Un avis de marché russe confirme la vente d’avions de chasse Su-35 Flanker E à l’Égypte

Dans le cadre des accords de Camp David, qui précédèrent le Traité de paix avec Israël, l’Égypte obtint une aide militaire substantielle – plus d’un milliard de dollars par an – de la part des États-Unis. Ces derniers y virent une aubaine : cela permettait en effet d’éloigner Le Caire de l’influence soviétique, de sécuriser l’accès – stratégique – au canal de Suez et de remplir le carnet de commandes des industriels américains de l’armement.

Cependant, cette aide fut remise en cause par l’administration Obama en 2013, suite à la répression dont les partisans de l’ex-président égyptien, Mohamed Morsi, firent l’objet. Plus précisément, elle fut suspendue dans l’attente de « réformes démocratiques » de la part du nouveau pouvoir en place au Caire.

Seulement, au regard de la situation sécuritaire de l’Égypte, avec la menace jihadiste en Libye et dans le Sinaï, le président Abdel Fattah al-Sissi se tourna vers la France [Rafale, frégate multi-missions, BPC] pour moderniser les forces égyptiennes… Ainsi que vers la Russie.

Le souci est que les contrats d’armement conclus entre Le Caire et Moscou ne sont généralement pas confirmés officiellement … Cela étant, en novembre 2019, alors que des bruits sur une possible commande égyptienne de 20 avions de combat russes de type Su-35 Flanker E [pour 2 milliards de dollars, nldr] circulaient depuis quelques temps, un responsable de la diplomatie américaine affirma que Washington avait mis en garde les autorités égyptiennes sur la signature d’un tel contrat et qu’elles s’exposeraient, le cas échéant, à des sanctions.

En effet, la loi intitulée Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act [CAATSA] prévoit des sanctions américaines contre toute entité qui ferait affaire avec l’industrie russe de l’armement.

« Nous sommes transparents avec eux en ce sens que s’ils veulent acquérir une importante plateforme russe, l’Égypte s’exposerait à des sanctions », avait confié ce responsable à des journalistes. En outre, Washington avait également prévenu Le Caire qu’utiliser des équipements militaires russes pourrait compromettre la capacité des forces égyptiennes à opérer conjointement avec leurs homologues américains ainsi qu’avec celles de l’Otan.

Cette mise en garde, confirmée par la suite par le chef du Pentagone, Mark Esper, n’aura visiblement servi à rien puisque le contrat sur les Su-35 a été signé… en mars 2018. Et l’assemblage des appareils destinés à la force aérienne égyptienne a commencé à l’usine JSC Sukhoï, implantée à Komsomolsk sur Amour, dans l’Extrême-Orient russe. C’est, en tout cas, ce que suggère un avis de marché publié sur un site russe dédié aux appels d’offre et repéré par Red Samovar [via Twitter].

Dans une annexe de cet avis, on trouve une référence à la commande égyptienne, libellée ainsi : № CAIRO/N/AF/ROSOBORONEXPORT/2018/10 (P/1781811151143) от 19.03.2018г.

À noter que, en novembre dernier, pour dénoncer les pressions américaines sur Le Caire, le ministère russe des Affaires étrangères avait parlé de ce contrat en usant du conditionnel.

« Nous avons été alertés par des menaces directes de la part de responsables américains d’imposer des sanctions à l’Égypte au motif que le Caire pourrait obtenir les avions de chasse Su-35 », avait en effet affirmé Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe.

Quoi qu’il en soit, l’Égypte sera la second pays, après la Chine, à mettre en oeuvre des Su-35 Flanker E. L’Indonésie en a également commandé 11 exemplaires… Mais le contrat connaît actuellement quelques difficultés.

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