La force aérienne vénézuélienne dit avoir abattu un mystérieux avion privé américain

Le Commandement opérationnel stratégique de la Force armée nationale bolivarienne [Comando Estratégico Operacional de la Fuerza Armada Nacional Bolivariana – CEOFANB], a indiqué que la force aérienne vénézélienne a détecté et abattu un « narco-avion » immatriculé aux États-Unis s’étant aventuré dans l’espace aérien du Venezuela. Et d’assurer que cet appareil servait à transporter de la drogue.

Comment les autorités vénézuéliennes savaient que cet avion était impliqué dans un trafic de produits stupéfiants? Mystère… En tout cas, le CEOFANB a expliqué que le « Commandement général des forces aérospatiales vénézuéliennes a détecté un avion avec un numéro d’immatriculation américain dans l’espace aérien du pays dans la nuit du 7 juillet et a procédé à sa neutralisation avec des avions militaires, en vertu de la loi. »

Aucune précision n’a été donnée sur le sort des occupants de l’appareil, un avion d’affaire de type Hawker 800 pouvant transporter entre 8 et 13 passager. Rien n’a été dit non plus sur la zone où il a été abattu.

Via son site Internet, le CEOFANB a publié des photographies des débris du jet en question. Et sur l’une d’elle on peut lire l’immatriculation N339AV. Selon la Federation Aviation Administration [FAA] américaine, cet avion appartient à KMWFlight LLC, une compagnie enregistrée au Delaware et ayant une adresse à Wilmington [a priori partagée avec d’autres entreprises].

Peut-il s’agir d’une « société écran »? Le registre des sociétés du Delaware indique que KMWFlight LLC a été créée le 4 mars 2020. Si elle ne précise pas le nom du fondateur, la fiche donne également un numéro de téléphone… qui est celui d’un cabinet d’avocats installé à la même adresse que l’entreprise en question et dont les spécialistés n’ont rien à voir avec l’aviation.

Selon les données de la FAA, KMWFlight LLC, qui n’a pas de site Internet, exploite au moins un autre appareil, en l’occurrence un avion d’affaires Gulfstream II. Quant au Hawker 800 abattu au Venezuela, il a changé de mains plusieurs fois au cours de ces dernières années. Autre détail curieux : les autorités américaines n’ont pas réagi pour le moment.

Cela étant, qu’un appareil de ce type ait pu être impliqué dans des trafics n’est pas surprenant. Au Mexique, un BAe-125 ayant pris feu après avoir fait un atterrissage d’urgence sur une autoroute, le 5 juillet, transportait en effet de la cocaïne.

Ce n’est pas la première fois que les forces vénézuéliennes disent avoir abattu des avions entrés illégalement au Venezuela pour se livrer à des trafics de drogues. Tel a été le cas, par exemple, en 2013, avec deux appareils « descendus » par un F-16 et un Su-30. Mais ils n’ont pas été les seuls.

Ancien commandant du CEOFANB et désormais ministre de la Défense, le général Padrino Lopez, a récemment été accusé par les États-Unis, avec le président Nicolas Maduro et d’autres responsables militaires vénézuéliens, de « narcoterrorisme, de corruption et de trafic de drogue ».

Selon la plainte de la justice américaine, il est reproché au général Lopez d’avoir ordonné ou autorisé l’armée vénézuélienne à forcer à atterrir, voire à abattre, des avions soupçonnés de se livrer à des trafics de drogue « depuis le Venezuela vers des pays d’Amérique centrale » et d’en avoir laisser passer d’autres après avoir reçu des pots-de-vins de la main des trafiquants.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]