Dopées par le secteur naval, les exportations françaises d’armement ont atteint 8,3 milliards d’euros en 2019

L’augmentation sensible des dépenses militaires mondiales observée durant ces dernières années exacerbe la concurrence parmi les industriels du secteur de la défense. Et les groupes français semblent bien tirer leur épingle du jeu. Ainsi, en 2019, e montant des prises de commandes concernant des équipements militaires français s’est élevé à 8,33 milliards d’euros [contre 9,1 milliards d’euros en 2018, chiffre alors en progression de 30% par rapport à l’année précédente].

Pour le ministère des Armées, qui vient de publier le rapport sur les exportations qu’il remet tous les ans au Parlement, il s’agit d’un bonne performance de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française, dans la mesure où le résultat obtenu en 2019 est supérieur à « la moyenne des années hors contrant Rafale », qui de 6 à 7 milliards d’euros.

L’année 2019 a confirmé la tendance constatée un an plus tôt, à savoir que le niveau des prises de commandes auprès des pays membres de l’Union européenne [UE] ne cesse de progresser, pour atteindre 42% du total des exportations française [et 45% si l’on y inclut les pays européens hors UE].

Cette tendance a pu s’affirmer gràce, une nouvelle fois, à la Belgique qui, après le contrat CAMO [Capacité Motorisée, avec le choix des blindés Griffon et Jaguar en 2018, ndlr], a sélectionné le tandem constitué par Naval Group et ECA Group pour le renouvellement des capacités en matière de guerre des mines de ses forces navales ainsi que de celles des Pays-Bas. L’Espagne [deux satellites de télécommunications Spainsat NG] et la Hongrie [hélicoptères H225M et H145M ] et la République de Chypre ont contribué à ce résultat.

Au total, le montant des prises de commandes au niveau des pays membres de l’UE a atteint 3,478 milliards d’euros, soit près 1,2 milliard de plus par rapport à 2018.

« Au cœur de la politique d’exportation que je mène depuis 3 ans, il y a un choix résolu et engagé : celui de renforcer nos partenariats européens. […] Trois pays européens – la Belgique, la Hongrie et l’Espagne – figurent parmi nos cinq principaux clients. Ces résultats sont inédits, et ils ne sont pas le fruit du hasard », a fait valoir Florence Parly, la ministre des Armées. On notera aussi que les trois pays cités sont à la fois membres de l’UE et de l’Otan.

« Nous avons fait le choix de l’Europe, nous en mesurons aujourd’hui toute la pertinence : il s’agit de créer des partenariats, de favoriser les coopérations et l’interopérabilité de nos armées avec en ligne de mire, la volonté d’agir ensemble. C’est cela, l’Europe de la défense », a ajouté la ministre. « En 2020, nous poursuivons cette politique d’exportation européenne. Nous œuvrons au quotidien pour créer de nouveaux partenariats mais aussi pour faire émerger de nouveaux instruments qui favoriseront la création d’un véritable marché européen des équipements de défense », a-t-elle aussi assuré.

Par ailleurs, Mme Parly en a également profiter pour souligner la nécessité de développer la base industrielle et technologique de défense européenne afin de faire face à la crise née de l’épidémie de Covid-19. « Nous avons du travail sur ce front, mais nous avons aussi des idées et des ambitions : doter le fonds européen de défense d’un budget conséquent, développer les financements européens pour les acquisitions d’équipements de défense, prôner une plus grande régulation du marché intérieur pour favoriser les projets européens sans dépendances extérieures ou encore lever les freins à l’exportation pour les capacités développées entre pays européens », a-t-elle expliqué.

Le Moyen-Orient a réprésenté un peu plus de 26% des prises de commandes, le montant total de ces dernières étant passé de 4 milliards à 2,2 milliards d’euros environ. Ce résultat est dû pour une large part aux Émirats arabes unis, qui ont commandé deux corvettes Gowind à Naval Group en 2019.

Régulièrement décriées, les prises de commandes de l’Arabie Saoudite ont lourdement chuté pour s’établir à seulement 209 millions [contre 950 millions un an plus tôt]. Cela étant, en 10 ans, la valeur total des contrats d’armement signés avec Riyad a dépassé les 10 milliards d’euros.

En Asie, le niveau des prises de commandes indiennes a diminué de moitié en un an, passant de 409 à 201 millions d’euros. Ce qui est bien loin des 8 milliards de contrats signés en 2016… Mais d’autres échéances sont attendues dans les mois [si ce n’est les années] qui viennent. L’Indonésie et Singapour auront été les deux autres plus gros clients de l’industrie française de l’armement en 2019. L’Australie, qui a retenu Naval Group pour son programme de sous-marins, a fait partie des clients majeurs l’an passé, avec 433.3 millions d’euros de prises de commande.

« La zone Asie-Pacifique enregistre enfin un peu moins de 18% du montant total, part comparable à celle observée en 2017 et 2018 », est-il souligné dans le rapport du ministère des Armées.

En Amérique du Sud, le Brésil [256,5 millions d’euros] est redevenu le premier client de la France dans le domaine de l’armement, grâce à un contrat concernant l’achat de missiles air-air Meteor pour ses avions de combat Gripen E/F.

Les exportations françaises d’équipements militaires ont surtout été tirées vers le haut par le secteur naval, lequel est apparu « en forte hausse » en 2019. « Il a représenté la moitié de nos prises de commandes, alors qu’au cours des dernières années, il se situait à 10% en moyenne. Le contrat de remplacement des chasseurs de mines des marines belge et néerlandaise [programme piloté par la Belgique pour le compte des deux nations] a compté pour plus de 40% dans cet excellent bilan 2019 enregistré par le secteur », fait remarquer le ministère des Armées.

« Le montant des exportations françaises repose pour une large part sur un socle de contrats inférieurs à 200 M€ qui constitue la partie stable et récurrente de la performance des entreprises
françaises à l’exportation. Ce socle d’un montant de 3,7Md€ se situe dans la moyenne enregistrée ces dernières années », lit-on encore dans le rapport.

Photo : Naval Group – ECA Group

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