La Royal Navy envisage de déployer le porte-avions HMS Queen Elizabeth en Extrême-Orient

S’il a des difficultés pour envoyer ses avions de combat F-35B [à décollage court et atterrissage vertical, ou STOVL] dans la région Indo-Pacifique en raison d’un manque de navires disponibles, notamment après l’incendie qui vient de ravager le porte-aéronefs USS Bonhomme Richard, l’US Marine Corps [USMC] pourrait trouver une solution avec la marine britannique…

En effet, le 14 juillet, le quotidien The Times a révélé que la Royal Navy est en train de planifier un déploiement du porte-avions HMS Queen Elizabeth en Extrême-Orient, une fois que la capacité opérationnelle initiale [IOC] de ce dernier sera prononcée, c’est à dire d’ici le début de l’année prochaine au plus tard. Selon le journal britannique, il s’agirait de contenir les ambitions chinoises dans la région, en particulier en mer de Chine méridionale, où Pékin pratique la politique du fait accompli malgré les revendications de ses voisins sur cette zone.

Dans le détail, le porte-avions HMS Queen Elizabeth accueillerait deux escadrons de F-35B, dont un founi par l’US Marine Corps. Rien n’a été dit sur la capacité de guet aérien, qui doit normalement être assurée par des hélicoptères Merlin dotés du radar Crowsnest, dont le développement a pris du retard. Quant au groupe aéronaval, il se composerait de deux destroyers de type 45, de deux frégates de type 23 et de deux navires logistiques. Soit 20% des navires de premier rang que compte la Royal Navy [19, dont 6 destroyers de type 45 et 13 frégates de type 23, ndlr].

Aussi, selon The Times, il est question d' »inviter des alliés » à participer à ce groupe aéronaval. Le Japon est cité, de même que les États-Unis, le Canada et l’Australie.

Cela étant, un porte-parole du ministère britannique de la Défense [MoD] a indiqué qu’aucune décision n’avait été encore prise au sujet de ce déploiement. Cependant, il ne serait pas surprenant.

En décembre 2016, l’ambassadeur du Royaume-Uni alors en poste à Washington, Kim Darroch, avait assuré que les deux futurs porte-avions de la Royal Navy [les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales] seraient « régulièrement déployés dans le Pacifique ».

« Nous partageons absolument l’objectif de cette administration américaine et de la suivante visant à protéger la liberté de navigation et de garder les routes maritimes et les voies aériennes ouvertes », avait expliqué le diplomate. Et d’ajouter : « En dépit des préoccupations de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, nous allons essayer de jouer notre rôle dans le Pacifique. »

Alors que les relations entre Londres et Pékin se sont dégradées ces dernières semaines, en raison notamment du sort fait à Hong Kong et du bannissement de Huawei des réseaux 5G britanniques, le quotidien « Global Times, » qui suit la ligne du Parti communiste chinois, a tiré à boulets rouges sur les plans prêtés à la Royal Navy.

« Le Royaume-Uni bluffe. Il devrait connaître ses limites avant d’essayer de défier la Chine, qui n’est plus un pays ayant une faible capacité militaire que l’on peut intimider, comme c’était le cas durant la guerre de l’Opium [au XIXe siècle]. Alors que les porte-avions nucléaires américains de plus de 100.000 tonnes ont traversé à plusieurs reprises la mer de Chine méridionale sans effrayer la Chine, le HMS Queen Elizabeth [et ses 62.000 tonnes] n’aura aucun pouvoir de dissuasion », écrit Zhang Junshe, un chercheur à l’institut naval d’étude et de recherche de l’Armée populaire de libération [APL] dans les colonnes du Global Times.

« Combien de pays prennent au sérieux la puissance militaire du Royaume-Uni en ce moment? La Grande-Bretagne a besoin d’une vision réaliste d’elle-même au lieu de mordre plus qu’elle ne peut mâcher », a insisté le chercheur chinois. « Le Royaume-Uni était autrefois un puissant empire. Il est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais maintenant, il semble qu’il soit devenu l’homme de main des États-Unis. Sa position incohérente sur la Chine montre qu’il n’a plus le comportement d’une grande puissance », a-t-il fait valoir M. Zhang. De quoi piquer au vif l’amirauté britannique!

Photo : Royal Navy

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