L’armée de l’Air évoque un nouvel avion européen de transport pour remplacer les CN-235 et les C-130

Quand le programme européen d’avion de transport militaire A400M « Atlas » a été lancé, l’objectif était de remplacer, du moins pour la France et l’Allemagne, les Transall C-160, et de concurrencer les constructeurs américains dans ce domaine, dont Lockheed-Martin et son C-130J Hercules.

En 2010, Domingo Urena-Raso, alors directeur d’Airbus Military, avait même dit espérer vendre 500 exemplaires de l’A400M au cours des « 30 prochaines années », en misant sur la nécessité de remplacer les C-130 Hercules d’ancienne génération pour de nombreux forces aériennes. Dix ans plus tard, on est loin du compte. Et les difficultés de l’industriel à mettre point les capacités tactiques de l’appareil, comme le ravitaillement en vol des hélicoptères, ont conduit la France et l’Allemagne à se procurer des C-130J Hercules.

Par ailleurs, et comme l’avait souligné le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [et, désormais, de l’Espace] lors d’une audition parlementaire, si l’A400M peut se poser sur des terrains sommaires, sa taille et son chargement ne lui permettent pas d’offrir la même souplesse d’emploi qu’un Transall C-160.

« Nous n’avons pas toujours besoin de poser l’appareil grâce à la livraison par air qu’offre l’A400M », avait toutefois ajouté le général Lavigne, avant d’évoquer la piste d’un « recours à l’hélicoptère de transport lourd, comme le démontrent les britanniques en Afrique ». Seulement, si cela fait longtemps qu’on en parle, une telle solution n’est toujours pas d’actualité.

Cela étant, depuis maintenant quelques années, certains forums dédiés à l’aviation évoquent la mise au point par Airbus d’un avion de transport militaire qui, plus petit que l’A400M et appelé A200M, pourrait remplacer les C-130H [et concurrencer les C-130J] ainsi que les Casa 235/295.

Or, un tel projet est bel et bien dans les cartons : dans leur rapport sur l’avenir de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] qu’ils viennent de publier, les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot ont estimé qu’il pourrait même faire un très bon candidat à un « plan de relance européen ».

« L’armée de l’Air met en avant un projet de futur cargo tactique médian [FCTM], destiné à remplacer à la fois les C-130 et les Casa, flottes aujourd’hui vieillissantes », avancent en effet les deux parlementaires. Et d’ajouter : « Ce FCTM, qui serait un concurrent direct du C-130J américain, ferait aux yeux de l’armée de l’Air un excellent produit pour un plan de relance européen ».

Ainsi, selon les députés, Airbus est déjà à la tâche étant donné qu’il est en train de concevoir « un appareil se plaçant sur le segment capacitaire du C-130 et reprenant nombre d’éléments de l’A400M, dont les moteurs, ce qui permet d’envisager des économies d’échelle en matière de formation, de logistique et d’emploi. »

L’Espagne serait particulièrement intéressée par un tel projet qui, d’après MM. Griveaux et Thiérot, pourrait bénéficier d’un soutien du Fonds européen de Défense [FEDef]. Seulement, le Conseil de l’UE ayant abouti à un accord sur le Cadre financier pluriannuel [CFP] et le plan de relance européen vient de faire un sort à ce dernier, en réduisant sa dotation de moitié par rapport au montant initialement envisagé.

Qui plus est, d’autres projets européens prétendent également à un financement de la part du FEDef. Et certains peuvent être considérés comme étant prioritaires par rapport à d’autres, à l’image du programme Twister [Timely Warning and Interception with Space-based TheatER surveillance], c’est à dire un système devant être en mesure d’intercepter des missiles balistiques manœuvrant de portée intermédiaire, des missiles de croisières hypersoniques ou haut-supersoniques, des planeurs hypersoniques, des missiles antinavires et des avions de combat de nouvelle génération.

Par ailleurs, s’agissant des coopérations européennes, les deux rapporteurs prennent résolument la défense du programme de drone MALE européen, lequel est actuellement à la peine, faute d’entente sur les coûts et les performances entre les clients [France, Allemagne, Italie, Espagne] et les industriels [Airbus, Dassault Aviation, Leonardo]. Sauf à mettre les bouchées doubles après un éventuel accord, cet appareil ne devrait pas être opérationnel d’ici 2028…

« En première analyse, l’option européenne sera vraisemblablement plus coûteuse. Mais l’expérience actuelle de la commande de trois avions E2D Hawkeye montre que, lorsque les Français sont dépendants des Américains, ceux-ci facturent chèrement toute spécification française », ont fait valoir les deux rapporteurs, soulignant le « risque sérieux qu’un retard européen qui se
creuserait encore, et ce pour la durée d’une génération de drones, ne signe la fin de nos ambitions souveraines dans ce segment capacitaire. »

Photo : CN-235 (c) Armée de l’Air

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