Le bombardier russe Tu-22 M3M aurait testé un nouveau missile hypersonique antinavire

Alors que, au tournant des années 2000, son avenir n’était pas assuré, le bombardier Tu-22 M3 verra sa carrière opérationnelle prolongée. En effet, en 2012, le ministère russe de la Défense annonça son intention de moderniser 30 exemplaires de cet appareil. Le chantier a consisté à remplacer l’avionique par des systèmes numériques et à améliorer ses capacités de guerre électronique et de ciblage.

En outre, désormais appelé Tu-22 M3M, ce bombardier modernisé a gagné en autonomie étant donné qu’il a « récupéré » la perche de ravitaillement en vol dont il disposait jusqu’en 1979. Ce point a d’ailleurs a été soulevé par les États-Unis, dans la mesure où doter à nouveau cet appareil d’une telle capacité contreviendrait aux engagements pris par Moscou dans le cadre des traités de désarmement comme le New START.

La Russie « compte moderniser les Tu-22M3 qui seront baptisés Tu-22M3M. Cette amélioration est censée prolonger la durée de vie de ces avions et optimiser leurs systèmes de vol, de navigation et de contrôle des armements. Mais le rayon d’action du bombardier restera inférieur à 8.000 km et il ne sera pas doté de missiles nucléaires de croisière d’une portée supérieure à 600 km », fit valoir le ministère russe des Affaires étrangères.

Cela étant, durant la guerre froide, le Tu-22 représentait surtout une menace potentielle pour les porte-avions américains, à cause notamment du missile Kh-22 [code OTAN : AS-4 Kitchen].

D’une masse de près de 6 tonnes, cet engin pouvant être utilisé comme missile anti-navire, vole à la vitesse de Mach 4,6 et affiche une portée de 600 km. Or, le Tu-22 M3M sera en mesure d’emporter le Kh-32 [ou X-32], c’est à dire une évolution encore plus performante du Kh-22.

D’après la description qui en a été faite par les médias russes, ce missile peut atteindre 40 km d’altitude avant de plonger vers sa cible selon un angle très prononcé, à une vitesse de l’ordre de Mach 5. Il serait muni d’un système de navigation inertielle et sa portée dépasserait les 1.000 km. « Il a été conçu en premier lieu pour pour faire face aux navires ennemis. Il offre une capacité importante de frappe contre les porte-avions, par exemple. Il peut aussi être engagé contre des cibles stratégiques », explique l’expert russe Dmitri Kornev.

Mais, a priori, le Tu-22 M3M pourra aussi emporter un missile… hypersonique. C’est en effet ce qu’a confié une source de l’industrie russe de l’armement à l’agence TASS, ce 11 mai.

« Récemment, un nouveau missile hypersonique a été testé sur le Tu-22M3. Le missile fera partie de la gamme d’armement » de ce bombardier, a en effet assuré cette source, selon laquelle la mise au point de cette nouvelle arme a commencé il y a « plusieurs années ». Et d’insister sur le fait que ce nouveau missile n’appartient pas à la lignée des Kz-32 car il est « complétement différent ».

Ce responsable n’a pas souhaité préciser les caractéristiques de ce nouveau missile hypersonique… et le constructeur du Tu-22, PJSC Tupolev, s’est refusé à faire le moindre commentaire, malgré les sollicitations de TASS.

A priori, et comme les déclarations de ce responsable russe confirment une information avancée en janvier dernier par le magazine DSI, le missile hypersonique en question pourrait être une version du Kh-47M2 Kinzhal, actuellement mis en oeuvre par le MiG-31K « Foxhound » [voire, bientôt, par les Su-57 « Felon »].

« Le missile hypersonique Kinzhal est basé sur un des des missiles équipant le système Iskander et a pour mission d’assurer l’attaque sur les navires de gros tonnage. Bien qu’il soit en phase de tests [et intégré sur des MiG-31 modifiés, il se confirme qu’il sera également présent à bord du Tu-22 M3M. En revanche, en raison de ses dimensions et de sa masse, il ne pourra être emporté que sous voilure », avait en effet expliqué Benjamin Gravisse [qui est aussi l’auteur du site Red Samovar].

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