L’incendie de l’USS Bonhomme Richard compromet les plans de l’US Marine Corps pour la région Indo-Pacifique

Il aura fallu quatre jours aux pompiers et aux marins de San Diego pour venir à bout de l’incendie qui s’était déclaré dans une soute inférieure du navire d’assaut amphibie USS Bonhomme Richard, alors à quai pour des opérations de maintenance et de modernisation.

Quatre jours… et une noria d’hélicoptères pour larguer plus de 1.500 poches d’eau ainsi qu’une flottille de remorqueurs afin de refroidir la coque du bâtiment. Le tout au prix de 63 blessés parmi les pompiers [dont 40 marins et 23 civils], traités pour des « blessures mineures » [coup de chaud, intoxication par les fumées].

Selon un communiqué de l’US Navy, publié le 16 juillet, il s’agit désormais de vérifier chaque espace du navire pour vérifier s’il n’y pas de foyers encore actifs. Ce n’est qu’à l’issue de ce travail que les enquêtes visant à déterminer la cause de cet incendie pourront commencer.

« Nous ne connaissons pas l’origine de l’incendie, ni encore l’étendue des dégâts. Il est trop tôt pour faire des prédictions ou des promesses au sujet de l’avenir du navire. Nous ne pouvons tirer aucune conclusion avant les résultats des enquêtes », a indiqué la marine américaine.

À un moment, la situation de l’USS Bonhomme Richard pouver sembler désepérée, le navire ayant commencé à prendre de la gîte, en raison de la quantité d’eau à bord qui peinait à être évacuée. En tout cas, de la proue à la poupe, les dégâts sont considérables.

Commandant de l’Expeditionary Strike Group 3, le contre-amiral Philip Sobeck, a indiqué que le mât avant s’était effondré sur la superstructure et que la température à l’intérieur du navire avait pu atteindre les 1.000 degrés farenheit [plus de 500°C], soit un niveau à partir duquel l’acier commence à perdre une partie de ses propriétés.

Pour rappel, appartenant à la classe Wasp et mis en service en 1998, l’USS Bonhomme Richard, un navire de 40.000 tonnes de déplacement pour embarquer jusqu’à 20 aéronefs, devait prochainement reprendre la mer après deux ans de travaux visant à lui donner la capacité de mettre en oeuvre des F-35B, des avions de type STOVL [décollage court/atterrissage vertical]. Un contrat de 219 millions de dollars [avec des options pouvant faire grimper la note à 250 millions] avait été notifié à General Dynamics et National Steel and Shipbuilding Co.

Or, à l’heure où la rivalité entre les États-Unis et la Chine prend de l’ampleur, avec des contentieux qui se multiplient [mer de Chine méridionale, statut de Hong Kong, politique commerciale, etc], le Pentagone veut pouvoir déployer en permanence des F-35B dans la région Indo-Pacifique. En outre, l’US Navy et l’US Marine Corps cherchent à approfondir leurs relations opérationnelles, le second défendant par ailleurs le concept de « Lightning Carrier », c’est à dire un porte-avions léger.

Et, avec le retour programmé de l’USS Bonhomme Richard, l’US Navy aurait disposé de six navires d’assaut amphibie capables d’emporter des F-35B sur les 10 qu’elle possède actuellement. Mais l’un d’entre-eux, l’USS Tripoli, le deuxième de la nouvelle classe America, n’est pas encore totalement opérationnel, même si sa mise en service vient d’être prononcée.

L’évaluation des dégâts permettra de déterminer s’il sera pertinent ou pas de réparer l’USS Bonhomme Richard, qui est le deuxième navire américain à avoir subi un incendie depuis 2012, le premier ayant été le sous-marin USS Miami.

D’ailleurs, le chef d’état-major de l’US Navy, l’amiral Mike Gilday, a indiqué à Defense News qu’il entendait vérifier si toutes les recommandations faites à partir des leçons tirées de l’incendie de l’USS Miami sont actuellement bien appliquées.

Photo : US Navy

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