Hors plan de relance, le budget des armées devrait à nouveau augmenter de 1,7 milliard d’euros en 2021

La baisse d’activité liée aux mesures prises pour contenir l’épidémie de covid-19 a évidemment fait plonger les indicateurs économiques, avec des rentrées fiscales en chute libre et des dépenses publiques en fortes hausse. Dans ce contexte, la question de savoir si les dépenses militaires allaient être affectées s’est rapidement posée.

Certains, comme, l’ex-général David Barno et Nora Bensahel, professeurs au Philip Merrill Center for Strategic Studies, allèrent plus loin en estimant que, avec des ressources possiblement contraintes pendant longtemps, les modèles d’armées actuels ne survivraient pas à cette crise. Et de prophétiser que, en conséquence, les réservistes prendraient plus d’importance [car moins coûteux que des militaires d’active] et que les priorités se concentreraient sur le cyber et l’espace.

En France, en mai dernier, le quotidien La Croix a demandé au chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, si, avec la crise, la France aura toujours les moyens de ses ambitions en matière militaire.

« Quelle que soit l’origine d’une crise, l’une de ses traductions est l’ensauvagement et le repli des États sur eux-mêmes. Le monde est de plus en plus instable et dangereux. Renoncer aux moyens de sa puissance et de sa protection serait de la folie. Depuis 2015, nos responsables politiques ont identifié qu’il fallait reconstruire nos armées. Je n’imagine pas que cela changera, mais il y aura beaucoup de priorités », a répondu le CEMA.

Par ailleurs, plus tôt, lors d’une audition parlementaire, en mai dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, avait donné le ton. « Je ne suis pas du tout en train de me dire ce que je pourrais sacrifier sur le budget du ministère des Armées, c’est tout le contraire! C’est comment faire feu avec la puissance de feu considérable que nous avons déjà », avait elle assuré.

Et, visiblement, le gouvernement n’a pas l’intention de commettre la « folie » évoquée par le général Lecointre dans les colonnes de La Croix. Du moins, c’est ce qui ressort du Débat d’orientation des finances publiques pour 2021 et pour lequel le ministère de l’Économie et des Finances a publié un « tiré à part », le 23 juillet.

Ainsi, selon Bercy, et comme l’on pouvait s’y attendre étant donné que l’origine de la crise actuelle n’est pas financière ou boursière comme les précédentes, si le PIB doit s’effondrer de 11% cette année, il est estimé qu’il progressera de 8% l’an prochain [ce qui est en ligne avec les prévisions de la Banque de France], avec une nette reprise de l’investissement des entreprises [+20%] et de la consommation des ménages [+8%]. Et cela, sans tenir compte des effets attendus du plan de relance de 100 milliards d’euros, dont les détails seront annoncés en septembre.

Quant aux finances publiques, une amélioration est espérée [il est toujours présomptueux d’avoir des certitudes dans ce domaine…], avec un déficit devant passer de -11,4% du PIB fin 2020 à -5,5% fin 2021 [il était de -3% en 2019, ndlr]. La dette devrait s’établir à 117,5% du PIB, contre 121% cette année.

Aussi, le cap fixé par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 ne sera pas remis en cause l’an prochain. Le « tiré à part » prévoit en effet de porter le budget de la mission « Défense » à 39,21 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 1,7 milliard. Et cela, hors plan de relance, dont une partie devrait bénéficier à la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française.

Par rapport à la trajectoire financière de la LPM, on dote une très légère différence de 90 millions d’euros.

« Les armées ont bénéficié d’un renforcement sans précédent de leurs moyens depuis 2017 [+5,2 Md€ en trois ans], ce qui est amené à se poursuivre en 2021 [+1,7 Md€ par rapport à la LFI 2020] conformément à la Loi de programmation militaire », lit on dans le document du ministère de l’Économie et des Finances. « Cette hausse des crédits permettra de financer la poursuite de la
réforme du maintien en condition opérationnelle [MCO], de nouveaux programmes d’armements mais aussi l’investissement en faveur de la défense spatiale, de l’innovation et du renseignement ainsi que la montée en puissance de la cybersécurité », y est-il ajouté.

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