Chammal : Les Rafale français ont de nouveau frappé des refuges utilisés par Daesh en Irak

Dans la nuit du 2 au 3 juillet, des combattants présumés appartenir à l’État islamique [EI ou Daesh] ont lancé un assaut contre des positions tenues par les forces gouvernementales syriennes près de la localité d’al-Soukhna, dans la province de Homs [centre de la Syrie]. Selon un bilan donné par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], les affrontements auraient fait une cinquantaine de tués en 48 heures, dont 31 jihadistes.

Visiblement, le secteur d’al-Soukhna est une cible privilégiée pour Daesh. En mai, le groupe terroriste y avait tendu une embuscade contre un convoi des forces du régime syrien qui devait se rendre à al-Choula, dans le sud de la province de Deir ez-Zor. Au moins 11 soldats syriens et miliciens alliés ont été tués. Un mois plus tôt, une autre attaque lancée par l’EI dans cette zone avait fait 27 morts dans les rangs de ces derniers.

Après avoir été défait à Baghouz [mars 2019] par les Forces démocratiques syriennes [FDS], appuyées par la coalition anti-jihadiste dirigé par les États-Unis, et perdu son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, lors d’un raid des forces spéciales américaines dans la province syrienne d’Idleb, l’État islamique a basculé dans la clandestiné et les actions de guérilla. Et les derniers développements survenus dans la région [offensive turque contre les milices kurdes syriennes, pandémie de Covid-19, etc] ne peuvent que servir ses desseins.

Ddepuis mars 2019, Daesh a surtout concentré ses attaques dans la région de Deir ez-Zor [638 ont été commises en un peu plus d’un an]. « L’incursion militaire de la Turquie dans certaines parties du nord de la Syrie en octobre dernier a […] offert plus d’espace à l’EI pour fonctionner alors que les FDS redéployaient leurs troupes pour protéger leurs communautés situées près de la frontière. Le retrait partiel des États-Unis de Syrie a également eu des répercussions », a avancé Aaron Zelin, du Washington Institute for Near East Policy.

Mais le groupe terroriste trouve des circonstances encore plus favorables en Irak, pays marqué par des troubles politiques et des tensions entre les forces américaines avec les milices chiites soutenues par l’Iran. Au début de cette année, la coalition anti-jihadiste [Inherent Resolve] a été contrainte de suspendre les formations et l’entraînement qu’elle fournissait jusqu’alors aux forces de sécurité irakienne [FSI].

En outre, expliquent Michael Knights et Alex Almeida, du Combating Terrorism Center [CTC] de l’académie militaire de West Point, l’EI « considère probablement l’Irak comme étant un objectif plus important que la Syrie, en raison de sa plus grande économie et de son vivier de recrues potentielles apparemment plus important ». Ce qui se traduit par un nombre d’attaques croissant.

Ainsi, durant le premier trimestre 2020, 566 ont été commises dans le nord irakien. « Les activités du groupe ont retrouvé le niveau qui était le leur en 2012 », soit deux ans avant l’instauration de son « califat » à cheval sur la Syrie et l’Irak.

L’État islamique « a mis en place une infrastructure matérielle pour préparer son insurrection. […] Il utilise des grottes pour stocker des centaines – voire des milliers – de caches contenant des armes, des munitions, des explosifs et d’autres équipements », relève l’étude du CTC.

« C’est plus qu’une resurgence. C’est-à-dire qu’effectivement, après sa défaite territoriale, cette organisation est redevenue clandestine, multiplie les opérations. On sait même qu’elle a retrouvé des capacités financières, qu’elle est capable de se livrer à de l’extorsion », a récemment souligné Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme [CAT].

Ce regain d’activité du groupe terroriste, en particulier dans le nord de l’Irak, fait que les moyens aériens de la force Chammal [nom de la participation française à lnherent Resolve] sont de plus en plus sollicités. En mai, les Rafale déployés sur la base aérienne projetée [BAP] H5 en Jordanie ont effectué deux frappes contre lieux de repli [bed down location] de Daesh, et une autre en juin, dans le cadre de l’opération irakienne « Heroes of Iraq », avec l’appui d’un A400M allemand, ce dernier ayant assuré le ravitaillement en vol des chasseurs-bombardiers français.

Selon le dernier compte-rendu des opérations hebdomadaire de l’État-major des armées [EMA], qui, au passage, a étonnament fait l’impasse sur Barkhane cette semaine, deux nouvelles frappes ont été conduites ces derniers jours.

Ainsi, le 1er juillet, une patrouille de Rafale ayant décollé de la base H5 pour une mission de surveillance dans le nord de l’Irak a été appelée à rescousse par les forces irakiennes, lesquelles venaient de repérer des jihadistes à l’entrée du grotte. Après avoir obtenu le feu vert des autorités irakiennes ainsi que celui de la coalition, les avions français ont largué plusieurs munitions, « détruisant 3 entrées de grotte et neutralisant plusieurs terroristes », indique l’EMA, qui précise que cette mission « aura duré 6 heures et nécessité plusieurs ravitaillements en vol. »

Les derniers raids effectués par les Rafale français avaient été « planifiés », c’est à dire qu’ils avaient été décidés et préparés sur la base de renseignements.

« À la différence des missions de frappes planifiées, quand nous décollons pour ce type de mission de protection, nous ne savons pas si nous serons amenés à délivrer notre armement. Mais ce soir, il fallait intervenir immédiatement au profit de la mission terrestre ce qui démontre l’importance de moyens ‘d’appui’, selon le terme consacré, mais que je préfèrerais qualifier de moyens ‘d’engagement et de frappe immédiats' », explique l’un des pilotes de l’armée de l’Air ayant pris part à cette mission.

Le 7 juillet, ravitaillés en vol par un A400M allemand, deux Rafale ont encore fait parler la poudre en appuyant une nouvelle fois des troupes au sol. Les avions français ont « tiré bombes de précision AASM [armement air-sol modulaire] à guidage GPS pour détruire des abris et des positions défensives de Daesh », rapporte l’EMA, sans plus de précisions.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]