Taïwan a arraisonné un navire chinois dans ses eaux territoriales

En mars dernier, un patrouilleur de la garde-côtière taïwanaise, récemment entré en service, a été endommagé après être entré en collision avec un navire de pêche chinois, au large de l’île de Kinmen. Cet incident a illustré les face-à-face souvent tendus entre les gardes-côtes taïwanais et les chalutiers chinois, dont Pékin se sert régulièrement pour faire valoir ses prétentions territoriales.

Mais ces confrontations en mer ne se limitent pas aux affaires de pêche illégale. En effet, le 4 juin, la garde-côtière tawaïnaise a repéré au moins 20 dragueurs de sable chinois à 46 milles au sud-ouest des îles Penghu [ou Pescadores]. Aussi a-t-elle envoyé deux patrouilleurs – le Kaohsiung [3.000 tonnes] et le Penghu [500 tonnes] – ainsi que deux frégates pour les contrôler.

Finalement, les deux patrouilleurs taïwanais ont réussi à « coincer » un navire chinois – non identifié – jaugeant plus de 7.000 tonnes. Un « canon à eau » a dû être utilisé pour l’arraisonner. Par la suite, 17 gardes-côtes ont pu monter à bord et constater la présence d’environ 400 tonnes de sable collectées illégalement.

Le navire en question a ensuite convoyé jusqu’au port de Singda, à Kaohsiung. Et les dix membres de son équipage ont été interpellés.

Cette action de la garde-côtière taïwanaise traduit l’exaspération de Taipeh au sujet de l’activité de ces navires chinois, lesquels utilisent des dragues suceuses pour aspirer le sable du fond des mers. Mi-avril, au moins 40 bateaux de ce type avaent été chassés des eaux territoriales de l’ex-Formose par les gardes-côtes. Une action restée sans effet puisqu’ils étaient revenus dans la même zone quelques jours plus tard.

Selon Jeng Ming-shiou, cité par la presse locale, les navire chinois récupèreraient jusqu’à 100.000 tonnes de sable par jour. Une telle activité n’est évidemment pas sans conséquence sur la faune et la flore ainsi que sur l’érosion des côtes.

D’où l’approbation, le 4 juin, par le Premier minsitre taïwanais, Su Tseng-chang, d’un livre blanc sur l’océan, lequel insiste sur la nécessité de défendre la souveraneté maritime de l’île, considérée à Pékin comme étant une province rebelle. Ainsi, Taipei souhaite devenir une « nation océanique durable, sûre et prospère », en misant sur les coopérations internationales afin de, explique le quotidien Taipei Times, maintenir la sécurité régionale par l’applicaton des lois de la mer, tout en oeuvrant en faveur de l’écologie marine.

Par ailleurs, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les ressources en sable ne sont pas illimitées… alors que les besoins ne cessent d’augmenter, que ce soit pour la construction [il en faut 30.000 tonnes pour un kilomètre de routes, 200 tonnes pour une maison individuelle] ou encore pour l’électronique. S’agissant de la Chine, et selon TV5 Monde, il est estimé qu’elle a consommé autant de sable au cours de ces dernières quatre années que les États-Unis en un siècle.

Aussi, la Chine a monté une filière spécialisée pour extraire le sable marin. En 2017, elle avait salué la construction du Tianjing, un navire présenté comme « la plus grande drague suceuse à désintégrateur d’Asie », capable de « creuser 4 500 mètres cubes de mélange du fond marin par heure » soit « l’équivalant d’une fosse de 0,5 mètres de profondeur et de la taille de terrain de football standard. »

Le sable ainsi récupéré ne sert pas seulement à le génie civil ou à l’industrie… Il est également utilisé pour la construction des îles artificielles en mer de Chine méridionale, dont Pékin revendique la quasi-totalité. À ce sujet, l’amiral Harry Harris, alors commandant la flotte du Pacifique des États-Unis, avair ironisé, en 2015, en parlant de la « grande muraille de sable ».

Par ailleurs, pendant que Taipei et Pékin se livrent à cette « guerre du sable », le quotidien Global Times, qui suit la ligne du Parti communiste chinois, a évoqué, ce 5 juin, des exercices navals et amphibies conduits actuellement par l’Armée populaire de libération [APL], les qualifiant d' »avertissements » aux « sécessionnistes » de Taïwan.

« Certains de ces exercices ont impliqué des chars amphibies prenant d’assaut les plages et des navires transportant des chars et des véhicules blindés. D’autres peuvent comprendre le deuxième porte-avions chinois, le Shandong, ainsi que d’autres navires de guerre avancés, ou même les essais de nouvelles armes comme le missile balistique lancé par sous-marin JL-3 ou le canon électromagnétique », avance le Global Times.

Ces manoeuvres sont organisées alors que, la semaine passé, le le général Li Zuocheng, chef du département d’état-major interarmées et membre de la commission militaire centrale, a prévenu que Pékin userait de la force pour faire taire les velléités indépendantistes taïwanaises.

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