La Chine « écrasera résolument toute initiative séparatiste » de Taïwan, y compris par la force

Jusqu’à présent, les responsables chinois en étaient restés qu’aux menaces et aux intimidations à l’égard de Taïwan qu’ils considèrent comme une province rebelle qui doit impérativement revenir dans le giron de la République populaire de Chine. Ce qui se traduit par actions visant à isoler diplomatiquement Taipei ainsi que par une pression militaire de plus en plus forte, via notamment des vols de bombardiers ou l’envoi de navires dans les environs de l’île.

Mais, depuis quelques jours, le ton s’est fait encore plus martial que d’habitude, alors que le Parti démocrate progressiste [PDP ou DPP] taïwanais, qui tient résolument à garder les distances avec Pékin, a vu son assise renforcée lors des dernières élections.

Appelé à commenter la hausse de 6,6% du budget de l’Armée populaire de libération [APM], décidée la semaine passée, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, Wu Qian, a expliqué que la Chine faisait « face à des menaces de sécurité accrues », en particulier à cause du PDP taïwanais.

« Les responsables du Parti démocrate progressiste à Taipei s’appuient sur des forces extérieures et vont plus loin sur la voie du séparatisme », a-t-il dit, en faisant implicitement référence aux États-Unis, lesquelles envoient régulièrement des navires naviguer dans le détroit de Formose [opérations dites FONOP pour défendre la liberté de navigation] et apportent un soutien militaire à Taïwan via des ventes d’armes.

D’ailleurs, M. Wu a déclaré qui ces contrats d’armement étaient « extrêmement mauvais et très dangeureux ». Aussi, a-t-il dit, « nous devons faire des calculs économiques tout en considérant les dépenses militaires. » Et de conclure : « Toute tentative du PDP taïwanais d’obtenir l’indépendance par la force finira dans la honte ».

Quelques jours plus tôt, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a tenu des propos ayant marqué un léger glissement sémantique… qui a son importance. Ainsi, contrairement aux fois précédentes, il n’a pas souhaité une « réunification pacifique » avec Taïwan… Seulement une « réunification »…

La République populaire de Chine « s’opposera résolument et découragera toute activité séparatiste visant à l’indépendance de Taïwan » et « nous encouragerons les habitants de l’île à se joindre à nous pour s’opposer à l’indépendance de Taïwan et promouvoir la réunification de la Chine », a en effet déclaré Li Keqiang.

S’exprimant à l’occasion du 15e anniversaire de la loi antisécession dont l’article 8 légitime une opération militaire si Taïwan allait vers davantage d’indépendance à l’égard de la Chine continentale, le général Li Zuocheng, chef du département d’état-major interarmées et membre de la commission militaire centrale, ne s’est pas embarrassé de la moindre précaution oratoire.

« La collusion entre les forces indépendantistes de Taiwan et les forces étrangères constitue une grande et réaliste menace pour le développement pacifique des relations inter-détroit », a lancé le général Li. Et « si la possibilité d’une réunification pacifique échoue, l’Armée populaire de libération prendra, avec l’ensemble du pays – y compris le peuple de Taiwan – toutes les mesures nécessaires pour briser résolument tout complot ou action séparatiste », a-t-il prévenu.

Le propos du général Li Zuocheng a d’autant plus de poids que cet officier est un héros de la guerre contre le Vietnam [de 1979], ce qui en fait l’un des rares responsables de l’APL à avoir été au feu.

« La Chine d’aujourd’hui n’est pas l’ancienne frêle Chine ancienne … Nous ne promettons pas d’abandonner le recours à la force et nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires pour stabiliser et contrôler la situation dans le détroit de Taiwan », a encore insisté le général Li.

Le président du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, Li Zhanshu, s’est aussi inscrit dans la logique « guerrière ». Ainsi, a-t-il averti, les « séparatistes taïwanais seraient sévèrement punis », conformément à la loi anti-sécession de 2005. « Nous avertissons sévèrement les forces indépendantistes et séparatistes de Taiwan, le chemin de l’indépendance de Taiwan mène à une impasse », a-t-il assuré.

À Taipei, on a tout aussi résolument rejeté ces menaces, en les dénonçant comme « contraires au droit international ».

« Le peuple taiwanais ne choisira pas la dictature et ne se soumettra pas à la violence », a réagi le conseil des affaires continentales de Taiwan « Plutôt que de persister avec un modèle ‘un pays, deux systèmes’ rejeté par 23 millions de Taïwanais, Pékin devrait accepter la paix, la parité, la démocratie et le dialogue comme base des relations inter-détroit », a-t-il ajouté.

Ces menaces contre Taipei surviennent alors qu’une rumeur pressante suggère que les forces chinoises ont l’intention de mener d’importants exercices aéronavals et amphibies dans les environs de la province de Hainan, en août prochain. Le scenario serait de simuler la prise des îles Pratas, qui relèvent de Taïwan.

« Un groupe aéronaval traversera les îles Pratas en direction du site de l’exercice, au sud-est de Taïwan, dans la mer des Philippines », a confié une source militaire chinoise au quotidien South Morning China Post.

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