L’Irlande envisage de se doter d’une aviation de combat pour protéger son espace aérien

Pays neutre membre de l’Union européenne, l’Irlande présente la particularité d’être dépourvue d’avions de combat et de radars de surveillance, sa défense aérienne étant assurée par la Royal Air Force [RAF], selon un « pacte secret » conclu avec le Royaume-Uni.

Or, depuis quelques temps, les autorités irlandaises s’inquiètent de plus en plus des vols de bombardiers et d’avions de reconnaissance russes, l’Irlande étant sur leur trajet quand ils s’aventurent dans le golfe de Gascogne, après être passés par le nord de l’Écosse. Ce qui oblige l’Irish Aviation Authority à prévenir les vols commericiaux de la présence de ces appareils, qui volent généralement avec leur transpondeur éteint.

« La Russie continuera de sonder les eaux stratégiquement importantes situées à l’ouest de l’Irlande, avec des vols de longue durée et la présence de sous-marins », a par ailleurs récemment estimé l’amiral américain James Stavridis, commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR] entre 2009 et 2013.

La question de ces vols des forces aérospatiales russes a été abordée lors de la conférence Slándáil 2020 sur la sécurité. L’Irlande est « probablement l’État le plus vulnérable d’Europe » et « se dire neutre n’est pas suffisant car la neutralité impose un fardeau dans la mesure où l’on doit interdire notre espace aérien aux parties qui s’opposent », y fit valoir le général Ralph James, un ancien responsable de l’Irish Air Corps, qui, par le passé, mit en oeuvre de Fouga Magister et des De Havilland Vampire ainsi que des chasseurs Hawker Hurricane.

Seulement, pour se doter d’une défense aérienne, il faudrait que l’Irlande fasse l’achat d’au moins 16 avions de combat et de radars de surveillance, ce qui supposerait des infrastructures ad hoc. En outre, cela exigerait un effort important pour former pilotes, techniciens et contrôleurs aériens. Au regard de la tâche, une telle éventualité paraît peu probable.

Et pourtant, cette idée semble faire son chemin. Le 26 juin, dans le cadre du projet « Ireland 2040 », le ministère irlandais de la Défense a dévoilé sa stratégie d’investissement en matière d’équipements militaires pour la période 2020-24. Et l’acquisition de radars et d’avions de combat figure au chapitre des « futurs programmes au stade de la planification préalable », au même titre, d’ailleurs, que le remplacement de deux patrouilleurs côtiers.

Un porte-parole des forces irlandaises a indiqué auprès du quotidien The Irish Times qu’une « telle capacité » était « en cours d’examen », en prenant en compte « l’évalution des menaces ». Cependant, a-t-il ajouté, « aucun budget n’a été alloué pour le moment. »

Quant au ministère irlandais de la Défense, il a expliqué qu’il s’agir d’une proposition devant être « développée » et « définie ». « L’évaluation tiendrait compte des demandes qui pourraient être faites à l’égard de ces intercepteurs et des capacités militaires qu’ils seraient en mesure de fournir, ainsi que des spécifications techniques requises », a expliqué un porte-parole.

Reste à voir si Dublin aura les moyens financiers d’une telle ambition, sachant que mettre en place une défense aérienne pourrait coûter un milliard d’euros environ, selon les calculs du général James.

Cela étant, n’étant pas membre de l’Otan, l’Irlande pourrait se tourner vers l’Union européenne [UE] pour la surveillance et la protection de son espace aérien, à l’image de ce qui fait pour l’Islande et les pays baltes.

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