Chypre a repéré 17 jihadistes présumés parmi des migrants clandestins

En 2015, certains spécialistes écartèrent l’hypothèse de voir des jihadistes s’infiltrer parmi les migrants voulant rejoindre l’Europe, en avançant que les organisations terroristes n’avaient pas besoin de recourir à un tel procédé – qui plus est risqué – pour arriver à leur fin. Les attentats de Paris et de Saint-Denis, commis le 13 novembre de cette année-là, démontrèrent tragiquement le contraire.

Quelques mois plus tard, un rapport publié conjointement par Europol et Interpol en avait tiré les conclusions. « Bien qu’un lien systématique entre le trafic de migrants et le terrorisme ne soit pas prouvé, il y a un risque accru de voir les combattants terroristes étrangers utiliser les flux migratoires pour entrer [ou revenir] dans l’Union européenne », y était-il affirmé.

Visiblement, ce risque est toujours présent. Ainsi, le 25 mai, le ministre chypriote de l’Intérieur, Nicos Nouris, a indiqué que 17 individus soupçonnés d’appartenir à l’État islamique [EI ou Daesh] et/ou à al-Qaïda ou d’avoir commis participé à des actes terroristes avaient été identifiés parmi des migrants arrivés clandestinement sur l’île, grâce à la consultation des bases de données d’Interpol et d’Europol.

Le ministre chypriote, dont les propos ont été rapportés par l’AFP, n’a pas précisé la nationalité de ces individus. En raison des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19, ces derniers ont été placés dans un centre de détention situé à Menoyia, près de Larnaca, dans l’attente de leur expulsion, probablement vers leur pays d’origine [M. Nouris n’a pas donné de détail à ce sujet].

« À cause de la crise du coronavirus, nous n’avons pas la capacité de les expulser piur le moment. Mais toutes les procédures pour leur expulsion sont en cours », a dit M. Nouris. Pour le moment, les vols réguliers de passagers à destination de Chypre sont suspendus. Ils devraient reprendre le 9 juin prochain.

Par ailleurs, durant le premier trimestre [et donc avant les restrictions liées à l’épidémie], Chypre a accueilli 3.000 demandeurs d’asile, notamment de nationalité syrienne, ce qui place ce pays au premier rang des membres de l’Union européenne [UE] pour le nombre de demandes d’asile par rapport à sa population.

En 2019, la République de Chypre a accueilli le nombre record de 12.000 demandeurs d’asile, ce qui l’a contraint à demander un soutien accru de la part de l’Union européenne et d’Europol en particulier.

« Nous avons souligné les problèmes qui nous préoccupent: les très grands flux migratoires que nous avons à Chypre, en particulier les flux illégaux provenant principalement de la ligne de démarcation [qui sépare la République turque de Chypre Nord avec la République de Chypre, ndlr]. Et bien sûr, nous avons discuté de l’aide  qu’Europol pourrait nous offrir en termes de contrôle des flux migratoires, mais beaucoup plus en termes de sécurité. La République de Chypre a besoin du plein soutien de l’Union européenne, de tous les acteurs concernés dans le domaine, dont Europol, pour s’attaquer au problème des migrations », avait expliqué M. Nouris dans les colonnes du Cyprus Mail, en février dernier.

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