Boeing pourrait livrer au moins 144 avions F-15EX à l’US Air Force

Alors à la tête de l’Air Combat Command, en septembre 2015, le général Herbert Carlisle avait expliqué que, dans le cadre d’un engagement majeur, le F35A Lightning II ne pourrait pas opérer sans une couverture assurée par le F-22A Raptor.

« Les engagements aériens directs et visuels seront gérés par des F-22 », avait en effet expliqué le général Carlisle, déplorant par ailleurs le faible nombre de Raptor en service.

Or, depuis, la nouvelle stratégie de défense des États-Unis ayant mis l’accent sur la rivalité avec la Chine et la Russie, la supériorité aérienne dont pouvait jusqu’à présent se prévaloir l’US Air Force n’est désormais plus garantie.

« L’avantage militaire des États-Unis se réduit au pire moment. La réapparition de la concurrence des grandes puissances signifie qu’ils sont confrontés à leur plus grand défi stratégique depuis la fin de la Guerre Froide. Et le reste du monde est aussi complexe et instable que jamais », a récemment fait valoir une étude de deux anciens généraux de l’US Air Force, publiée par le Mitchell Institute.

Pendant un temps, il fut question de relancer les lignes d’assemblage de F-22A Raptor, lesquelles avaient été démantelées par Lockheed-Martin une fois les derniers appareils livrés. Seulement, un tel projet fut finalement considéré comme trop onéreux. D’où la solution proposée par Boeing, reposant sur le F-15EX, une version plus musclée du F-15.

Dans un premier temps, les responsables de l’US Air Force n’ont pas semblé très emballés par le F-15EX… Mais, les marges de manoeuvres étant étroites, ce n’est plus le cas désormais. D’autant plus que cette solution présente deux avantages : elle est abordable [davantage, en tout cas, qu’une relance de la production de F-22] et elle permettra de remplacer assez rapidement les F-15 C/D, qui, actuellement en service, arrivent au bout de leur potentiel.

Selon le budget du Pentagone voté par le Congrés pour l’année fiscale en cours, il était prévu de commander 8 F-15EX auprès de Boeing. Ce qui vient donc d’être fait, dans le cadre d’un premier contrat d’un montant de 1,2 milliard de dollars [frais de développement et soutien technique inclus]. L’annonce en a été faite, le 13 juillet, par l’US Air Force. Deux premiers appareils, en cours d’assemblage, seront livrés l’an prochain, à la base d’Eglin, pour des tests. Les six autres suivront d’ici 2023.

Dans sa demande de crédits au titre de l’année 2021, l’US Air Force a prévu une nouvelle commande 12 F-15EX. À terme, elle compte disposer d’au moins 144 appareils de ce type, pour un investissement de 23 milliards de dollars. D’après Defense News, le contrat comprend des options pour éventuellement porter ce total à 200 avions.

Pour Boeing, cette commande est une éclaircie, tant il a subi de nombreux déboires au cours de ces derniers mois… Et ce n’est pas fini, la crise du transport aérien, causée par la pandémie de Covid-19, se traduisant par des annulations de commandes en série.

Quoi qu’il en soit, le F-15EX peut-être considéré comme un « réservoir » à missiles air-air, sa capacité d’emport [24 AMRAAM et Sidewinder, ndlr] devant être sans commune avec les autres avions de combat. Un autre point fort de cet appareil réside dans son « architecture numérique », et notamment son système de mission ouvert [Open Mission System], conçu de telle sorte à pouvoir intégrer rapidement les dernières évolutions technologiques. Il disposera de nouvelles capacités en matière de guerre électronique ainsi que de logiciels et d’une avionique dernier cri.

« La mise à niveau continue des systèmes et la façon dont ces derniers partagent les données au sein d’une force interarmées sont essentielles pour surmonter les menaces avancées. Le F-15EX est conçu pour évoluer dès le premier jour » et il est en « phase avec notre vision de la guerre en réseau », fait valoir l’US Air Force.

Photo : Boeing

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