L’Indonésie envisage d’acquérir 8 V-22 Osprey auprès des États-Unis

Parmi les avis que vient de rendre la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations américaines d’équipements militaires, celui relatif à la vente de 8 aéronefs « hybrides » V-22 Osprey est sans doute le plus suprenant, dans la mesure où ce type d’appareil – construit à 400 exemplaires pour les forces américaines – peine à se vendre à l’étranger. En effet, seul le Japon en a commandé 17 unités, les autres clients potentiels jusqu’alors connus, comme Israël, les Émirats arabes unis, la Corée du Sud ou encore l’Inde, n’ayant pas été plus loin que la simple marque d’intérêt.

Dans le détail, l’avis de la DSCA précise l’Indonésie pourrait donc acquérir 8 V-22 Osprey, dans le cadre d’un contrat potentiel estimé à 2 milliards de dollars. Outre la livraison des appareils [dont le coût est d’environ 75 millions de dollars], cette somme couvre la fourniture de 24 moteurs Rolls Royce AE 1107C, de 20 radars AN/AAQ-27, de 20 systèmes anti-collision, de 20 mitrailleuses GAU-1 [et de 20 autres de 7,64 mm], de 20 systèmes de navigation et d’autres capteurs et équipements électroniques. La formation et le soutien technique sont compris dans le prix.

Cela étant, on peut s’interroger sur la raison pour laquelle l’Indonésie entend commander des capteurs et des mitrailleuses par lots de 20 alors qu’elle envisage de se procurer que 8 V-22 Osprey… En mai 2015, la DSCA avait estimé que le montant de la vente de 17 V-22 Osprey allait être d’environ 3 milliards de dollars. Mais l’avis n’avait pas mentionné la même liste d’équipements que celle voulue par Djakarta.

Développé, dans la douleur, par le tandem Boeing/Bell Helicopters, le V-22 Osprey est doté de rotors basculants qui lui permettent de se comporter comme un hélicoptère lors des phases de décollage et d’atterrissage et comme un avion une fois qu’il a pris l’air. En outre, il est en mesure de transporter jusqu’à 32 soldats ou 9 tonnes de fret. Son rayon d’action est d’environ 1.600 km.

Aussi, le choix de doter les forces indonésiennes de ce type d’appareil semble logique dans la mesure où il va doper leurs capacités de transport, sachant qu’elles peuvent être amenées à intervenir sur les 17.000 îles d’un pays devant régulièrement faire face à des catastrophes naturelles. En outre, le V-22 Osprey leur permetra également d’avoir un peu plus de flexibilité et une meilleur réactivité dans la lutte contre les organisations terroristes, comme la Jemaah Islamiyah, proche d’al-Qaïda.

Mais s’il mentionne explicitement le reforcement des capacités de secours en cas de catastrophe naturelle, l’avis de la DSCA souligne aussi que la vente de ces 8 V-22 Osprey permettra aussi d’appuyer les « opérations amphibies » de l’armée indonésienne, tout en favorisant le « partage de la charge et l’interopérabilité » avec les forces américaines.

« Il est vital pour l’intérêt national américain d’aider l’Indonésie à développer et à maintenir une capacité d’autodéfense solide et efficace », soutient la DSCA.

Or, justement, l’Indonésie s’inquiéte des visées chinoises sur les îles Natuna. Ces dernières sont en effet revendiquées par la Chine alors qu’elles sont situées à 3.000 km de ses côtes, en mer de Chine méridionale. Ce qui se traduit par la présence de nombreux bateau de pêche, escortés par des navires de la garde-côtière chinoise. Et cette situation pousse Djakarta à renforcer ses capacités militaires.

Cet achat possible de V-22 Osprey obéit peut-être à la même logique que celui effectué par Tokyo, les forces d’autodéfense japonaise ayant créé une « brigade de déploiement rapide amphibie » devant utiliser ce type d’appareil. L’Indonésie dispose déjà d’une infanterie de marine ainsi que de cinq navires d’assaut amphibie.

Photo : Gérard JOYON — Travail personnel, CC BY 3.0

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