Le ministère des Armées accompagne la reprise de Tethys, spécialiste des applications pyrotechniques

La base industrielle et technologique de défense [BITD] ne se résume pas qu’aux grands groupes industriels, dont il est souvent question dès qu’un gros contrat est signé. Ces derniers s’appuient sur une myriade de sous-traitants qui, pour certains, ont su développer une expertise dont il est difficile de s’en passer. Tel est le cas, par exemple, de Groupe Glémot, le spécialiste de l’usinage de précision de pièces aéronautiques qui fournit des composants du Rafale. Ou encore celui de la PME Fichou, dont les composants optiques pour le sécteur aérospatial.

Ces entreprises, parfois anciennes, réalisent des chiffres d’affaires aux montants modestes par rapport à d’autres PME installées sur des marchés plus lucratifs. Mais leur expertise dans des domaines clés intéressant la défense est de nature à susciter l’intérêt d’investisseurs étrangers. Ce qui donne lieu parfois à des polémiques… Qui plus est, la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19 peut en faire des proies faciles.

« Il faudra faire preuve d’imagination pour venir en aide aux petites entreprises essentielles pour notre autonomie stratégique. Au-delà de la commande publique, les fonds de recapitalisation font partie de la panoplie des outils dont nous devrions pouvoir disposer », a ainsi affirmé Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en marge d’une réponse à une question sur le sort des Constructions industrielles de la Méditerranée [CNIM], un groupe essentiel en matière de défense se trouvant actuellement en difficulté.

Parmi les outils pouvant être utilisé, le fonds d’investissement Definvest, géré par Bpifrance pour le compte du ministère des Armées en fait partie. Et d’ailleurs, ce 22 juin, il vient de réaliser sa huitième opération – dont le montant n’a pas été précisé – depuis sa création, en accompagnant la reprise de la PME Tethys, spécialiste des applications pyrotechniques.

Ses fondateurs devant passer la main, cette entreprise a été reprise par Philippe Saussol, avec le soutien de Definvest et une dizaine d’autres investisseurs. Lors de cette opération, Marc Schwindenhammer, est entré au capital de la PME, dont il était jusqu’alors le directeur commercial.

« Cette transmission s’est réalisée via le ‘search fund’ créé par Philippe Saussol auquel participe le fonds Definvest et d’autres investisseurs qui deviennent actionnaires de Tethys aux cotés de ce dernier. Il s’agit de la deuxième opération réalisée en France suivant ce modèle d’acquisition. Elle doit permettre à Tethys de poursuivre sa stratégie de croissance, en continuant son développement sur ses marchés actuels [défense, sécurité et aérospatial] et en accentuant son activité à l’étranger », explique le ministère des Armées. « L’accompagnement actif de ses nouveaux partenaires financiers permettra de donner les moyens à la société d’atteindre ses objectifs et d’accélérer sa dynamique de développement », ajoute-t-il.

Pour la DGA, qui suit Thetys depuis sa création « compte tenu de son rôle clé dans les équipements à base de pyrotechnie utilisés dans de nombreux programmes d’armement », il était « naturel de soutenir cette prise de participation afin de pérenniser la filière et d’assurer la continuité de l’entreprise tout en renforçant sa capacité d’innovation. »

Créée en 2004, Tethys conçoit des systèmes ayant recours aux techniques avancées de la pyrotechnie, de la micromécanique et de l’électronique pour les domaines de la défense [produits embarqué], la médecine, la sûreté nucléaire ou encore la protection incendie. Selon le ministère des Armées, elle a « un vrai potentiel de croissance à l’international où elle réalise aujourd’hui moins de 10% de son chiffre d’affaires. »

Jusqu’à présent, et comme l’expliquait en 2015 Roger Anfosso, qui était alors son Pdg, le marché français était sa priorité, avec certains secteurs stratégiques pour son avenir, comme « l’offshore profond pour sécuriser les têtes de puits et prévenir les marées noires, l’aérospatial, ou la protection des personnes avec des dispositifs individuels de prévention des fractures du col du fémur. »

A priori, et selon le nouveau Pdg de cette entreprise varoise, l’accent sera davantage mis sur la conquête de nouveaux marchés à l’exportation. « Nous allons continuer à développer les savoir-faire hautement qualifiés de Tethys pour nous renforcer sur nos marchés-clés et nous développer à l’international », a en effet assuré M. Saussol.

« Plus qu’une entreprise, c’est un savoir-faire que nous accompagnons aujourd’hui : Tethys est un leader reconnu en pyrotechnie, un domaine indispensable au fonctionnement de nos sous-marins et missiles. Le ministère des Armées est aux côtés de ceux qui composent notre souveraineté nationale, Tethys en fait partie, je félicite tous ses employés et ses dirigeants », a commenté Mme Parly.

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