Libye : La frégate grecque HS Spetsai a tenté, sans succès, de contrôler un cargo affrété par la Turquie

Le 5 juin, et alors que ce n’était pas forcément acquis d’avance, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, à l’unanimité, la résolution 2526, laquelle prolonge, pour un an de plus, l’autorisation d’inspecter tout navire en haute mer en « vue d’assurer le strict respect » de l’embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011.

Cette autorisation avait été donné pour la première fois en 2016, avec la résolution 2292. Puis elle a été renouvelée chaque année, avec les résolutions 2357 [2017], 2420 [2018] et 2473 [2019]. Et c’est donc sur cette dernière que s’appuie le mandat de l’opération navale européenne EUNAVFOR MED « Irini » pour faire respecter l’embargo imposé à la Libye.

Lancée le 31 mars, EUNAVFOR MED « Iriri », placée sous commandement italien, n’a pu commencer ses patrouilles qu’au début du mois de mai, notamment avec la frégate française Jean Bart.

Durant sa brève présence dans cette opération, le navire de la Marine nationale a contrôlé un pétrolier qui, affrété par une compagnie des Émirats arabes unis, devait récupérer une cargaison de pétrole libyen sans l’accord des autorités compétentes, à savoir Libyan National Oil Corporation, relevant du gouvernement d’union nationale [GNA] de Tripoli, dont les troupes [des milices] affrontent l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Khalifa Haftar, laquelle relève du gouvernement de Tobrouk.

Les deux belligérants bénéficient de soutiens extérieurs, qui leur envoient des armes et des combattants. Ainsi, la Turquie appuie le GNA en lui livrant des équipements militaires [drones, blindés, etc], accompagnés de conseillers et de mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles syriens pro-Ankara. Derrière cette aide se cachent d’autres intérêts, comme un accord sur la délimitation des frontières maritimes sur la base duquel le gouvernement turc peut assoir ses revendications sur l’exploitation de gaz naturel dans les eaux territoriales de la République de Chypre.

Quant à l’ANL du maréchal Haftar, elle peut compter sur le soutien des Émirats arabes unis, de l’Égypte, de la Russie, via, la présence en Libye de la société militaire privée [SMP] Wagner, et de la Syrie.

L’objectif principal d’Irini est donc de faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye, la surveillance des exportations illicites de pétroles libyen étant secondaire. Or, pendant quelques temps, et après le départ du « Jean Bart », la mission européenne a été privée de navire… Mais ce n’est plus le cas actuellement étant donné que la frégate grecque HS Spetsai a récemment rejoint la zone des opérations.

Dans la mesure où les relations entre la Grèce et la Turquie sont toujours compliquées, on pouvait s’attendre à des frictions entre la frégate grecque et les éventuels cargos affrétés par Ankara pour acheminer des armes en Libye. Et c’est précisément ce qui est arrivé le 10 juin.

En effet, le Cirkin, un cargo battant pavillon tanzanien, parti du port turc d’Haydarpasa avec peut-être des chars M60A3 à son bord, est entré dans la zone couverte par Irini pour se rendre en Libye. Le quartier général de l’opération européenne a donc ordonné à la frégate grecque de faire décoller son hélicoptère Sikorsky S-70B afin de contrôler le navire en question.

Seulement, selon des détails donnés par CNN Greece, ce dernier était accompagné par une frégate turque, laquelle a fait savoir que le Cirkin était sous sa protection. Dès lors, le commandant de la force Irini, l’amiral italien Ettore Socci, a ordonné au navire grec de faire revenir son hélicoptère.

D’après le quotidien La Repubblica, une seconde frégate turque aurait commencé à se diriger vers le HS Spetsai. Mais les choses ne sont pas allées plus loin.

Selon les sites de suivi du trafic maritime, le cargo Cirkin fait route vers le port libyen de Misrata, situé à 3 heures de route de la ville de Syrte, actuellement cible d’une offensive lancée par les forces du GNA.

Par ailleurs, peu avant l’intervention de la frégate grecque, un avion ravitailleur C-135FR de l’armée de l’Air a été repéré au-dessus de la Méditerranée centrale, via, là encore, les sites de suivi du trafic aérien. Ce qui suppose que des Rafale devaient probablement se trouver dans le secteur. En outre la présence d’un E3CF Sentry de l’Otan a également été constatée dans la même zone.

Photo : via EUNAVFOR MED IRINI

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