Embargo sur les armes/Libye : La Marine nationale engage un avion Falcon 50 dans l’opération Irini

Lancée le 31 mars par l’Union européenne pour faire respecter l’embargo sur les armes décidé par les Nations unies à l’égard de la Libye, l’opération EUNAVFOR Irini a commencé ses premières patrouilles qu’en mai dernier, avec peu de moyens, ces derniers s’étant le plus souvent limités qu’à un seul navire déployé à la fois, ainsi qu’à trois avions de surveillance et de patrouille maritime.

Actuellement, selon le site de l’opération Irini, seule la frégate grecque HS Spetsai est engagée au large des côtes libyennes. Et il y est fait mention de l’engagement de trois avions, dont un P3C Orion de la Marineflieger [aviation navale allemande]. D’ailleurs, ce dernier opère depuis le nord de l’Allemagne, ce qui limite à la fois la réactivité et le temps de passé sur zone.

Pour rappel, l’action de l’opération Irini s’inscrit dans le cadre de résolution 2526 du Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle vise à empêcher tout transfert d’armes vers les forces des parties rivales en Libye, à savoir le gouvernement d’union nationale de Tripoli et celui de Tobrouk, issu du Parlement élu en 2014. La Turquie est impliquée aux côtés du premier, via l’envoi de mercenaires, de conseillers militaires et d’armes quand le second est appuyé, via des moyens analogues, par les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte.

La France a été le premier pays à engager des moyens dans cette opération, avec le déploiement de la frégate Jean Bart. En outre, Irini a bénéficié du soutien ponctuel du porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral et de la frégate Guépratte, ces deux navires, alors sur le point de terminer la mission Jeanne d’Arc 2020, ayant également soutenu l’opération Sea Guardian de l’Otan. La frégate Aconit a également été brièvement été sollicitée avant de mettre le cap vers la Méditerranée orientale.

Ce 15 juillet, l’État-major des armées [EMA] a indiqué que la Marine nationale, via la Flotille 24F, venait d’engager un avion de surveillance maritime Falcon 50 depuis la base de Hyères [Var]. Cet appareil est notamment doté d’un radar Ocean Master 100 [fourni par Thales], d’une tourelle FLIR Chlio et d’un système de transmission Inmarsat C.

« Le Falcon 50 a effectué 3 heures de vol au nord des côtes libyennes. Sur les instructions de l’état-major de l’opération Irini, il a pu observer et rendre compte des mouvements maritimes dans cette vaste zone. Il a également interrogé plusieurs navires sur leur chargement, leur provenance, leur destination et leur équipage, et a pris les photos nécessaires pour en rendre compte de la manière la plus complète », a expliqué l’EMA, qui précise que l’appareil de la 24F a évolué en coordination avec une frégate grecque.

« Après 8 heures de vol et un ravitaillement en Sicile, le Falcon a rejoint Hyères en fin d’après-midi, après avoir transmis à l’état-major d’Irini tout ce qu’il avait pu observer sur place », a conclu l’EMA.

Cela étant, l’opération Irini a des limites… dans la mesure où les armes destinées aux belligérants en Libye arrivent souvent par… voie aérienne et/ou terrestre. Ainsi, l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar, qui soutient le gouvernement de Tobrouk, récemment reçu des avions MiG-29 et Su-24 de la part de la Russie, si l’on en croit les accusations formulées par l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique.

À noter que, ce 15 juillet, ce dernier a d’aillerus une nouvelle fois pointé le rôle de la Russie dans le conflit libyen, en accusant la société militaire privée [SMP] Wagner, proche du Kremlin, d’avoir posé des mines et des engins explosifs improvisés dans la région de Tripoli.

« Des preuves photographiques vérifiées montrent des pièges et des champs de mines placés sans discrimination autour de la périphérie de Tripoli jusqu’à Syrte depuis mi-juin », a affirmé l’US Africom. Le groupe Wagner « affiche ainsi mépris total pour la sûreté et la sécurité des Libyens », a-t-il estimé, dénonçant des « tactiques irresponsables » qui « prolongent le conflit » et sont « responsables de souffrances inutiles et de la mort de civils innocents. » Et d’insister : « La Russie a le pouvoir de les arrêter, mais pas la volonté. »

Photo : Marine nationale

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