L’Otan va enquêter sur l’incident ayant opposé une frégate française à des navires turcs en Méditerranée

La ministre des Armées, Florence Parly, avait assuré qu’elle profiterait d’une d’une réunion en vidéoconférence avec ses homologues de l’Otan pour mettre les « points sur les i » afin de dénoncer l’attitude de la marine turque à l’égard de la frégate française « Courbet ». Et visiblement, elle a eu gain de cause.

Le 17 juin, Paris a accusé l’un des trois navires turcs escortant un cargo soupçonné de violer l’embargo sur les armes imposé par les Nations unies à la Libye d’avoir « illuminé » à trois reprises, avec son radar de conduite de tir, la frégate légère furtive Courbet, qui, à la demande du commandement maritime allié de l’Otan [MARCOM] s’apprêtait à mener une opération de contrôle. Et donc de dénoncer un acte « extrêmement agressif » qui ne pouvait pas rester sans réponse.

La Turquie n’a pas réagi officiellement aux accusations françaises. Seul un haut responsable turc a été « envoyé au charbon » pour démentir, sous le sceau de l’anonymat, la version de l’incident donnée par Paris. Mieux : il a retourné l’accusation en affirmant que le Courbet avait effectué une « manœuvre dangereuse à très faible distance ». Qui plus est, et alors que la séquence a duré moins de 50 secondes, il a affirmé que le navire turc n’avait pas cherché à « illuminer » la frégate française avec son radar de conduite de tir… Mais qu’il avait utilisé une caméra intégrée à son radar.

Dans un premier temps, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, n’a pas explicement évoqué cet incident lors de la conférence de presse donnée à l’issue de la première journée de la réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Alliance. Au plus a-t-il admis des « différences », voire des « désaccords » entre Alliés, comme il y en a déjà par le passé.

Mais, ce 18 juin, l’ex-Premier ministre norvégien n’a pas pu faire autrement que d’aborder le sujet… D’autant plus que, au moment de l’incident, la frégate Courbet était en mission pour le compte de l’Otan [ce qui n’était pas le cas des navires turcs].

« L’incident en Méditerranée a été abordé en réunion par plusieurs alliés. Nous avons fait en sorte que les autorités militaires de l’Otan enquêtent sur l’incident afin de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé », a en effet déclaré M. Stoltenberg. « Je pense que c’est la meilleure façon, maintenant, de le faire – de clarifier réellement ce qui s’est passé », a-t-il insisté.

Reste à voir combien de temps prendra cette enquête… Et les conclusions qui en seront tirées. En clair, il ne faudra pas que ce soit une annonce faite pour calmer le jeu…

Par ailleurs, M. Stoltenberg a également insisté sur la nécessité de respecter l’embargo sur les armes des Nations unies. Embargo qui est donc allègrement violé par la Turquie, qui intervient militairemement en Libye, en soutien du gouvernement d’union nationale et en lorgnant sur les réserves de gaz naturel que recèle la Méditerranée orientale, et la zone économique exclusive de la République de Chypre en particulier. Mais elle n’est pas la seule à livrer des armes : ainsi, par exemple, la Russie, qui appui le camp opposé, a récemment été accusée d’avoir envoyé 14 avions de combat à l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar.

« L’Otan soutient la mise en œuvre de la décision de l’ONU d’imposer un embargo sur les armes à la Libye. Nous soutenons les efforts de l’ONU pour trouver une solution au conflit », a ainsi martelé M. Stoltenberg.

Cela étant, qu’il y ait des frictions entre alliés n’est effectivement pas nouveau. Les incidents réguliers entre la Grèce et la Turquie, tous les deux membres de l’Otan depuis 1952, en sont un exemple.

Photo : Marine nationale

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