Le Parlement égyptien donne son feu vert à une intervention militaire en Libye

La tension va crescendo en Libye. Ces dernières semaines, et avec l’appui déterminant de la Turquie, les forces loyales au gouvernement d’entente nationale [GNA], établi à Tripoli, ont infligé plusieurs revers à l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar, lequel soutien le gouvernement de Tobrouk, issu du Parlement élu en juin 2014. Au point d’être désormais en position de reprendre la ville de Syrte.

Soucieuse maintenir la stabilité à ses frontières, et donc d’éviter tout infiltration terroriste sur son territoire, l’Égypte a naturellement soutenu le maréchal Haftar quand ce dernier lança l’opération « Dignité » afin de chasser les groupes jihadistes installés dans l’est de la Libye, en 2015.

D’ailleurs, à cette époque, les forces aériennes égyptiennes bombardèrent des positions jihadistes à Derna, en réponse à la décapitation de 21 coptes égyptiens. Ce qui avait valu au Caire des critiques de la part de Doha, qui soutenait alors un « gouvernement révolutionnaire » installé à Tripoli. Ce dernier a depuis cédé la place au GNA.

Quoi qu’il en soit, l’Égypte n’entretient pas les meilleures relations qui soient avec la Turquie, notamment en raison du soutien de cette dernière aux Frères Musulmans ainsi que pour son rôle en Libye. Et la perspective d’une présence militaire turque à ses frontières est perçue comme une menace.

Début juin, des chars Abrams aux couleurs égyptiennes ont été repérés près de la frontière avec la Libye. Puis, quelques jours plus tard, président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a prévenu : toute avancée des forces du GNA et des troupes turques [composées de mercenaires recrutés parmi des groupes rebelles syriens soutenus par Ankara, ndlr] serait une ligne rouge.

« Toute intervention directe de l’Egypte deviendrait légitime au niveau international, que ce soit au regard de la charte de l’ONU sur la légitime défense ou qu’elle se base sur la seule autorité légitime élue par le peuple libyen : le Parlement libyen », a ainsi déclaré M. al-Sissi. « Si le peuple libyen nous demande d’intervenir, c’est un signal envoyé au monde que l’Egypte et la Libye partagent […] des intérêts communs, la sécurité et la stabilité », a-t-il ajouté.

Or, le 13 juillet, le Parlement libyen, réfugié à Tobrouk, a donné son feu vert à une éventuelle intervention militaire égyptienne en Libye. « Nous appelons à des efforts concertés entre les deux pays frères, la Libye et l’Egypte, pour assurer la défaite de l’occupant envahisseur [la Turquie, ndlr] et préserver notre sécurité nationale commune », a-t-il fait savoir, via un communiqué.

Il ne restait alors donc plus qu’une dernière formalité à accomplir : obtenir l’accord du Parlement égyptien. Ce qui vient donc d’être fait. En effet, l’issue d’un vote à huis clos, ce dernier a autorisé « l’envoi de troupes des forces armées égyptiennes dans des missions de combat en dehors des frontières de l’État pour défendre la sécurité nationale égyptienne dans l’axe stratégique occidental » afin d’agir contre « les milices criminelles armées et les éléments terroristes étrangers ». Sans donner plus de détails et sans citer explicitement la Libye et la Turquie.

Par la suite, a précisé l’agence Reuters, la télévision publique a diffusé des bandeaux portant la mention « l’Égypte et la Libye, un peuple, un destin. »

A priori, la question n’est plus de savoir si l’Égypte interviendra en Libye… Mais quand elle le décidera.

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