L’Inde donne son feu vert à un programme local d’avion de combat embarqué

En décembre 2019, l’amiral Karambir Singh, le chef d’état-major de la marine indien [Indian Navy] avait indiqué que la Defense Research Development Organization [DRDO] venait de soumettre le projet « Twin Engine Deck Based Fighter [TEDBF] », consistant à produire un nouveau chasseur embarqué, dont la conception serait basée sur les travaux réalisés lors du développement du Tejas-N, la version navale du HAL Tejas, un avion de combat dont la mise au point fut laborieuse.

En 2016, il fut rapporté que l’Indian Navy avait renoncé à acquérir des Tejas-N [N pour Naval] à cause du retard accumulé dans son développement, commencé en 2003, et des lacunes techniques, notamment au niveau de sa motorisation, alors jugée insuffisante par rapport à sa masse et à la capacité d’emporter une charge utile conséquente.

Cependant, Hindustan Aeronautics Limited continua de travailler sur le Tejas-N. Et, en janvier, il devint le premier avion de conception indienne à apponter à bord d’un porte-avions [l’INS Vikramaditya, en l’occurrence] et à en décoller. Pour autant, ces essais, aussi prometteurs fussent-ils, ne firent pas changer l’Indian Navy à son sujet. Mais ils seront très certainement utiles pour le Twin Engine Deck Based Fighter [TEDBF].

D’autant plus que, selon NDTV, l’Agence de développement aéronautique [ADA] a donné son feu vert pour à la mise au point de ce futur chasseur léger embarqué, lors d’une réunion présidée par Rajnath Singh, le ministre indien de la Défense, et à laquelle ont assisté les chefs d’état-major de l’Indian Navy et de l’Indian Air Force. La présence du second aurait été motivée par le fait que l’ADA et HAL étudient également une variante de ce TEDBF pour la force aérienne indienne, appelée ORCA [Omni Role Combat Aircraft].

Quoi qu’il en soit, cette réunion a été l’occasion de définir les exigences opérationnelles et techniques de ce chasseur embarqué de conception indienne. Ainsi, s’inscrivant dans le cadre d’une réforme structurelle appelée « Atmanirbhar » dont l’objectif est de permettre à l’Inde d’être autosuffisante dans le domaine de l’armement, ce programme devrait bénéficier d’une enveloppe de « 8.000 core » roupies [dans le système indien, 1 core = 10 millions = 117.189 euros, ce qui fait un montant de 940 millions d’euros environ].

S’agissant des spécifications techniques, et selon la presse indienne, ce TEDBF sera doté de deux réacteurs GE F-414, comme le F/A-18 Super Hornet. D’une masse totale de 24 tonnes, avec une capacité d’emport de 9 tonnes de charges utiles, cet appareil devra voler à la vitesse maximale d’environ Mach 1,6. Ses dimensions seront comparables à celles du MiG-29K, qu’il sera appelé à remplacer.

Côté équipement, le TEDBF sera doté d’un radar à antenne active [AESA], de liaisons de données et de 6 missiles air-air ASTRA, de type BRV [au-delà de la portée visuelle].

Le premier vol de cet appareil est attendu en 2026, avec une mise en service prévue pour le début de la prochaine décennie. Il devra être en mesure d’opérer à bord des portes-avions INS Vikramaditya et INS Vikrant, qui sont en configuration STOBAR [pont d’envol incliné et brins d’arrêt]. Rien n’est dit au sujet de la possibilité de le mettre en oeuvre depuis le futur porte-avions INS Vishal, qui sera en configuration CATOBAR [catapulte et brins d’arrêt].

Pour le moment, on ignore si ce programme aura des conséquences sur l’appel d’offres MRCBF [Multi-­Role Carrier Borne Fighter], qui vise à doter l’Indian Navy de 57 chasseurs embarqués multi-rôles. Le Rafale Marine et le F/A-18 Super Hornet sont les deux favoris de cette compétition.

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