L’A400M « Atlas » a effectué ses premières missions en Polynésie… et ouvert une polémique

Pendant un mois, dans le cadre de l’opération Résilience, les Forces armées en Polynésie française [FAPF] ont à leur disposition un avion A400M « Atlas », venu renforcer leurs moyens en matière de transport aérien, lesquels reposent sur deux appareils de type Casa CN-235.

Selon l’État-major des armées [EMA], l’envoi de cet A400M en Polynésie française vise à « accroître » les « capacités d’appui et de soutien » des FAPF aux « services de l’État pour faire face à la crise du Covid-19 » et ainsi « diminuer l’isolement liés aux mesures de confinement ».

En effet, pouvant se poser sur des pistes relativement courtes, l’A400M « Atlas » a la capacité d’emporter 35 tonnes de fret sur de longues distances. « Il est ainsi en mesure de relier la majeure partie des îles de Polynésie française, mais également l’Australie,la Nouvelle-Zélande ou la Nouvelle-Calédonie si nécessaire », avait souligné l’EMA.

Après un vol de près de 24 heures effectué en trois escales [deux au Canada, une à Hawaï], l’A400M de l’Escadron de Transport [ET] 1/61 Touraine est donc arrivé à Papeete le 25 avril. Et il a assura sa première mission quatre jours plus tard.

Ainsi, le 29 avril, cet A400M s’est envolé vers les archipels des Tuamotu et des Marquises pour acheminer du fret tout en effectuant des reconnaissances de pistes, notamment à Hiva Oa et à Nuku Hiva. Cette première mission, qui a duré 8 heures, a notamment permis de livrer deux groupes électrogènes de la société Edt-Engie.

Le lendemain, et à la demande des maires de Tubai, de Raivavae et de Rimatara, localités situés dans l’archipel des Australes, l’Atlas a tranporté 15 tonnes de fret alimentaire, de colis postaux et de matériel.

« Ces missions conduites par les Forces armées en Polynésie française, suite à une réquisition du Haut-commissariat, sont le résultat d’une coopération très étroite entre de nombreux acteurs. En effet, les besoins des Tavana [maires] ont été recensés par l’Etat et Pays qui les ont analysé et priorisé selon le degré d’urgence. Ces informations ont ensuite été transmises aux FAPF afin de planifier ces missions logistiques dans les meilleures conditions possibles et dans le respect strict des règles sanitaires », a expliqué l’EMA.

Et d’ajouter : « Ces missions, et les prochaines conduites par les Forces armées en Polynésie française, ne viennent pas se substituer aux liaisons déjà existantes mais permettent de répondre aux besoins urgents dont doivent faire face les communes. »

Or, cette précision vise à répondre aux inquiétudes exprimées par les armateurs locaux, dont les bateaux assurent, en temps normal, le transport de marchandises entre les atolls polynésiens. Et, actuellement, ils sont confrontés à baisse drastique de leur activité, certains ayant vu fondre leur chiffre d’affaires de 40 à 70% en mars.

« Déjà que l’on n’a pas beaucoup de fret en ce moment, si l’avion militaire se met à en faire ça nous pose problème », a ainsi résumé l’un d’eux, dans les colonnes de Tahiti Infos. Aussi, ont-ils demandé des explications aux autorités locales.

Une réunion a donc été organisée le 4 mai par le directeur du cabinet du haut-commissaire en Polynésie française, afin de rassurer les armateurs. Ce qui a donné lieu à une « discussion franche ».

« Leur démarche est légitime. Ils sont très impactés par la crise. C’est normal qu’ils demandent des explications et qu’on leur en donne. Je rappelle que l’A400M est là pour appuyer la solidarité nationale. Il ne sera utilisé durant ces quatre semaines de présence sur le territoire que dans une logique de service public et d’aide aux populations », a commenté Christophe Deschamps, le directeur du cabinet du haut-commissaire.

Ainsi, ce dernier a dû justifier la mission assurée par l’A400M à Tubuai, le 30 avril dernier. « Cette livraison fait suite à une demande écrite du maire […] avec une urgence avérée en l’absence de rotation prévue par le Tuhaa Pae avant plusieurs jours », a-t-il expliqué, notant que le principal magasin d’alimentation de l’île avait été détruit par un incendie, en mars.

Aucun nouveau transport de fret par A400M n’est prévu pour le moment. « Les armateurs seront prévenus le cas échéant », a assuré M. Deschamps.

Photo : armée de l’Air

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