de l’IAF, cités par la presse indienne, ont déclaré que le Rafale est « supérieur à l’avion de combat chinois J-20A », ce dernier n’étant « pas à la hauteur des capacités » de l’appareil français, qui ont pu « être observées en Afganistan, en Libye et en Syrie ».

« La Chine affirme que le J-20 est un avion de 5e génération, mais il dispose d’un moteur de 3e génération », a fait remarquer l’un d’eux. « Et si le Rafale est un avion de la génération 4.5, il possède des armes et des capteurs supérieurs ainsi qu’une une architecture entièrement intégrée », a-t-il ajouté.

Pour rappel, dans le cadre de ce contrat, Dassault Aviation a noué un partenariat avec le conglomérat indien Reliance Group afin de satisfaire aux exigences posées par New Delhi en matière de compensations industrielles [offset]. Aussi, alors qu’un nouvel appel d’offres a été lancé par le ministère indien de la Défense pour 110 avions de combat, l’industriel français paraît mieux placé que ses concurrents [Lockheed-Martin, Boeing, Saab, etc] pour s’imposer de nouveau. Et cela vaut aussi pour le projet MRCBF [Multi-­Role Carrier Borne Fighter], qui vise à doter l’Indian Navy de 57 chasseurs embarqués.

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